SOMETIMES (you bet)

26 / HEATHER

  Cela fait une semaine et demie que mes journées se traduisent par me lever à midi, me doucher quand je commence à vraiment sentir mauvais, manger des cochonneries devant des films et des séries. Je me suis carrément binge watcher la série Dark en une semaine. Je n'ai aucunes nouvelles de Sam ni d'Eden, je suis définitivement seule. Il faut que je me motive à aller chercher les affaires que j'ai laissées chez elle. The walk of shame after a break.

  Je sonne à l'interphone Leprince, elle n'a toujours pas enlevé mon nom sur la boîte aux lettres. Je monte les escaliers d'un pas très lent. Je dois lui montrer que je suis passée à autre chose, que plus rien ne m'atteint, que je suis une toute autre personne, que je mérite mieux qu'elle, et surtout que je suis heureuse.
  Je me suis douchée, maquillée, et j'ai même mis une robe qui me met en valeur, de quoi la faire regretter de m'avoir trahi.
  Elle m'attend sur le pas de la porte et me reluque de la tête aux pieds. Je lui lance un simple bonjour et pénètre dans son appartement. L'ayant prévenu de mon passage, mes affaires sont rassemblées dans l'entrée.

- Tu as l'air d'aller bien.

- Toi aussi, mentis-je.

  Vu sa dégaine, elle ne va pas bien du tout, elle est encore en peignoir à trois heures de l'après-midi, ses cernes lui tombent sur les joues et ses yeux sont encore plus petits que d'habitude.
J'attrape le sac de vêtements et m'apprête à sortir.

- On peut discuter cinq minutes ? Juste cinq minutes.

  J'acquiesce et attends qu'elle démarre la conversation. Elle se traîne jusqu'au salon, sa démarche est mal assurée.

- Je peux m'excuser infiniment, je sais que tu ne me pardonneras pas. Et je n'attends plus ton pardon. Je veux seulement que tu écoutes ce que j'ai à te dire.

- Je suis là, profites en, sifflé-je sèchement.

- Ce que j'ai fait est impardonnable. J'en suis bien consciente. Je n'ai couché avec Lola qu'une seule fois. Ce soir-là. J'étais bourrée et défoncée, je sais que je t'avais promi de ne plus jamais toucher à cette merde, mais j'ai craqué. Quand nous sommes descendus acheter à boire...

  Je n'ai pas envie de savoir la suite, c'est insupportable, je ne veux pas les imaginer ensemble, je me suis déjà passée cette scène des centaines de fois.

- ... Lola était très avenante, comme depuis un moment d'ailleurs. Je ne savais pas ce que je faisais, nous nous sommes embrassées, puis finalement la pulsion a pris le dessus et nous sommes remontées. La suite, tu la connais.

- Oui, merci.

- Mais je me sens sale Heather, je regrette tellement, tu es la seule qui compte à mes yeux, je ne suis plus rien sans toi, je ne mange plus, je ne vois plus personne, je me suis même en train de me sevrer. J'ai besoin de toi. J'ai besoin de te sentir, de t'aimer.

  Elle s'approche de moi et pose sa main sur ma joue, des larmes coulent sur son visage et sur le mien. Je suis perdue, je ne sais pas quoi faire. Elle m'aime vraiment, je le sais.
  Je lui dépose un léger baiser sur les lèvres, la regarde dans les yeux et l'embrasse plus fougueusement. Je vais sûrement regretter ce que je suis en train de faire, mais j'en ai besoin. J'ai l'impression de recoller les morceaux qui se sont brisés il y a quelques jours.
  Nous tombons à la renverse sur le canapé et me retrouve à califourchon sur elle. Ses mains se baladent sur tout mon corps. Je marque une pause pour l'observer, mais ce n'est plus Sam qui est face à moi, le visage d'Eden apparaît, mon cœur se met à battre la chamade, ma vision se trouble et mes mains se mettent à trembler.

- Ça ne va pas ? s'inquiète Sam.

- Non. Ce n'est pas possible Sam, je suis désolée. Ça ne peut plus marcher.

  Je me relève difficilement, je ne tiens presque plus sur mes jambes. J'attrape mes affaires et sors de l'appartement. Mon coeur ne ralentit pas, mes jambes flageolent, descendre les marches est une épreuve. Il faut que je me tire d'ici et très vite. Tout part dans tous les sens, ma vie est un désastre et me voilà à penser et voir Eden au moment où tout peut s'arranger pour de bon.