3 / EDEN

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  La lumière du soleil à travers les rideaux me réveille brusquement. Je me relève et regarde autour de moi. Ma tête me fait atrocement mal. Je suis dans ma chambre et ne sais pas comment j'ai fait pour atterrir ici, mais je suis arrivé en un morceau. Quelque chose me touche la jambe, en me retournant j'aperçois une belle demoiselle seulement de dos, allongée sur le ventre, les mains sous l'oreiller. Ses longs cheveux blonds sont emmêlés dans tous les sens. Ce n'est pas Shana. Mais qu'est ce qui s'est passé ? Je me lève en enjambant la fille pour aller chercher une doliprane. Elle grogne, la tête enfoncée dans l'oreiller.
  En rentrant dans le salon mes yeux s'écarquillent devant ce tableau bordélique. Des habits sont éparpillés partout sur le sol, et même sur les meubles. Sa culotte est accrochée sur la télé. J'ouvre le tiroir d'une commode et en sors un cachet. J'en prends un deuxième au cas où, pour cette belle inconnue qui se trouve dans mon pieux.
  Au moment où je passe l'embrasure de la chambre, elle s'assied sur le bord du lit, la tête entre ses mains. Je m'avance vers elle pour lui donner le médicament, mais à l'instant où elle retire les mains de son visage, je pousse un petit cri strident digne d'une fillette de six ans. Putain mais qu'est ce qui m'a pris ?!

- Comment t'es arrivée là, toi ?

  Elle lève difficilement la tête pour me regarder, un œil encore fermé et l'autre ébloui par le soleil.

- Bah tu m'as amené ici du con.

  Je m'attrape les cheveux et tire dessus en essayant de me repasser le cours de la soirée. Ce n'est pas possible. Rien ne me revient. Je tente le tout pour le tout.

- On a couché ensemble ?

  La réponse me paraît évidente en me souvenant de la culotte sur la télé. Je me cache le visage avec les mains.

- Je suis mort, putain !

  Cette fille assise à côté de moi est la sœur de Ben. Je lui avais promis de ne jamais toucher à sa sœur dès la première fois où je l'ai vue. Elle est tellement belle, mais elle a par-dessus tout une poitrine incroyable.
  La première fois qu'on s'est croisé j'étais, comme à mon habitude, affalé dans le canapé de son frère. Elle rentrait du sport, elle était donc habillée en conséquence. Son leggins lui moulait l'entre jambe et sa brassière remontait ses énormes seins. Je suis resté bloqué sur elle pendant un moment, jusqu'à ce que je me prenne un coup dans les couilles de la part de Ben. Il m'avait juré que si je touchais à sa sœur il m'arrachait la bite. Non pas que sa menace me fasse peur, mais on ne touche pas aux sœurs des potes, comme on ne touche pas aux ex. C'est une règle d'or. En l'occurrence, je crois que cette nuit j'ai bien niqué cette règle.

- Si ça ne te dérange pas, j'aimerais que tu n'en parles pas à Ben.

  Je suis tellement stressé que j'en triturant mes doigts comme un enfant pris la main dans l'sac.

- T'inquiète, j'ai pas envie de me prendre une soufflante. On était bourrés, et pour tout te dire c'était pas la meilleure expérience de toute ma vie.

  Elle éclate de rire, je lui jette un coussin sur la tronche pour me venger.

- Tu mens super mal.

  J'enfile un pantalon qui m'a l'air plus ou moins propre, et un tee-shirt qui est dans un état similaire, hormis un petit trou de cigarette au niveau de l'épaule. J'essaie tant bien que mal de me remémorer la soirée d'hier, mais rien ne vient. Mon téléphone indique qu'il est midi. Je ne sais pas si je vais trouver un magasin d'ouvert, histoire d'acheter quelque chose à bouffer. Nous sommes le premier janvier et la plupart des boutiques sont fermées. Mais vivre à Paris a ses avantages. J'opte donc pour l'option « Uber eats ». Un mcdo fera l'affaire.
  Au moment de valider la commande, le numéro de Ben s'affiche. Cela ne fait que dix minutes que Lola est partie de chez moi, elle ne peut donc pas lui avoir tout balancé. La panique s'installe quand même. J'hésite à décrocher. Assume tes responsabilités, merde.

SOMETIMES (you bet)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant