Gabriella/Alma
J'ai terminé de travailler.
Et il est tard, très tard.
Je passe un dernier coup de serpillière et finis par ranger le sceau et le balai avec.Je contourne le comptoir du restaurant et finis par rejoindre les vestiaires pour récupérer mes affaires.
Je n'arrive plus à me vider la tête.
Lisea, ses paroles grondent dans mon crâne à chaque fois que j'essaie de penser à autre chose.J'en ai attrapé la migraine.
Elle est horrible, aussi épuisante et effrayante que cette histoire.— Toc toc mi belleza.
Je me retourne vivement en fermant mon casier.
C'est Francisco.
Il pose sa tête sur l'armature de la porte.
Il aborde une mine... Une mine.
Je ne sais pas en réalité, je n'ai jamais su lire le visage des gens.
Mais j'ai l'impression qu'il est contrarié.Dans la poche arrière de mon pantalon, je sens mon téléphone vibrer. Je n'y prête aucune attention parce que je sais de qui il s'agit et surtout parce qu'elle peut attendre. Comme moi.
Après tout, je ne suis bonne qu'à ça. Attendre.— Je n'ai pas de très bonnes nouvelles. M'annonce-t-il.
Alors je baisse le regard. Et je me perds dans mes pensées.
Parce que si je ne peux plus compter sur mon travail pour avoir l'argent que Lisea me demande, alors je ne peux compter sur rien, ni personne.
— Je m'en doutais un peu. Je lui réponds complètement détachée.
Parce que peut-être que mon destin est scellé, comme gravé dans la roche.
Enterré dans les tréfonds de mes entrailles.
Mon cœur se serre tellement que je n'arrive plus à respirer correctement.Parce que je finirai sûrement par mourir pour toi Lisea.
Et ce n'est pas une illusion.
J'allais bientôt mourir.
— J'aurais tellement voulu t'aider. Me dit-il désolé.
Je le suis aussi. Désolée, désolée de devoir faire ce que je ne mettais juré de ne jamais faire.
Désolée de mentir, désolée de ne plus être honnête au point de ne plus me reconnaître.
Oui, je me perds dans ce long couloir infernal, celui qui sent la mort.Parce que j'ai l'impression de mourir pour tes actes Lisea.
Et c'est peut-être l'impression que je vais donner, en rajouter des tonnes.
Mais croyez-moi ! Croyez-moi quand je vous dis que c'est la mort qui me prendra.Que c'est la mort qui me poursuit et qui me libérera des mensonges que je vais dire.
Ici, à Pamaulipas, c'est la loi.
Tu mens, tu crèves.
Tu voles, tu crèves.
Encore plus quand tu voles la sombra.— Ce n'est rien, ne t'en fait pas, je vais essayer de négocier.
Tu mens, encore et tu t'enfonce encore plus.
Mais est-ce que tu mens pour t'en sortir ?
Certainement pas.
Et sans un regard de plus, je quitte le restaurant complètement désemparée.Les néons éclairent la ville.
Il fait nuit noire.J'attrape mon téléphone dans ma poche et l'allume.
Minuit. Il est minuit.Et je m'enfonce un peu plus dans la noirceur de ces rues.
Je marche d'une telle lenteur car je souffre, mon cœur a mal.
Je me perds. Je ne me reconnais presque plus, je vis désormais de mensonges et de peurs.
La peur de marcher car à chaque pas que je fais, c'est un pas de plus vers la mort.
À chaque mètre que je traverse, ce sont mes mensonges qui m'assomment.
À chaque enjambée, à chaque fois que je pose mes pieds sur le sol, j'ai l'impression de m'enfoncer dans la poudre.
De me noyer, de m'enfoncer, de sombrer dans les tréfonds de l'argent sale.
VOUS LISEZ
Plus rapide qu'un impact
RomanceDe toutes les histoires de mauvais goût, j'aurais imaginée que celle-ci se terminerait autrement. De toutes les peines qu'on pourrait m'infliger, la trahison est celle qui m'a fait sombrer dans les portes de mon propre enfer. Pour de la poudre qu'...