22.

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Ma jambe, ma main, mon ventre. Mon corps entier me faisait souffrir. Sans compter mes bras, qui fourmillaient de crampes pour le manque de circulation du sang dans ces deux parties de mon corps.

Je regardai au-dessus de ma tête en grimaçant. Des chaînes me retenaient les poignets en étant elles-mêmes attachées à un anneau cloué au mur dans mon dos. Je me trouvais pendue à une dizaine de mètres au-dessus du sol, les bras en allongement de mon corps meurtri.

Il faisait extrêmement sombre et je n'arrivais pas à voir personne autour de moi. C'est seulement lorsque mes yeux se furent habitués au noir que je détectai Nese à cinq pas de moi. Il était suspendu contre le même mur. Plusieurs de ses blessures avaient été bandées, mais tellement mal que nous ne pouvions pas appeler cela être soigné, tout comme mes propres blessures.

Un coup d'œil compliqué pour ma main gauche m'affirma que le poison n'avait pas encore pris de la marge, mais rester dans cette cellule affirmait sa poursuite le long de mon poignet.

La prison dans laquelle nous étions devait faire un six mètres carré et l'odeur qui s'en dégageait me fit frissonner : de la peur, du sang ainsi qu'un profond relent de pourriture. Il n'y avait personne d'autre autour de nous, et honnêtement, cela me soulageait. Voir Athan et Athéna suspendus à un anneau métallique, identique au nôtre, m'aurait rendu folle. Je m'étais juré de les protéger et cela été uniquement de ma faute si je les avais retrouvés là. Nous étions comme une famille. Une petite famille qui se protégeait les uns les autres. Depuis que le groupe avait grandi, j'avais de plus en plus pris sur moi et je ne me serais jamais pardonné de les voir là.

Il n'y avait que Nese.

— Je suis désolée, dis-je en le surprenant tout à coup à me dévisager.

— Tes blessures ne guériront jamais..., gémit-il en voyant mes muscles bandés au maximum et ma peau plus que pâle.

On était tous les deux dans le même pétrin. Mais lorsque la lueur dans son regard changea lorsque le recroisa après sa plainte pour ma souffrance.

Il n'était pas déçu de notre échec. Il ne regrettait pas se retrouver là, ensemble, avec une espérance de vie si faible que j'en riais d'avance. Il était avec moi en toute liberté et continuerait de me suivre lorsque nous sortirions d'ici.

Comment pouvait-il encore avoir espoir ? Quelques jours à peine et la mort nous avait déjà frôlé plus d'une fois, avait déjà frappé plusieurs de nos amis et elle continuait de nous poursuivre malgré cela !

Mon regard fourcha sur le coin en bas à droite de l'étroite cellule. Une petite fille, de six ans tout au plus, se trouvait au sol, recroquevillée sur elle-même, effrayée. Elle était sale et tremblante de froid. Des menottes lui entouraient également les poignets, mais celles-ci n'avaient pas l'air d'être reliées au mur. Sa position m'empêchait d'en voir plus ; la colère qui naquit en moi me fit promettre de l'emmener avec nous. Si nous arrivions à sortir d'ici vivants, évidemment.

Au loin, un soldat cria :

— Nuit !

Une petite planche en bois sortit du mur au niveau de mes genoux par un mécanisme que le garde s'activa à enclencher.

Elle devait faire cinq centimètres tout au plus, mais y mettre ses pieds pour reposer tous les membres de mon corps fut un total soulagement.

— Tu ne m'as pas parlé de ta main.

Cela faisait déjà un moment que j'attendais ses reproches et les avoir dans un endroit aussi lugubre ne me dérangea pas plus que cela.

Je ne pus pourtant m'empêcher de sourire en voyant le début de cette grande discussion sur ce débat que nous aurions déjà dû avoir depuis longtemps. Ma blessure me tenait toujours en respect. Je n'avais cessé de mettre de la pommade dessus, tout cela dans les rares secondes où je me retrouvais seule.

Warck - SurvivreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant