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Nos amis rentrèrent enfin de leur défoulement. À peine arrivée, Ariana remarqua immédiatement la tension perçante entre Nese et moi. Elle m'offrit un regard rempli d'amour tandis que je lui renvoyais un faible sourire.

L'ambiance entre Line et le brun était plus détendue, et ils se permettaient tous deux des taquineries amicales comme des amis d'enfance. Je niai totalement ce rapprochement si soudain, et m'intéressai nonchalamment aux flèches que j'avais préparées la veille.

— Prêt ? demanda Ariana. Rapprochez-vous.

J'enroulai une fine corde autour d'une cinquantaine de flèches de bois et plaçai le fagot sous mon épaule. Je me rapprochai ensuite du groupe, et chacun entoura ma sœur.

— Touchez-moi l'épaule ou le bras.

C'est ce que l'on fit. Sauf Nese, qui s'arrêta juste avant le contact. Il nous dit d'une voix curieuse :

— J'entends des pas. De nombreux pas. Des chevaux.

Il se redressa. Et chacun fit pareil. Je tendis également l'oreille et me rendis compte de la gravité de la situation.

— Une cavalerie, précisais-je en fermant les yeux pour me concentrer. D'un nombre incalculable pour moi.

Chacun sortit les armes pour tourner le dos à Ariana, la protégeant d'une quelconque attaque-surprise. Tous en position de combat, le regard voyageant aux alentours cherchant le moindre signe de vie. Mon cerveau tourna à une vitesse accablante : ils avaient retrouvé les corps, malgré notre cachette minutieuse. Ils venaient en nombre.

Les pas se rapprochèrent encore, assourdissants. Ce n'est que lorsque j'aperçus un blason rouge et or à travers les arbres de ma sœur que me détendit enfin. On se calma même tous en baissant enfin les armes.

— L'armée des Lions, soupirais-je de soulagement.

Nous étions sauvés.

On se dirigea joyeusement vers l'armée en les rejoignant après être passé à travers les grands êtres. Les premiers cavaliers descendirent de leurs chevaux leurs casques de métal à présent dans leurs bras. Ils possédaient tous ce regard sûr et dur. Celui qui se retrouvait une nouvelle fois en guerre. Mais ce rassemblement était jouissif pour chacun d'entre nous, c'était certain.

La première qui arriva à notre hauteur jeta son heaume à côté d'elle sans cérémonie pour me prendre dans ses bras.

— Diane. Il en a fallu du temps pour qu'on se retrouve.

Je rigolai en m'écartant.

— Aidlyr, je craignais que vous n'arriviez jamais.

— Tu rigoles ? Dès que j'ai eu ta lettre, chacun a reçu l'ordre de trouver un cheval pour se rendre aux plats plateaux d'Épandra à toute allure. On s'est rejoint petit à petit en chemin.

— Vous vous étiez séparé ?

— Qu'est-ce que tu croyais ? Après la mort de Hémon, le départ d'Athéna et le tien, plus personne ne savait quoi faire. On a fini par se mettre d'accord pour que, malgré la fidélité immortelle envers l'armée des Lions, chacun rentre dans son foyer jusqu'à nouvel ordre. Différents groupes se sont formés pour les plus seuls d'entre nous. Je me suis décidée de rester parmi eux ; c'était le moins que je pouvais faire pour garder notre nom intact. Lorsque nous avons reçu ta lettre, chacun eut la charge d'alerter tout ancien combattant avant de se rendre aux plats plateaux d'Epandra. Nous avons parcouru deux royaumes presque entiers aux galops en t'amenant l'intégralité de l'armée.

— La rapidité à laquelle vous êtes arrivés est assez impressionnante, il n'y a pas à dire.

— Pour qui nous prends-tu ? Tu nous as toi-même formés !

Warck - SurvivreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant