Plus rapide qu'un impact

Pardonnons-nous

Alma

C'est donc ça de souffrir pour deux ?
Ressentir la douleur de l'autre décuplée.
Parce que moi, c'est ce que je ressens. J'ai encore plus mal quand il s'agit de lui.
J'ai trop mal pour lui.
C'est donc ça ? Le prix de la douleur ?
Avoir mal pour l'autre sans même savoir pourquoi ?
Ses yeux. Pardonnez-moi mais ses yeux m'on détruite. J'ai eu trop mal de les voir et pourtant je ne demandais que ça.
Voir le bleu de l'océan à travers son regard. Je voulais juste voir le bleu de son regard et non le noir de son âme.
Son âme est morte, ses yeux eux vivent.
J'ai mal. J'ai mal de lui. J'ai mal pour lui. J'ai mal du mal qu'il s'inflige pour moi.

Je souffre de son absence. Je souffre de son manque. Je souffre pour lui.
Je n'arrive même pas à concevoir cette douleur. Ouais. Comment c'est possible d'avoir aussi mal alors qu'il ne s'agit pas de moi... Mais de nous ?
J'ai le mal de mer. J'ai le mal d'Abel.
J'ai le mal de sa souffrance. J'avale sa haine. J'avale sa culpabilité, j'avalerai même ses crimes s'il le fallait seulement pour qu'il soit dans mes bras.

Je n'arrive plus à comprendre, à savoir où nous en sommes.
S'il m'accepte ou me renie.
S'il m'aime ou s'il me hais.
Je ne sais pas. Je ne sais plus et je suis là.
Je n'ai pas bougé. J'attends, sûrement après le temps, ou qu'il passe cette porte.

Je ne sais pas. J'ai mal. Pour lui, pour moi.
Il pense me détruire seulement, il a fait pire en pensant à l'impensable.
Il ne m'a pas détruite non. Il m'a anéanti et pourtant, je suis prête à le pardonner.
Parce que je sais que cette haine ne m'étais pas destiné.
Je le savais. Je le sais, le temps que je serais près de lui, je souffrirais.
Parce qu'Abel n'est pas quelqu'un de bon mais quand je suis avec lui, je le vois autrement. Différent voir même apaisant.
J'ai confiance en lui. Je n'ai pas peur avec lui.

Pour une fois depuis des mois, c'est bien la première fois qu'il me terrorise de nouveau.
C'était ça le véritable prix sur ma tête. Sa douleur. Celle qu'il me donnera et celle que je m'infligerai pour lui.
Parce que je suis tombée avec lui alors on se relèvera ensemble.
Dans cette douleur, dans cette rancœur, dans cette haine nous sommes deux et tout ça on le surmontera.
On est plus fort que tout. On a vu pire, bien pire.
Ce n'est pas avec ça que tout s'arrêtera.
Enfin c'est ce que j'espère.

Je ne bouge plus. Je n'ai pas bougé et je ne compte pas le faire. Pas le temps qu'il n'aura pas passé cette porte.
Pas le temps qu'il n'est pas revenu.

Je pleure. Je ne me suis pas arrêtée depuis qu'il est partie.
Je le veut tout à moi. Je veux lui soigner les plaies de son cœur. Je veux réanimer son âme. Je veux Abel et pour ça je pleure. Son âme meurtrie ne veut pas être soignée, son âme ne veut pas de l'amour.
Il ne veut pas de moi.

J'inspire un énorme coup.
Je dois calmer mon cœur, calmer la douleur. Parce que cette fois mon corps ne veut pas supporter.
Pour une fois son absence me creuse, pour une fois, je le veux vraiment près de moi.
Alors je hurle.
J'essaie de hurler ce mal intérieur, le sien, le mien mais même comme ça ce n'est pas suffisant.
Il ne reviendra pas. Il est blessé, il se sent trahi et pour ça je me hais.
Je me hais d'avoir dormis. Je me hais de ne pas être partie quand j'aurai pu.
Il l'avait dit, il ne me retiendrai pas, pourtant je ne l'ai pas fait.
Parce que je ne le veux pas.

Ce sont mes genoux qui claquent sur le sol. Je me suis effondrée.

Ma douleur est pire quand il s'agit de toi Abel.
Parce que cette fois je n'ai pas mal à cause de toi mais pour toi et c'est encore pire.