Partie vingt-sept

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Il fallait se douter qu'après une soirée pareille, le réveil serait difficile.
Après l'incandescence de cette seconde première fois, quand son rythme cardiaque est redescendu et que le plafond a cessé de tourner au dessus de son visage aux allures d'ivresse, quand bien même il demeurait drogué à ses propres hormones, Izuku a doucement reposé un pied sur terre en redressant son corps entre les draps.
Il ne saurait pas dire quoi exactement, mais il lui semblait déjà que quelque chose venait de changer quelque part à l'intérieur de lui.

Pas qu'il se sente physiquement différent, c'était comme une sensation nouvelle juste en dessous de son estomac, quelque chose qui a toujours été là mais qui ne se réveille que lorsqu'on le lui permet.
Une force étrange, sur la quelle on ne peut pas mettre de mot, elle ne se verbalise pas, elle se ressent juste et ne se partage que par la puissance d'un baiser ou la délicatesse d'une caresse.
Il l'a senti prendre place entre ses côtes quand il a ouvert ses jambes à Katsuki, elle a étiré l'espace autour d'elle quand il a laissé son crâne s'enfoncer dans l'oreiller en s'autorisant un plaisir inédit, elle a défait les nœuds de ses nerfs, frappé quelque barricades et détruit la frontière qu'il avait érigée entre Katsuki et le reste de sa vie.

C'est un peu comme s'il existait jusque là en deux exemplaires.
Il y avait alors, d'un côté, le père d'un petit garçon, anciennement marié à une femme, fils hétéro toujours droit et raisonnable.
De l'autre, l'amoureux. Parfois un peu immature et complètement fou d'un homme qu'il a choisi de faire entrer dans sa vie.
Et tout à coup, comme une soudaine révélation tombée du ciel, il n'existe bel et bien qu'un seul Izuku, comme deux moitiés d'un tableau qui n'a de sens qu'une fois les deux parties assemblées.

Immobile sur le lit, il a ouvert ses yeux à de nouvelles perspectives et de nouveaux espoirs, la possibilité d'être enfin tout entier, plus jamais divisé entre son passé et son présent.
Alors, poussé par cette énergie qui ne s'explique pas, il a d'abord traîné Katsuki dans la douche avec lui, il a rincé son corps sous le jet puis, sans trop y réfléchir, a décidé de s'asseoir sur l'émail, enfoncé la bonde et fait jaillir l'eau directement par le mitigeur pour remplir la baignoire et s'y installer ensemble pendant un moment.

Sous la mousse flottante, il a glissé son corps dans l'espace entre les jambes de Katsuki, déposé l'arrière de son crâne sur son épaule et croiser ses doigts dans les siens.
A peine conscient du temps qui ne leur a malgré tout pas fait le plaisir de s'arrêter, c'est seulement quand la température de l'eau est devenue trop basse pour être encore confortable qu'ils se sont décidés à en sortir.
Et puisque la journée était plus que terminée, ils se sont soudain rendu compte qu'ils n'avaient pas mangés, mais surtout qu'ils avaient la dalle.

Une fois le corps et les cheveux secs, il est sorti de la salle de bain couvert uniquement d'un boxer pour rejoindre la cuisine et suivre du regard les déplacements de Katsuki entre le frigo et les placards.
Il y avait presque une forme de béatitude dans son regard, comme s'il redécouvrait sa propre vie.
Ils se sont même autorisés à manger avachis sur le canapé, les pieds sur la table basse et les yeux rivés sur la télévision du salon, et pour rester sur leur lancée, ont abandonnés leurs couverts sur place en allant se coucher.

Dans la chambre, ils se sont puérilement battus à grand coup d'oreiller debout sur le lit alors qu'ils étaient pourtant juste parti pour changer les draps, et l'horloge affichait déjà les premières heures du matin quand ils se sont résignés à s'allonger.
Mais même une fois sous la couette, ils n'ont pas réussi à dormir, embarqués dans de grandes conversation sans fond mais totalement passionnantes.

Alors, forcément, quand l'alarme du portable de Katsuki se met à leur hurler dans les oreilles après seulement deux heures de sommeil, ses yeux pèsent incroyablement lourd.
Même s'il a encore du temps devant lui et qu'il pourrait tout à fait se rendormir telle une loque, il se dit que, par compassion au moins, il se doit de faire l'effort de se lever en même temps que lui pour prendre un café ensemble.
Dans la maison, les folies d'hier soir jonchent encore le carrelage et il s'engueule intérieurement pour la serviette sale abandonnée par terre, les vêtements qui traînent dans la salle de bain et au pied du plan de travail, la bouteille de Whisky mal refermée et la table basse pas débarrassée.

Être nous [ KATSUDEKU ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant