14. Aveux

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Une fois dans ma rue, j'accélère un peu, ayant juste envie d'aller dormir et d'arrêter de m'inquiéter pour rien. Je passe la porte de chez moi, et au moment où j'allais monter l'escalier pour aller dans ma chambre, une chevelure blonde familière attire mon attention. Je fais quelques pas en arrière, et vois alors Keigo, assit sur le banc dehors, près de la porte fenêtre, avec mon père enlaçant ses épaules.

Keigo pleure...encore. Alors, même si je ne devrais pas faire ça, j'entrouvre la porte fenêtre discrètement, et je peux alors les entendre.

Papa : ça va mieux ?
Keigo : oui...je...je commence par quoi ?
Papa : ce que tu veux.
Keigo : bah...depuis le collège, je me suis fais harcelé parce que je suis gay...ça m'a pas mal affecté au début, mais au final, j'ai décidé que je m'en fichais, et j'ai continué de vivre ma vie, en cachant ce que je ressentais.
Papa : tu te sentais mieux en faisant ça ?
Keigo : oui. J'ai continué de faire ça jusque cette année. Et, j'ai rencontré une fille, elle est marrante, et elle arrive toujours à savoir ce que je ressens, et elle se fiche de ce que les gens pense. J'aimerais pouvoir être comme elle.
Papa : c'est ta meilleure amie ?
Keigo : ouais. Et en plus, cette année, j'ai retrouvé Touya. J'étais super heureux, et en plus je me suis rendu compte que j'étais amoureux de lui. C'était génial de ressentir ça...

Wow...il m'aime...et depuis longtemps en plus. Il doit...être jaloux de Tenko, j'imagine.

Keigo : et en même temps...un peu dur, parce que une fois, on a faillit s'embrasser, alors que je savais qu'il essaierait p'tet d'être avec Tenko. Et au final, on s'est dit que c'était un connerie, et on s'est dit qu'on resterait comme avant. Le truc c'est que...on a pas pu, parce que...
Papa : ça va ? Tu pleures encore Keigo.
Keigo : ça va...je crois...le...le lendemain...je...je suis arrivé tôt au lycée, et...et je...il y avait des garçons...et une fille...
Papa : tu veux faire une pause ?

Keigo secoue la tête de droite à gauche rageusement, et je peux voir qu'il pleure à chaudes larmes, comme le laissait deviner sa voix étouffée et tremblante.
Mon père caresse son dos doucement, jusqu'à ce qu'il se calme, quelques minutes plus tard.

Keigo : la...la fille m'a demandé si je voulais sortir avec elle. C'est la plus belle fille du lycée, tout les garçons hétéro voudraient être avec elle...mais du coup, j'ai dis non...et les garçons...ses amis...ils sont venus, et ils ont dit que si j'avais dis non, c'est parce que j'étais gay...
Papa : c'était la première fois au lycée que quelqu'un savait ?
Keigo : oui...et j'étais tellement choqué que j'ai pas réussit à...à cacher mes émotions, et c'était limite écrit sur mon front que c'était vrai ! Ca m'a énervé, et en plus ils me provoquaient, alors je leur ai dit de me laisser tranquille. J'imagine que ça lui a donné envie de faire tout le contraire...
Papa : et ensuite ?
Keigo : ensuite...un garçon...il...il s'est approché de moi...et il m'a frappé...enfin, non, il m'avait déjà frappé, parce que je lui ai plus ou moins dit qu'il était moche...et...j'étais choqué, je savais plus quoi faire, et puis...il m'a...plaqué sur une table...à cause de mes ailes j'ai eut mal, et j'ai pas eu le temps de...d'échapper à ses deux amis qui m'ont maintenu sur la table...ça faisait mal...tellement mal...
Papa : calme toi, fais une pause Keigo. Respire, okay ?
Keigo : oui, désolé...c'est...difficile à dire...je commence à...avoir du mal à parler...que je pleure ou pas, j'ai du mal...
Papa : tu es en sécurité ici, ça va aller. Raconte moi la suite.
Keigo : il...il a...il est allé chercher le balais...et...il a...baissé mon pantalon...il...il faisait peur...il disait qu'il allait...me dégoûter des...re-relations gay...mais que...il le ferait pas avec...avec sa...
Papa : Keigo...
Keigo : il disait que...que c'était dégueu de faire ça, a-alors il a dit qu'il... qu'il le ferait avec le...le balais...et...
Papa : il l'a fait ?
Keigo : non...Rumi...elle a défoncé la porte avant...
Papa : une vraie héroïne hein ?
Keigo : ouais...elle est vraiment géniale...
Papa : ça va ?
Keigo : un peu mieux...ça fait du bien d'en parler...vraiment du bien...ça va être plus facile de parler à Touya maintenant.  

Mais il n'aura même pas le temps de penser à comment le faire, puisque je n'arrive pas à retenir le sanglot que je laisse échapper. Ils se tournent vers moi, et Keigo me voit, les yeux écarquillés.

Moi : Keigo...je...je suis désolé...bordel...
Keigo : Touya...
Papa : je vous laisse tout les deux.

Mon père se lève et s'en va, me poussant doucement vers mon ami, tandis que je pleure toujours autant.
Je m'approche de lui et m'assois où mon père était juste avant. Il ne me regarde plus. Il doit avoir honte.

Keigo : tu as tout entendu ?
Moi : ou-oui...désolé. Je...j'aurais pas du, je sais, mais je-
Keigo : merci...merci d'avoir écouté, je crois que j'aurais pas eu le courage de te le dire en face...et de le dire une deuxième fois...
Moi : je vois...de rien alors. Keigo, tu...tu es venu ici parler à mon père ?
Keigo : non...je voulais te parler. Mais quand il m'a dit que tu étais avec Tenko, j'ai craqué, et il m'a dit que je pouvais lui parler si je voulais. Je me suis dis que c'était pas une si mauvaise idée.
Moi : okay...et tu...tu m'aimes du coup ?
Keigo : oui. Je voulais pas te le dire, vu que tu sors avec Tenko. Je t'en veux pas tu sais, je...je m'étais un peu préparer à ça de toute façon. Je sais bien que t'es pas amoureux de moi.
Moi : Keigo, je...c'est un peu plu compliqué que ça en fait. Tu vois, Tenko m'aime, et, depuis qu'il me l'a dit, et qu'on sort ensemble, j'essaie de le satisfaire, de l'aimer autant qu'il m'aime. Le truc, c'est que...j'y arrive pas. J'y arrive pas parce que je pense à toi tout le temps. Depuis ton...agression, je m'inquiète à mort. Et même avant, je...j'adorais qu'on s'appelle tout le temps, qu'on s'envoie des conneries par message, et, j'arrêtais pas de penser à ce presque baiser, et je voulais qu'une seule chose, trouver le bon moment pour vraiment le faire.  Alors, je sais pas si je t'aime, mais ce qui est sûr c'est que je tiens vraiment, vraiment à toi. Apprendre, y a à peine 5 minutes, ce qu'il t'est arrivé...c'était comme si quelque chose m'écrasait le coeur. J'ai eu vraiment, mal, et...j'ai qu'une envie maintenant c'est de détruire les enfoirés qui t'ont fait ça. Je te jure, j'ai la rage au ventre...
Keigo : ça va ?
Moi : ouais...désolé.
Keigo : c'est rien. Donc...tu m'aimes ou...tu...euh...
Moi : je sais pas...j'ai toujours eu du mal à savoir ce que je peux ressentir tu sais. Je sais que j'aime pas Tenko. Je l'adore, mais...je sais bien que je suis pas amoureux de lui. Parce que je ressens pas autant pour lui que pour toi.
Keigo : okay.
Moi : tu veux me parler de...ce qu'il s'est passé ? Je suis là pour t'écouter, ou t'aider si tu veux.
Keigo : déjà, ça fait du bien de savoir que tu me crois...
Moi : évidemment que je te crois.
Keigo : merci...tu sais...je comprends pas pourquoi il a fait ça...pourquoi il voulait me faire ça...je...j'ai rien fait pour ça pourtant...
Moi : hey, c'était pas de ta faute. Personne ne mérite ça, et surtout pas toi. Rien ne justifiait ça. Okay ?
Keigo : je sais pas...
Moi : tu comptes pour moi, je veux que tu ailles bien, et si pour ça je dois te répéter ce que je viens de te dire tout ta vie, alors je le ferais. Compris ?
Keigo : oui. Merci, tu...t'imagines pas à quel point ça fait du bien d'avoir...quelqu'un...
Moi : et Rumi alors ? Elle va se vexer si je lui dis que t'as dis ça.
Keigo : ha, pas faux...elle m'a aidé aussi. Beaucoup même. Mais comme elle avait tout vu, c'était...pas pareil.

Je lui souris, sentant le soulagement dans sa voix, qui ne tremble plus désormais. La mienne non plus d'ailleurs. 

"Peut-être que dans une autre vie ?..." (Dabi x Hawks)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant