8.

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Je me réveillai à la douceur de rayons de soleil sur ma peau. Ces derniers s'étaient faufilés entre la cime des arbres à quelques pas de moi. Une amitié fidèle, d'une incroyable délicatesse.

Mon mal crânien me ramena cependant bien trop rapidement face à la réalité. Réalité rude lorsque ma main gauche me cria de cesser de l'utiliser pour me relever. Je n'eus que le temps de la cacher le long de mon corps avant d'apercevoir le tigre blanc se réveiller également.

Il reprit conscience bien plus rapidement que moi.

— Qu'est-ce qu'il s'est passé ? me demanda-t-il en se levant.

— Je n'en sais pas plus que vous pour l'instant...

Je jetai un coup d'œil rapide à proximité. Athéna et Esceryon reprenaient connaissance à leur tour, comme si nous avions tous reçu la même puissance de coup au même moment.

Leur grognement fit naitre en moi certains regrets. Je levai les yeux au ciel, lentement ; elle ne cessa d'accroitre.

Il était là ; perché sur sa branche au sommet d'un des nombreux pins qui nous entouraient.

Nese suivit mon regard et plissa les yeux afin de découvrir les traits sombres de l'homme sous sa cape noire.

— Qu'est-ce que...

C'est Esceryon qui tentait à son tour de voir l'agresseur posté dans les arbres.

Accroupi, la musculature de l'homme amenait à de larges épaules et des bras épais. Un corps que je ne connaissais que trop bien pour m'y être longuement attardée durant mon enfance. Curiosité qui avait à nouveau battu son plein pas plus tard que ce midi.

— Sors de ta cachette ! s'écria Nese pour tenter de le faire bouger. Montre-nous ton vrai visage, au lieu de réfléchir à ton prochain acte de lâcheté !

Je pus presque percevoir son sourire malicieux dans l'ombre de ce capuchon. D'une cruauté sans crainte, tout comme d'un amusement sans limites. Celui issu de nos regards effrayés tournés vers lui.

Quelques instants plus tard, il fit quelques mouvements pour se montrer sur une branche plus éclairée, à la lumière du jour. L'homme de la taverne était accompagné d'une majestueuse panthère noire. Celle-ci possédait des yeux émeraude qui me transperçaient le cœur, malgré la distance entre nous.

Pourquoi est-ce que tous les animaux anciens humains possèdent un tel regard transperçant ? pensais-je en regardant Nese sur ma droite.

Mais ce que je vis me fit bien plus peur encore que ce qui se trouvait au-dessus de nous. Le pelage de mon nouveau compagnon s'était humidifié par une mince couche de sueur. Dans ses yeux clairs, la peur. Paralysante et étouffante. Issue d'un élément que je ne pouvais encore comprendre.

Un élément qui se trouvait en fait juste sous mon nez.

Ces inconnus ne l'étaient apparemment pas pour eux. Était-ce la panthère qui le mettait dans cet état-là ? Avaient-ils une histoire ensemble ? Rien que de l'imaginer me donnait envie de vomir.

Nese réagit. Sa vivacité ne cessa de m'effrayer, son malaise tout autant.

— Esceryon ; Athéna !

Il fit un pas dans ma direction pour me jeter presque sur son dos et courut ensuite le plus vite possible suivit de nos deux autres compagnons, laissant Diego et le fauve au pelage noir loin derrière nous. Impossible pour moi de comprendre le fond de sa pensée. M'accrocher à sa fourrure fut la seule chose que je pus faire pour l'aider.

— Qu'est-ce qu'il se passe ? hurlais-je à Nese à travers le vent qui me fouettait le visage.

Aucune réponse. Il continua à tracer sa route au péril de sa vie. La rapidité à laquelle il le faisait me donnait de nombreux frissons qui me firent prendre compte de la vitesse de ma monture bien plus accrue qu'un cheval. C'était impressionnant. À voir comme à ressentir.

Warck - SurvivreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant