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Sa voix claire me laissa de marbre.

Peut-être même autant que l'étincelle de malice dans son regard clair. Celui qu'il posa sur moi dénué de toute agressivité, de toute malveillance.

Seulement un homme. Beau et plein de vie, d'une sérénité limpide.

— Je m'excuse si je vous ai causé du tort, madame.

Je n'osais pas me retourner, de peur de croiser le regard de mes amis dans lequel se liraient incompréhension et impuissance. Accentuer ma propre crainte face à la perfection sous mes yeux n'était pour l'instant pas nécessaire.

Comment pouvait-il être si jeune ?

— Me suis-je montré opportun ? continua Diego.

Sa question glissa sur mes tympans avant de s'en aller sans y laisser de traces. J'étais submergé par la supériorité que dégageait son être.

Il ne pouvait pas... être si jeune.

— Je... Non, bien sûr que non !

Il pourrait avoir le même âge que moi !

— Je vous ai simplement confondu avec un autre voyageur qui s'asseyait également là, et cela depuis aussi longtemps que j'y ai mis les pieds.

Ses sourcils se haussèrent de surprise, un amusement put se lire sur ce livre.

— Il y a bien longtemps que je me rends ici, en effet. Je me souviens même de vous lors de vos premiers pas dans cette auberge, avoua-t-il.

Ma gorge se noua, ma mâchoire se serra. Son corps détendu contrastait tellement avec ma main tremblant encore sur le manche de ma lame que je n'arrivais toujours pas à lâcher.

Il dégageait à la fois une profonde joie et une certaine angoisse. Mitigé entre différents avis, pas de doute sur le fait que c'est bien moi qui le préoccupais autant.

— Comment alors pouvez-vous être... si jeune ?

Il eut un léger rire qui me fit rougir.

Riait-il de ma naïveté ?

— Je suis un dieu, l'amie !

Mon ventre ne cessait de se tordre d'inquiétude. La sociabilité de cet homme était si pure. Excepté son regard fuyant quelques brèves secondes, il dégageait une telle réjouissance que je ne pouvais que me forcer à me détendre.

— Un... dieu.

Je déglutis un instant, repris le temps d'observer ses traits, ses épaules, son torse puis ses jambes et pour finir, ses pieds.

Sa cape laissait à présent apparaître une chemise s'ouvrant légèrement sur une musculature parfaite due à une série de longs entraînements. Il portait par-dessus un haut noir de cuir souple fendu en deux jusqu'à sa ceinture de tissu blanc accrochée par un centre doré en losange. Puis un pantalon aussi sombre que la cape, conclu par une paire de chaussures presque allongement de son bas, de même couleur, pourtant détaillé par plusieurs touches d'or raffinées.

Il dépassait de loin le dieu à l'allure voyageuse recherchant gloire et pouvoirs. Il dégageait plutôt une mélodie royale, aux airs dominateurs.

— Vous possédez la... ?

J'avais lâché mon épée pour désigner mon poignet gauche, comme incapable de prononcer la suite.

— La Marque ? cessa-t-il un instant de sourire pour s'assurer de mes intentions.

Je hochai lentement de la tête, anxieuse.

La marque était la source même de leur pouvoir. Légère, presque transparente, lorsqu'une nouvelle vie vous était offerte, puis de plus en plus marquée au fur et à mesure de l'amélioration des pouvoirs. Ce tatouage similaire sur chaque poignet des revenants se différenciait uniquement par les caractéristiques qui leur avaient été offertes. Des caractéristiques qui variaient selon les trois groupes respectifs et qui apparaissaient suite à l'acquisition de ce pouvoir distinct.

Warck - SurvivreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant