Je ne cederai pas

2.2K 98 30
                                    

Alma

Miguel est intervenu pour retirer la porte de la salle de bain.
Je n'ai pas trop compris pourquoi.
Abel nous a enfermé dans cette chambre.

Il est assis en face de moi. Toujours avec son journal.
Je suis sur le lit et je ne sais pas quoi faire.

— Alors Alma ?

Je lui lance un regard noir et le détourne rapidement.
Même pas en rêve. Je ne parlerai pas.

Je vais regarder la télé ça fera passer le temps.

— Même pas en rêve, tu ne touche pas à cette télécommande.

Je soupire et le regarde.

— Tu ne veux toujours pas parler ?

Je secoue la tête.
Il voulait que je me taise ? Et bien voilà, je me tais. Je ne parlerai plus.
C'est vrai après tout je braille pour un oui ou pour un non, pour dire des choses plus inutiles que moi. Et bien nous y voila. Je ne dirai plus un mot.

— Très bien Alma. Le temps que tu ne parlera pas, nous allons rester enfermé ici. Tu n'as le droit à rien. Pas de télé, pas de nourriture, pas le droit de boire et si tu veux te laver ou même aller aux toilettes, ça sera porte ouverte. Enfin plutôt sans porte, il n'y en a plus. Il m'a regardé en souriant.

J'ai passé ma langue sur mes dents.
D'accord. Je n'ai plus aucun droit. Ok.
Ok. Ok. Calme. Je vais rester calme.
Je ne vais pas m'énerver puisque je ne vais pas parler.
J'avale une grande bouffée d'air et lui lance le plus beau sourire d'hypocrite que je puisse afficher.

— On ne se joue pas d'Abel, c'est Abel qui se joue des gens. La règle numéro une. Tu l'avais déjà oublié ?

Je fais bouger mes lèvres de droite à gauche nerveusement.
D'accord. Mais on ne se joue pas non plus d'Alma.
Et s'il veut jouer on va jouer.

Il redresse ses lunettes dans ses cheveux.
Je me colle au fond du lit et le regarde toujours avec mon sourire.
Je ne compte pas perdre et lui non plus apparement.
Une nouvelle sorte de torture ? On va bien se marrer.
Il veut que je reste enfermé avec lui ? D'accord. Je vais rester. Mais mon dieu qu'il va se mordre les doigts.
Sans les mots, je n'ai peut-être pas le moyens de faire pression mais j'ai d'autres atouts.

Il se redresse et vient s'assoir près de moi.
Il pose sa main sur ma cuisse qu'il caresse jusqu'à mon genoux.
Je frissonne.
Ok. Ok. Ok on va vite se calmer !
Je dégage sa main rapidement.
Je vois dans quel genre de jeu il veut s'aventurer.

Lui aussi affiche son meilleur sourire.
À mon tour.

J'avance près de son visage et frotte mon nez au sien. Je carresse même son visage.
Son souffle s'accélère.
Ça marche ! J'entre dans la partie à partir de maintenant.
Et quand son regard croise le mien, j'en profite pour que nos lèvres se frôlent.
Et quand ses yeux s'éclaircissent, je le repousse violemment, tellement qu'il en tombe sur le sol.
Ouais. Moi aussi je sais jouer.

— D'accord. Je vois, tu ne veux vraiment pas parler... il se redresse. Bien. On va rester ici un bon moment alors.

Et il retourne s'assoir sur le fauteuil.
Qu'est-ce que je suis censé faire maintenant ?
Je n'ai le droit à rien. Pas de télé. Pas le droit de manger. Bon ça, c'est presque une habitude.
Aller Alma réfléchi !

Plus rapide qu'un impactOù les histoires vivent. Découvrez maintenant