Warck - Survivre

18.

Àpeine fûmes-nous ressortis de l'échoppe, le marchand assommé dans un coin de ses propres quartiers que Athéna arrivât, hors d'haleine.

— Nes... dit-elle en essayant de reprendre son souffle, des autres tigres... ils l'ont retrouvé...

Quelques mots presque inintelligibles, mais je fus prise d'une profonde panique pour notre compagnon.

— Tu sais encore courir ? lui demandais-je.

Elle posa ses mains sur ses genoux en se penchant en avant, totalement hors d'haleine.

— Aussi vite que l'éclair..., me dit-elle en levant son index pour me demander de lui laisser quelques secondes. Hhhhh..., finit-elle par lâcher en reposant sa main sur son genou.

— Il va tout de même falloir que l'on y aille, lui dis-je que peu convaincue. Essaie de nous montrer le chemin le plus vite que le permettent tes blessures.

Elle hocha la tête et se remit en route en courant de plus belle.

Pendant qu'elle nous guidait à travers les rues, je leur expliquai le plan que je venais d'échafauder à l'improviste grâce aux quelques piètres informations de ma meilleure amie.

C'était une qualité en tant que générale dont nous ne pouvions pas nous permettre l'échec. Même s'il n'était pas parfait, tant qu'il y en avait toujours un sur qui on pouvait s'accrocher, cela sauverait certainement plus d'une vie.

J'avais toujours su que les tigres avaient une très bonne ouïe, mais apparemment ceux-ci étaient trop contents d'avoir enfin capturé leur cible pour se douter que celle-ci avait toute une équipe derrière lui... et, honnêtement, je comptais là-dessus pour réussir notre plan de secours.

Athéna et Athan étaient partis d'un côté pour faire diversion pendant que j'essaierais de liquider le plus possible de ces redoutables prédateurs. Il n'y avait plus qu'à espérer que tout allât bien se passer.

J'observai la direction du vent et fus heureuse de constater que celui-ci venait vers moi.

Aucune crainte que les tigres ne sentent ma présence.

Je grimpai sans un bruit sur un toit d'une des maisons autour de la scène qui se déroulait sous mes yeux et m'y couchai à plat ventre pour ne pas me faire remarquer avant de chasser une petite souris qui passait par là.

Je restai un moment, assise là, sans bouger, le moindre de mes poils hérissés, à l'exception de mes yeux.

Ils se baladèrent sur ce qu'il se passait en bas, et rapportèrent les moindres détails à mon cerveau. C'est comme cela que je sus que Nese était coincé contre le mur à ma droite. Il n'avait aucune chance de pouvoir s'enfuir, car en supplément du mur, les tigres avaient également formé un cercle technique autour de lui.

Il était bel et bien cerné.

Mais aujourd'hui n'était pas encore le jour de sa deuxième et dernière mort, pas tant que j'étais encore en vie. Me dire que les cieux ne lui offriraient pas une troisième chance me fit frissonner. Plus aucune chance de revivre s'il meurt une seconde fois, plus aucune chance de rattraper des regrets, comme pour nous tous.

Un des tigres qui devait être leur chef parlait d'une voix posée à Nese, le menaçant à de nombreuses reprises en faisant grandir la peur en lui. C'est donc lui que je décidai de descendre en premier.

Je pris trois flèches de mon carquois dans un silence total et les encochai sur mon arc avant de les viser sur ceux qui entouraient Nese, griffes et crocs à l'air. Je pris mon temps pour inspirer et expirer et ajustai parfaitement ces trois flèches qui pouvaient faire des malheurs.