Plus rapide qu'un impact

De mot en maux

Alma

On s'est regardé longuement.
Je l'ai vu. Cette impression d'être prisonnier. Il l'a connue l'espace d'un instant.

Lui aussi est prit au dépourvu par ses mensonges.
Lui aussi se sent trahis, mais surtout lui aussi est en train de bouillir comme moi.
Parce qu'il sait que j'ai entendu, ne serait-ce qu'un infime morceau de leur conversation, mais suffisamment pour pouvoir le compromettre tout autant que Lisea.

Et c'est là que j'ai compris que si je ne fuyais pas maintenant, il me tuerait.
Il inventerait quelque chose auprès de son jefe, mais me ferai passer pour morte.
Parce que maintenant, si je répète ce que j'ai entendu, il sera sûrement traîné six pieds sous terre par Abel.
Et ça, je pense qu'il n'en a pas envie.
Mais, à deux, ils ont joué avec le feu. Je ne sais pas encore de quelle manière, seulement pour me venger, je le découvrirai.

J'ai quitté son regard et j'ai couru aussi rapidement que j'ai pu.
J'ai failli rater quelques marches dans ma cavale.
Quand je suis arrivée en bas, le vieux réceptionniste, me regarde, presque inquiet de me voir autant en panique.
J'ai comme qui dirai une course poursuite avec la mort.
Et là, maintenant si je ne cours pas pour survivre, je mourais sans jamais avoir eu les réponses à mes questions.

— Tout vas bien mademoiselle ? Il contourne le comptoir de l'hôtel et essaie de me rejoindre.

Un coup de feu a retenti et la balle est venue se loger face à nous.
Le vieux monsieur m'a regardé apeuré, tout autant que moi.
Je me suis arrêté de courir, parce que le bruit m'a coupé le souffle.
La balle m'a calmée, même si elle ne m'a pas touchée.

Et je vois Pablo descendre, d'abord ses jambes, puis le reste de son corps.
Il nous menace, cet homme et moi avec son arme.
Il l'a pointe sur nous.
J'essaie de calmer mon souffle, j'essaie de ralentir les battements de mon cœur, mais cette arme me fait perdre mes moyens.

— Qu'est-ce que t'as entendu ? Il me demande en avançant.

Face à moi, désormais, j'ai levé les mains en signe de défense.
L'homme derrière moi a tout aussi peur, je l'entends sa respiration d'homme âgé, l'air peine à passer ses narines et il grimace quand il s'aperçoit que l'air n'y passera peut-être plus jamais quand notre preneur d'otage se met à le pointer, le viser, le tenir en joug.

— Alors, Alma, qu'est-ce que tu as entendu ? Tu ferais mieux de parler sinon, c'est ce pauvre petit bâtard qui prend en premier.

J'ai secoué la tête négativement et j'ai agité mes bras devant moi.
Cet homme n'a rien fait, il ne devrait pas prendre pour moi.
Parce que pour une fois, oui, une seule fois, c'est moi qui ai fait n'importe quoi.
Ma curiosité m'a poussé elle-même dans la gueule du loup.

— J'AI RIEN ENTENDU ! J'ai hurlé pour me défendre.

Et c'est vrai, je n'ai entendu que quelques phrases qui n'avaient pas vraiment de sens.
Je pourrais m'en servir contre eux, mais sans savoir ce qu'elles signifient vraiment ça ne me servira à rien.

— Ne mens pas... Le mensonge est vraiment un art que tu devrais apprendre à maîtriser... Un...

Mon regard a jongler entre Pablo et ce réceptionniste.

— Deux...

Pablo le menace toujours et son décompte est aussi meurtrier qu'une balle dans la poitrine.