Partie trente huit

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Ce moment, il l'a attendu avec toute la force de son impatience, il n'en a pas fermé l'oeil de la nuit.
Même si, ces derniers temps, il ne les ferment déjà pas beaucoup de toute manière. 
Son cœur s'est déchaîné, a cogné si fort qu'il en a fait vibrer son estomac et trembler ses os et, malgré ses tentatives de l'apaiser entre deux cigarettes, il n'est jamais parvenu à le faire taire. 

Plusieurs fois il s'est assis, relevé, allongé, il a tourné en rond entre le plan de travail de la cuisine et le canapé du salon et, à défaut d'avoir un ami à qui parler pour accélérer la course des aiguilles de l'horloge, la lune lui a tenue compagnie un moment. 
Il s'est appliqué à la dévisager à travers les fenêtres de sa maison, l'a interrogée au hasard de quelques doutes mais, comme toujours, elle est restée muette. 

Et puis elle est partie, progressivement et discrètement, presque en secret, elle s'est éloignée et il a vu le soleil prendre sa place en silence pour jeter ses rayons lumineux sur la façade en crépit. 
A son tour, il s'est fait une place au milieu de l'horizon et Izuku, qui venait officiellement de faire une nuit blanche, a détourné le regard pour porter un peu attention à sa maison parfaitement rangée. 

Tout était déjà prêt, il ne lui restait qu'à se préparer lui, et il a tourné le dos à l'horloge pour rejoindre sa salle de bain. 
Il n'a pas mit beaucoup de temps, ses gestes agités par l'impatience l'ont tellement aidés à se presser qu'au final, il lui a fallut patienter encore toute la matinée.
Malgré la fatigue qui commençait à alourdir sa tête et ses paupières en attendant l'heure du rendez vous, c'est évidemment encore sans avoir rien mangé qu'il est sorti de sa maison pour rejoindre le trottoir un peu après midi. 

Et puisqu'il est en avance, il fait les cent pas depuis cinq bonnes minutes sur le béton en guettant scrupuleusement la route qui borde son domicile. 
Comme hier, malgré le vent qui s'entête à rafraichir l'air, le ciel a décidé d'être clément et il peut sentir les rayons du soleil se frotter à ses épaules. 
Les minutes s'égrainent si lentement qu'il a l'impression qu'elles le provoque alors qu'il compte les voitures qui passent près de lui, s'attardant sur la marque, le modèle et les inscriptions des plaques d'immatriculations pour détourner sa propre attention en espérant que le temps passe un peu plus vite. 

Ochaco ne l'a pas rappelé pour confirmer sa venue ce matin, mais il a décidé de lui faire confiance une dernière fois, espérant qu'elle ne trahisse pas sa parole. 
Il n'a pas réfléchi à ce qu'il fera si elle lui fait l'affront de ne pas venir, il n'a pas envie de l'envisager à vrai dire, mais plus l'heure du rendez-vous approche, plus son esprit s'affole sans qu'il n'ait aucun contrôle sur sa paranoïa. 
Il a tellement besoin de voir son fils que ça lui brûle la gorge, comme on meurt de soif à force d'être privé d'eau, il pourrait mourir du manque à force d'être loin de lui. 

Mais il redresse le dos quand il reconnaît la voiture tant attendue qui apparait au bout de sa rue.
Elle avance lentement, comme pour retarder l'échéance, mais elle s'approche quand même, se gare doucement contre le trottoir et, paradoxalement, Ochaco sort brutalement de l'habitacle en maltraitant les gond de sa portière avant de tourner son corps vers lui pour le regarder par dessus la carrosserie en lui lançant un regard assassin. 

Il ne se formalise pas de la violence dans ses yeux, son attention n'est focalisée que sur la silhouette de Kota, qui se dessine à travers la vitre arrière, et qui cogne frénétiquement les paumes de ses deux petites mains contre le verre en souriant de toute ses dents. 
Son cœur éclate quand il le voit s'agiter sur son siège auto en tirant sur sa ceinture verrouillée pour s'en défaire.
Littéralement, il s'ouvre en deux et déverse toute la force de son amour partout sous sa peau et dans chaque veine de son corps alors qu'il plaque ses deux mains contre sa bouche pour se retenir d'exploser.
Sans se presser, Ochaco se décide à faire le tour de la voiture pour venir ouvrir la porte à son fils, et s'arrête dans son geste quand Kota la devance en sortant de lui-même pour se jeter sur le trottoir. 

Être nous [ KATSUDEKU ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant