Partie trente cinq

2K 195 58
                                    

Katsuki n'a jamais pris plaisir à se mêler à la foule des grandes villes, l'effervescence des rues lui donne facilement mal à la tête et il déteste se faire bousculer par les acheteurs compulsifs qui courent d'une boutique à une autre sans lever les yeux de leurs téléphones. 
Aujourd'hui plus que n'importe quand, le fond sonore désagréable lui colle la nausée quand il sort de sa Golf qu'il a eu du mal à garer dans l'avenue bondée. 

Sans trop s'attarder à se demander ce que font tout ces cons en ville un lundi après midi plutôt que d'aller bosser, il verrouille sa voiture et pivote sur lui-même pour voir le grand tribunal apparaitre dans son champs de vision. 
Il sait qu'Izuku est quelque part là-dedans, en train de jouer sa vie sous les accusations de celle qu'il a pris l'habitude d'appeler "l'autre timbrée". 
Ce n'est pas lui qui se trouve dans la salle d'audience, pourtant il se sent aussi nerveux que si c'était le cas, sa poitrine contractée lui fait mal, sa main tremble sur son paquet de cigarette qu'il sort de sa poche sans s'arrêter de marcher et, plus il s'approche du bâtiment, plus son cœur résonne à ses oreilles. 

Il ne sait pas quand Izuku sortira de là ni combien de temps il devra attendre entre deux piliers, mais il ne peut pas prendre le risque de le laisser filer, il a besoin de le voir, même juste une seconde, le temps d'un soupir, d'un mot, d'un caresse discrète pour lui rappeler qu'il est toujours là, lui non plus ne va pas se laisser marcher dessus. 
Il s'arrête quand il arrive à moins de cinq mètres de l'entrée principale et appuie son dos contre la pierre d'un colonne. 
Il n'a aucune idée de ce qu'il se passe à l'intérieur et, vu d'ici, le bâtiment semble incroyablement calme, comme si rien ne s'y passait. 

Pourtant, c'est bien leur relation qui est en train d'être jugée là-dedans, Ochaco est quelque part entre ces murs, il ne l'a jamais vu mais rien que de la savoir si proche lui donne envie d'aller la chercher dans la salle d'audience pour lui casser le nez. 
Il aurait voulu pouvoir parler à Izuku avant le début de la séance, lui dire tout et rien, pas grand chose, mais lui dire quelque chose, embrasser son front, ses mains, ses tempes et, finalement, être juste là. 

Il grimace quand il s'aperçoit qu'il vient de fumer le filtre de sa cigarette, pris dans ses pensées, et se décolle de la colonne pour tourner sur lui-même à la recherche d'un cendrier, qu'il repère à quelque pas de là. 
S'avançant vers le large pot en pierre rempli de mégots plantés dans le sable, il lève les yeux devant lui pour remarquer la présence d'une femme qu'il n'avait pas vu jusque là. 
Il fronce les sourcils en la détaillant, de profil, et remarque assez rapidement les reflets verts de ses cheveux à moitié coincés dans un demi chignon à l'arrière de son crâne. 

C'est une couleur qu'on ne croise pas souvent, et il ne connaît qu'une seule autre personne portant cette particularité.
Il redresse son dos et fait un pas sur sa gauche pour se cacher un peu derrière le piler et la suivre du regard, il ne peut pas être certain du lien de parenté qu'elle a avec Izuku et il hésite un long moment à l'aborder.

Pourtant, il reconnaît dans sa gestuelle certaines mimiques d'Izuku, sa posture aussi lui ressemble et sa manière de coincer son ongle entre ses dents quand elle parait réfléchir.
Il n'arrive pas à voir ses yeux d'où il est, mais s'il peut confirmer que ses iris sont verts, il aura l'ultime preuve dont il a besoin pour trouver le courage de lui parler.

Cependant, elle reste de profil, dissimulant son regard, et il finit par abandonner l'idée d'aller la voir.
De toute manière, même s'il s'agissait effectivement de la mère d'Izuku, ils ne se connaissent pas, il ne peut pas aller lui parler comme ça pour faire tranquillement connaissance à l'occasion d'un procès.

Alors il sort de sa petite cachette pour tourner en rond sur les pavés, slalomant nerveusement entre les colonnes en attendant anxieusement que le temps daigne passer.
Dans un espoir vain, il ouvre le fil de ses réseaux sociaux, sans y trouver de quoi faire taire le grondement inquiet de sa poitrine et, de publications inutiles en citations vues et revues, il fait défiler l'écran sans vraiment le regarder.

Être nous [ KATSUDEKU ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant