Retour en enfer

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Alma

— Je peux savoir ce qu'on fout ici ? Je m'impatiente sur le trottoir.

Trajet ? Silencieux.
Regard ? Haineux.
Destination ? Chez moi.

Oui. Abel nous a conduit, lui et ses hommes chez moi.
À Tamaulipas. Dans la maison de mi madre, la maison de mon enfance, celle de mes cauchemars à présent.

Mes bras sont croisés sur ma poitrine et j'ai tapote du pied sur le goudron.
Je n'entrerai pas.

— Ça... Ce n'est pas tes affaires. Il me répond simplement.

Je sens une vague de colère monter en moi.
À quoi est-ce qu'il joue sérieusement ?
C'est quoi son but ?

— Peut-être mais c'est chez moi ! Alors j'ai le droit de savoir ce qu'on vient faire ici.

Il lâche les sacs sur le perron et se retourne pour me faire face.

— alors de un, non. De deux non et de trois toujour pas. Il me répond sarcastiquement.

Pas drôle. Vraiment pas drôle.
Il se croit marrant, alors qu'il est en train de me faire mal. Beaucoup de mal.

— Tu te crois drôle ? Non parce que ça ne l'est pas ! Je te signale que la dernière fois que je suis venue ici, tu as tout explosé dans MA chambre et tu crois sérieusement que je vais rentrer avec vous ? Je fais un tour sur moi-même pour lui designer tout ses hommes, qui, au passage sont tous armés sur mon trottoir à attendre que le temps passe. Tu peux rêver, ramène moi chez toi ou n'importe où mais certainement pas ici.

Je ne veux pas rentrer chez moi.
Je ne veux plus y retourner. Ce lieu n'est qu'un vaste cauchemar. Un jour de plus où je me réveille sans ma mère.
Un jour de plus où je m'enfonce dans mon propre rêve.
Je ne veux pas entrer. Je ne veux pas que cet endroit fasse office de planque pour son cartel.

— J'en ai explosé des choses mais tu sais il a une chose que je n'ai jamais vraiment broyé, c'est ta gueule et si tu ne veux pas que je le fasse maintenant, t'as plutôt intérêt à me ramener ton putain de cul ici !

J'ai un rire jaune qui s'échappe de mes lèvres.
S'il savait ce que je ressentais, là maintenant.
J'ai le cœur qui se serre. La tête dans le brouillard, mes poumons qui ne demandent que l'air que je leurs refuse.
Je ne veux pas retourner dans ce lieu de malheur.
C'est ici que tout a commencé, c'est ici que je suis née et c'est ici qu'on m'a anéanti.
Je ne veux plus voir cette maison. Je ne veux plus y retourner, du moins pas sans ma mère.
Aujourd'hui, c'est impossible. Elle est morte et jamais je ne pourrais passer cette porte.
Je m'en sens tout bonnement incapable.
Mon corps entier tremble à la simple vue de la porte.
Je ne peux pas. Je n'y arriverai pas.

Il s'avance rageusement et me saisi par le poignet. Ses hommes chargent leurs armes.
Je ne bouge pas. Il essaie de tirer mais je reste à ma place.

— Tu veux te faire buter Alma ?

Je secoue la tête.

— Alors tu avances. Un pied devant l'autre, tu sais marcher à ce que je saches ?
— Et toi tu sais parler ? Donc tu sauras aussi fermer ta grande gueule ! Je n'entrerai pas ! Je rétorque hors de moi.

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