Être nous [ KATSUDEKU ]

Partie quatorze

Mina et Shoto sont rentrés depuis quelque minutes mais Katsuki est toujours dehors face à la porte, la main à quelque centimètres de la poignée.
L'adrénaline dans ses veines fait battre son cœur plus fort alors qu'il cherche un moyen de parler à Izuku sans avoir l'air complètement déjanté.

Parce qu'il ne peut bien évidemment pas se jeter sur lui devant tout le monde, et il n'est pas question qu'il fasse ça n'importe comment, il a trop espéré ce moment pour le bâcler maintenant qu'il se présente à lui.

Mais il a beau essayer de réfléchir à la meilleure manière de l'aborder, trop d'émotions embrouillent son esprit et son jugement, et l'empêche de construire un véritable raisonnement.
Alors, à cours d'idée, et puisque réfléchir ne mène à rien, il prend une grande inspiration pour se donner un air serein et ouvre la porte un peu plus violemment qu'il ne l'aurait voulu.

Heureusement pour lui, la musique est trop forte à l'intérieur pour que les autres s'en rendent compte et il referme derrière lui en avalant sa salive.
Ses bras tremblent de nervosité quand il enfonce ses mains dans les poches de son jean pour se donner un peu de contenance.

Ses jambes l'avance toute seules dans la pièce pour chercher Izuku du regard, qu'il trouve près du petit comptoir de la cuisine, un verre à la main avec Mina, visiblement embarqués dans une conversation passionnante.

Il s'arrête entre deux carreaux de carrelages, la chaleur qui remonte le long de son ventre et étreint sa poitrine trouble le rythme de sa respiration.
Son sourire s'étire en promenant son regard sur chaque éclat de soleil de son visage et il se mord les joues pour ne pas avoir l'air d'un demeuré qui le fixe depuis deux minutes sans bouger.

Il souffle un grand coup pour se donner du courage et s'avance vers eux, les jambes tremblantes d'impatience et d'appréhension.
Sa bouche s'assèche un peu et il pince ses lèvres en le regardant silencieusement, il ne sait pas par où commencer et Izuku commence à arquer un sourcil intrigué en sa direction.

Comme toujours, Mina sauve la situation en tapant le fond de son verre contre le comptoir en frappant doucement l'épaule d'Izuku.

- Je vais voir Hanta.

Elle jette un regard à Katsuki, rapide mais suffisamment explicite pour qu'il y lise ses encouragements à ne pas rester planter là sans rien dire.
Il sourit en la regardant partir, se souvenant qu'il l'a d'abord jalousé pendant des jours, persuadés qu'elle partageait la vie d'Izuku.
Et finalement, sans elle il n'en serait pas là ce soir et il ne peut que l'en remercier silencieusement.

Son cœur résonne dans son estomac et à travers chaque pores de sa peau, tellement fort qu'il craint qu'Izuku puisse l'entendre à travers la musique qui jaillit des baffles réparties autour d'eux.

- Ça va ?

Il sourit au visage perplexe d'Izuku, qui ne comprend rien à ce soudain bonheur sur son visage et, parce qu'il ne peut pas lui parler ici, sort sans trop réfléchir son paquet de cigarette de sa poche pour le tendre à Izuku.

- Je t'en paie une ?

Izuku fronce les sourcils, suspicieux, en posant son verre près de lui.

- D'accord.

Il le regarde se lever, examine chaque courbe de son corps alors qu'il s'avance vers le porte-manteau pour se couvrir, et lui emboite le pas pour le suivre jusqu'à l'extérieur.

Il a l'impression que le sang circule monstrueusement vite à travers ses veines, ses jambes fourmillent et chaque muscles de son corps se contractent d'impatience.
Même s'il ne sait pas exactement ce qu'il va dire, il sait qu'il va le dire, qu'il va le faire et, enfin, il pourra peut-être connaitre le goût de ses lèvres, si Mina ne lui a pas menti.