Warck - Survivre

41.

La route était longue et rude. Seul le vent alentour résonnait dans nos oreilles, car la tension était palpable. Je savais pertinemment que la relation entre Nese et moi n'y était pas innocente, mais je n'essayai pas de la changer pour autant. Je restai simplement là, à savourer ce silence pour me plonger dans ces habituelles pensées qui tournaient en boucle dans ma tête. Elles se trouvaient être toutes plus noires les unes que les autres, mais je ne pouvais les empêcher de divaguer vers la mort de ma mère qui avait bouleversé la vie de plus d'un. Si Line et Ariana parlaient de temps à autre pour essayer de détendre l'atmosphère, ni Nese ni moi n'avions la force de nous joindre à elles. De telles infanteries faisaient que leurs paroles mesurées retournaient peu à peu au silence original.

Nous ne nous arrêtâmes pas un instant sur la route, profitant des dernières étoiles qui peuplaient encore le ciel et essayant d'arriver le plus directement à la ville du métal. Ce n'est que lorsque les grandes portes de Méryme se dessinèrent au loin que la tension dans le groupe diminua légèrement. Le soleil commençait déjà à se lever dans un paysage florissant et je me permis un coup d'œil face à cette beauté naturelle.

Sur la route qui nous séparait de l'entrée, j'observai attentivement l'immense porte métallique qui se dressait de toute sa splendeur. Ce n'est qu'après quelques instants que je me rappelai son fonctionnement : à l'intérieur comme à l'extérieur de la ville, les marchands et citadins attendaient par groupe. Des gardes se trouvaient aux quatre coins de la porte pour vérifier chaque papier des voyageurs lors des heures affluentes. Mais en nuit ou en temps de guerre, la porte faisait elle-même le travail. Il vous suffisait de vous présenter pour qu'elle sache si vos intentions étaient mauvaises. La porte était faite d'un métal spécial qui était exploité dans les plus profonds souterrains sous le château. Cette initiative ne permettait aucune infiltration de la part des ennemis de la reine et son peuple. Cette construction était debout depuis plusieurs siècles déjà et sa réputation la précédait. Dans notre cas, la nuit prenait à peine fin et les gardes se dirigeaient vers leurs postes, ce qui donnait que nous allions devoir passer par la porte elle-même. Cela ne posait aucun problème, tant que les routes n'étaient pas chargées, car nos intentions étaient originellement bonnes.

— Attendez.

C'était Ariana qui avait prononcé ce mot. On lui obéit en s'arrêtant instantanément face à son ton incertain.

— La ville nous accueillera, pour cela, j'en suis sûre, car nous ne sommes pas des voleurs. Mais, avant d'y entrer, j'aimerais bien régler certains problèmes qui prennent une trop grande ampleur parmi nous. Nous ne pouvons pas continuer notre route avec une tension pareil alors... Diane, j'aimerais bien que tu t'expliques.

Elle se tourna vers moi, espérant quelque chose qui me paraissait au-delà de mes compétences.

— Devant tout le monde, ajouta-t-elle. J'espère que tu comprends que c'est surtout pour toi que je te demande cela.

Je lui jetai un regard noir. Je n'avais aucune envie de m'expliquer, et encore moins d'un sujet aussi délicat. Mais je savais que c'était la seule solution pour « alléger » l'ambiance. Elle insista, son regard implacable planté sur moi, me défiant de décliner sa demande, mais elle savait tout aussi bien que moi que je n'allais pas le faire pour le simple fait que c'était nécessaire à notre survie.

Je ne quittai pas son regard lorsque je prononçai les quelques mots suivants en les crachant d'une force arrogante.

— On m'a montré la mort de ma mère. J'ai compris par ces images certains détails que j'aurais peut-être préféré ne jamais comprendre.

Line et Nese levèrent les sourcils, ne s'attendant pas du tout à une telle nouvelle. D'abord le retour de ma sœur, ensuite des informations sur mon passé longtemps enfui. Les yeux du Kusinthas à ma droite ne faisaient que s'agrandirent. Si Nese savait que mes connaissances sur ma mère ne se résumaient même pas à un visage pour le lui avoir déjà expliqué dans ces soirées si plaisantes en sa compagnie, cela m'étonna fortement de savoir que cette Line en savait déjà aussi long sur moi. Combien de temps m'étais-je évanouie à la sortie de la montagne, déjà ?