L'as de coeur

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Abel

Mon regard s'est finalement fixé dans le sien.
Du vert, du bleu, du rouge, des larmes.

— J'aime les coups de poker. Se marre anciennement l'homme que je considérai comme un frère.

De l'eau perle son visage. Des larmes.
Du liquide s'écoule de son corps. Du sang.
Sa main choquée est toujours posé sur ses lèvres tremblantes.

J'ai un frisson qui parcours mon échine.
Mauvais frisson. Parce que ma colère vient de décupler.

— Les coups de poker ? J'ai craché en serrant les dents tellement fortement que je suis presque sûre de les avoir sentis se fissurer sous ma force.

Mon regard toujours ancré dans celui de la femme que j'aime.
Cette femme plus forte que je ne le pensais. Blessée par balle et toujours vivante.

J'ai putain de mal en la regardant.
J'ai la putain de souffrance qui a creusé ma poitrine. Elle est plus forte que quiconque et face à ça je suis faible de colère.
Je suis faible par ce que son sang coule. Je suis faible parce qu'elle pleure. Je suis faible parce qu'elle est blessée. Je suis faible parce que mon cœur continue de battre pour ce morceau de femme.
Et la colère dans tout ça, c'est elle qui m'a réanimé.
Parce que la colère a caché cette faiblesse.

Par lâcheté, j'ai lâché ses yeux. J'ai lâché le peu de couleur que j'arrivais à voir.
Parce que le noir a éteint mon humanité face à toute cette mascarade.

Ma main est encore posée sur mon épaule endolorie par la balle qui m'a transpercé mais je suis toujours debout.
Parce que ma force, elle, est au sol, se vidant de son sang à luter contre le sommeil.

— Ouais ! Tu te rappelles gamin ton père nous avais appris à jouer à toute sorte de jeu de carte... Le poker était son favori.

J'attrape rapidement l'arme qui était tombé au sol et le vise.

— Ne t'inquiète pas, je n'ai jamais oublié que devant lui, tu rangeais ta putain de paire de couilles. Les cartes n'étaient que des plans d'action. Ça, tu ne l'as malheureusement pas compris.

Il s'est marré en levant les bras en l'air.
Signe qu'il donne à ses hommes de pointer leurs armes sur les miens.
Le bruit du métal a résonné comme un écho dans cette putain de baraque rempli de plomb.

— Toi ton plan d'action, c'est de me buter. Il affirme en rôdant autour d'Alma tel le rapace qu'il est. Mais tu vois, moi aussi j'ai su prendre les rennes quand il a fallu et jamais je n'ai hésité à te la foutre à l'envers à la première seconde.

Je serre les dents, les poings et tout ce que je peux pour éviter de lui coller encore une balle dans son putain de crâne.
Son plomb plombera plus vite celui de ma copine.

— Parce que tu n'as jamais eu l'occasion d'avoir le pouvoir. Tu sens juste la haine et la défaite. Tu n'as jamais eu les rennes d'un empire, en fait, tu es juste un jaloux compulsif.

Sa mâchoire s'est contracté face à ma réponse.
La colère lui monte au visage quand mon cœur me hurle de sortir de là la seule femme qui se bat pour moi.

Mais soudainement son rire a résonné dans la pièce.

— Il adorait l'as de cœur, ce qui n'avait jamais été ton cas avant cette tarée. Dit-il en sélectionnant Alma du menton.

J'ai détourné mon regard du sien pour regarder la femme qui gît sur le sol.
Le regard perdu sur un point fixe devant elle, la main recouvrant sa blessure.

— Regarde cabrõn. L'as de cœur était sa carte maîtresse. Parce qu'elle n'est pas la plus forte mais non plus la plus faible, tu es un putain de carreaux face à tout ça. Un petit bâtard rejeté par son père, jeter de sa caisse parce qu'il ne faisait que merder. Qui t'a pris sous son aile ? Nous ! Tu veux venger quoi au juste ? T'as jalousie ou le fait que tu n'es jamais eu personne pour te soutenir ? Pardon. J'oubliais, il en avait peut-être une mais on l'a buté.

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