49 / HEATHER

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  Nous longeons les rues de Hampstead, cette ville m'avait affreusement manqué. Je me souviens avoir passé des heures dans ces cafés, ces boutiques, avoir observé les passants en imaginant leurs vies.
À l'angle de l'école de ballet, où j'y ai passé quelques années dans l'espoir de devenir une danseuse étoile, ma mère se stoppe et se fige comme si elle avait vu un fantôme. Je suis son regard et aperçoit un vieil homme avachi sur le sol, c'est un SDF, ses habits sont sales et troués, plusieurs bouteilles d'alcool sont cassées à côté de lui. Les gens ne le regardent même pas, c'est limite s'ils ne l'enjambent pas.
Elle s'avance vers lui tout doucement et lui tend sa main pour le saluer. J'observe la scène, mais je ne suis pas rassurée, le comportement de ma mère est très étrange. Et puis comment elle le connaît ?

- Bonjour Phil.

  Les yeux de ce Phil s'illuminent en voyant ma mère. Un large sourire s'étend sur son visage et laisse apparaître des dents noircit. Un frisson se répand dans mon dos. Je ne suis vraiment pas à l'aise. Ils s'échangent deux trois mots, puis nous repartons.

- C'est un homme qui était avec moi au centre de désintoxication, mais il faut croire qu'il n'a pas réussi à s'en sortir... dit-elle pensive.

- Alors que toi si.

  Je passe ma main dans son dos pour lui montrer mon soutien, mais elle ne réagit pas. Pendant tout le reste de notre promenade, ma mère à l'air lointaine. Depuis qu'elle a croisé Phil, son comportement a changé. Elle doit être profondément touchée et sûrement déçue qu'il soit tombé aussi bas.

  J'ouvre la porte de ma chambre. Rien n'a changé, tout est à sa place. Des posters de Bowie, de Queen et d'un tas d'autres sont encore accrochés aux murs. Je m'allonge sur mon lit et reçois un texto de Louis.

SALUT BELLE GOSSE, J'ESPÈRE QUE TU ES BIEN ARRIVÉE. TON PÈRE PÈTE UN PEU UN CÂBLE AU RESTO PARCE QUE TU N'ES PAS LÀ, C'EST PLUTÔT DRÔLE. EN TOUT CAS PROFITE DE TON WEEK END PARCE QU'ICI C'EST LE DÉBUT DES VACANCES, ON COMMENCE À SE FAIRE DÉFONCER PAR LES CLIENTS. JE T'EMBRASSE À LUNDI.

  Son message m'arrache un sourire, mon père est toujours stressé quand il sait que je ne suis pas dans le coin. Je suis contente que Louis ait pensé à moi, ce n'est pas le cas d'Eden. Je me mets une claque pour avoir osé penser à lui.
Une fois mon pyjama enfilé, je me glisse sous la couette. La chambre est fraîche, évidemment ma mère ne doit pas chauffer cette pièce en règle générale. Mon corps tout entier tremble de froid, je m'enroule et tente de dormir.

SOMETIMES (you bet)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant