Argent, poudre et panique

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Les enfants qui chahutent dans la rue, les adultes et les parents qui discutent entre eux.
J'avais tant d'admiration pour ces gens qui avaient la vie facile.
Au fond de moi, je le sais. Depuis quelques années maintenant, j'ai ce trou.
Un trou dans le cœur qui ne risque pas de se refermer.
Il me manque quelque chose, je n'ai pas cette impression de vivre pleinement ma vie.
Et même entourée, je me sens seule.

— Tu m'écoutes Gabriella ?

J'avais fixé mes yeux sur la vitre, le regard perdu sur les gens de la ville.
Voir tant de monde vivre, les enfants courir par ici et par là.
Je ne me rappelle pas de mon enfance.
Je ne sais pas si un jour, j'ai eu le cœur battant pleinement.

— Je te jure Gaby, j'ai besoin de toi là !

Je soupire et me tourne vers Lisea.
Je sais ce qu'elle veut, je n'ai pas besoin de l'écouter pour le savoir.
Je la connais. Elle a pointé ses fesses aujourd'hui, après être resté des jours sans aucune nouvelle.
Ça devient une habitude maintenant. Je crois, ou plutôt, je sais ce qu'elle va me demander.

— combien ? Je lui demande.

Je cloue mon regard dans le sien, elle n'ose plus me parler.
J'ai compris bien trop vite de quoi elle avait besoin.

Je connais Lisea depuis presque dix ans.
C'est comme qui dirai la sœur que je n'ai jamais eue. Enfin, c'était l'impression que j'avais, mais depuis quelques mois, je ne la vois plus du même œil.
Ça a commencé il y a six mois, elle a rencontré ce type.
Pablo, un homme de la "haute" comme elle aime tant l'appelé.
Et depuis elle ne s'arrête plus.
Cet homme, lui a vite proposé de la drogue, en poudre, il me semble.
Et maintenant elle en est complètement accro.
Je ne la vois plus qu'une fois par semaine et à chaque fois pour la même chanson.

— trois cents. Elle me répond sans oser lever la tête.

Elle est amaigrie, elle a changé, beaucoup trop.
Sans être sûr d'avoir bien entendu, je lui demande de répéter.

— Combien ?

Elle s'arrache nerveusement la peau de ses doigts.
J'ai bien entendu la somme qu'elle me réclame, mais je veux qu'elle ose me regarder dans les yeux.
Mais elle ne me répond plus.

— Lisea tu te fiches de moi. Je suis calme, mais j'essaie de lui faire comprendre que ça va trop loin. Chaque semaine, tu viens me réclamer des dinero (argent) et tu repars comme une brebis galeuse et la voilà repartie pour une semaine ou peut-être deux sans avoir de tes nouvelles.

Lisea n'a pas quitté mon lit depuis qu'elle est ici, elle attrape un oreiller et le sert contre elle en reniflant.
Elle ne pleure pas, non, elle est en manque de sa poudre.
J'ai l'impression d'être sa banque, je lui donne pour éviter qu'elle ne sombre ou qu'elle ne demande pas à n'importe qui.
Ma mère commence à se demander ce que j'ai fait avec autant de dinero.
Parfois, je dois lui demander, mon petit salaire de serveuse ne me suffit pas.
Enfin, ne lui suffis pas à elle, Lisea.

Lo siento (désolé). Me répond elle.
— C'est toutes les semaines et ma
Mère se pose de sérieuses questions, et je ne peux pas t'aider maintenant. Je lui réponds presque désolé.

J'essaie d'être le plus calme possible, mais quand elle se redresse en jettent l'oreiller contre le mur face à elle, je comprends rapidement que la réponse ne lui a pas plu.

Plus rapide qu'un impactOù les histoires vivent. Découvrez maintenant