Partie quarante

2.8K 218 114
                                    

Debout devant la porte ouverte de son réfrigérateur, Katsuki souffle bruyamment en se demandant pourquoi il l'a ouverte. 
Il n'a ni faim ni soif, mais l'ennui le pousse parfois à faire des actions insensées et il referme la porte en traînant les pieds sur le lino. 
Il est pourtant rentré de l'entrepôt depuis moins de trente minutes mais il s'emmerde déjà, les journées et les soirées sont beaucoup trop longues, l'anxiété et le doute l'accompagnent en permanence et il ne tardera pas en s'en faire quelques ulcères à l'estomac. 

Ses cheveux sont encore humides de sa douche, dont il sort juste, et sa tenue laisse un peu à désirer.
Fatigué, agacé et sans motivation, il a tout juste fait l'effort d'entrer dans un jogging délavé et un marcel détendu pour, au moins, être à l'aise dans ses fringues.
A court d'idée pour s'occuper l'esprit, il soupire en attrapant son paquet de cigarette, abandonné sur la table basse et complètement défoncé à force d'être malmené dans le fond de la poche de son pantalon de travail, pour aller s'en griller une sur son balcon sans prendre la peine d'enfiler une veste. 

Le mois d'Avril approchant, les journées qui se font un peu plus longues lui permettent de profiter du soleil un peu plus longtemps.
Il se poste près de la rambarde de sécurité de son balcon en fixant son regard vers le ciel et la ligne que tracent les toits des bâtiments dans le paysage. 
Sans prêter vraiment attention à ce qui se passe en bas de chez lui, il souffle sa fumée en vidant son esprit, concentré sur la courbe des nuages orangés, et profite de ce petit instant de répit. 

Il est si rare qu'il parvienne à apaiser son esprit ne serait-ce que quelques secondes, qu'il ferme les yeux pour en profiter aussi longtemps que son cerveau le lui permettra et ralentit sa respiration jusqu'à se sentir presque détendu. 
L'air demeure malgré tout relativement frais et il frissonne en crispant ses épaules, le vent l'agresse et il hésite un moment à rentrer se couvrir un peu quand quelqu'un toque à sa porte. 

Il fronce les sourcil, agacé, et soupire lourdement en se demandant qui peut bien venir l'emmerder un vendredi soir à dix-huit heures.
Sans faire de bruit, pour simuler son absence, il attrape une veste abandonnée sur une chaise et retourne s'installer sur son balcon pour y terminer tranquillement sa cigarette sans aller ouvrir à son visiteur. 
Néanmoins, la curiosité le travaille et il s'interroge un peu plus quand de nouveaux coups, un peu plus insistants, sont donnés contre sa porte. 

En râlant, il écrase sa cigarette et rejoint le salon pour consulter son portable, supposant que quelqu'un lui a peut-être envoyé un message pour prévenir de son arrivée. 
Mais il ne trouve aucune notification, en dehors de l'avertisseur de batterie faible, et jette l'appareil sur le canapé en se traînant jusqu'à la porte d'entrée tout en hésitant à aller ouvrir ou non. 
C'est peut-être simplement un voisin, un démarcheur quelconque, ou même Tsuyu qui a décidée de venir le voir comme il lui est déjà arrivé de le faire quelques fois. 
Quoi qu'il en soit, il n'a envie de voir aucun des trois et il s'apprête à renoncer à ouvrir quand une troisième salve de coups résonne bruyamment contre la porte. 

L'insistance de son visiteur l'agace un tout petit peu et il finit par grogner un " ça va, j'arrive " avant d'ouvrir brutalement la porte. 
Une main sur la poignée et l'autre enfoncée au fond de la poche de son jogging, il ouvre la bouche, prêt à dire quelque chose à celui ou celle qui vient le déranger, et s'immobilise complètement face au visage qui se dessine sur le palier. 
Sa voix se coince au fond de sa gorge et seul un vague bégaiement étouffé échappe à ses lèvres, figé par la surprise alors qu'il lui faut quelques secondes pour être certain qu'il n'est pas juste en train d'avoir une hallucination. 

Pourtant, il finit par en acquérir la certitude, Izuku est là, juste devant lui, le souffle un peu court et le regard impatient. 
Il a à peine de penser, de réagir, et son seul réflexe est de tendre une main hasardeuse vers lui quand Izuku fait brusquement deux pas en avant pour entrer dans l'appartement en abandonnant son sac à ses pieds. 
Prestement, Izuku coince son visage entre ses mains en le faisant reculer d'un pas, cogne son front contre le sien et, sans lui laisser le temps de s'en rendre compte, presse sa bouche à la sienne pendant une fraction de seconde. 

Être nous [ KATSUDEKU ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant