Prologue.

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— Regarde, Diane.

Mon père m'avait désigné la fin de la légende de son index.

— Seul un dieu peut tuer un dieu, avais-je lu de ma petite voix.

Un sourire avait éclairé son doux visage.

— La légende parle d'un homme, m'avait-il dit de sa voix grave. Un homme solitaire, comme toi et moi. C'était il y a des millénaires de cela, et l'homme devait avoir atteint la trentaine tout au plus.

Je n'avais pas imaginé à quel point ses dires ce jour-là m'étaient restés en tête ; gravés dans l'édifice de mes nombreux souvenirs. La petite fille que j'étais encore à l'époque avait ouvert de grands yeux surpris face à cette nouvelle.

Ce vieux parchemin, je l'avais vu trainer de nombreuses fois dans la maison, mais jamais il ne m'avait laissé y toucher. Il avait toujours préféré commencer par de simples histoires qui racontaient l'aventure de femmes et d'hommes prônant la liberté.

Ce vieux morceau de papier brun avait toujours été différent. Il racontait le début de ce monde brutal dans lequel nous vivions.

— Que vient faire cet homme dans ce récit ?

— C'est simple ; il était sage et fort. Sa manière de penser, d'agir ; il sortait de la moyenne. Les cieux l'ont remarqué, l'ont apprécié, puis ressuscité.

J'avais été horrifiée par le dégoût et la haine que j'avais ressentie dans sa voix lorsqu'il avait parlé de ces êtres supérieurs.

— Les cieux, avait-il répété, monde cruel peuplé de personnes qui le sont tout autant.

Il avait posé sa lourde main sur mes cheveux aussi foncés que les siens. C'était sa manière à lui de me rassurer ; contraste illogique entre ses paroles et son geste.

— Ils ont fait de cet homme le lien entre leur royaume et le nôtre, Diane, car ils ont le contrôle sur nos morts, mais pour la vie, c'est différent.

— Comment un homme peut-il devenir un lien ? m'étais-je demandée tout haut. Ce n'est qu'un être humain, aussi nul que plein de défauts !

Mon père s'était esclaffé devant ma moue face à mon incompréhension due à mon jeune âge.

— En le choisissant parmi tant d'autres ; ils ont fait de lui un dieu. Ils l'ont fait renaitre parmi les morts afin qu'il devienne le plus puissant dieu connu sur terre.

— Tu veux dire qu'ils se sont servis de lui afin de contrôler nos vies qu'ils ne pouvaient, eux, pas maîtriser ? m'étais-je exclamée en sentant une profonde adrénaline grimper en moi. Ils ont fait de lui leur serviteur ?

Mon père avait ri une nouvelle fois face à ce terme ; il avait cependant rapidement cessé, comprenant rapidement qu'il était parfait.

— On peut dire ça, oui.

Je me souviens des sourcils tout à coup froncés de mon géniteur et du sérieux naissant dans son regard.

— Il fut le premier choisi, le premier parmi tant d'autres morts. Sous la tutelle des cieux, il a tué sans modération, décimé parfois des villages entiers afin d'assouvir leurs désirs.

Je m'étais souvent perdue dans ses nombreuses explications. J'étais trop jeune ; je l'avais toujours été. Mais mon père n'avait jamais pris compte de mon âge ; seule l'ouverture de mon esprit lui importait.

— Il a alors acquis de nouvelles capacités qui lui permirent un meilleur accomplissement des missions données par ces gens supérieurs, avait-il continué. Des pouvoirs, de la magie ; de la puissance.

Warck - SurvivreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant