23.

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La salle du trône était gigantesque.

Ornés de pierres précieuses, d'or et de velours aux couleurs vives, les quatre coins de la pièce ressemblaient à un trésor entier.

Même les gardes avec leur armure étincelante s'accordaient parfaitement avec les lustres qui nous entouraient.

Une ambiance royale, mais surtout légère où on vit avec le sourire, si nous ne nous trouvions pas enchaînés comme du bétail.

— Votre majesté, dis-je en m'abaissant aussi bas que me le permettait ma souffrance.

Je fus rapidement imitée par Nese à mes côtés.

— Bienvenue dans mon humble demeure, se permit de nous dire Phares en faisant un geste gracieux de sa main gauche.

Il se leva de son trône et s'approcha à pas lent de nous. Ses vêtements soyeux et parfaitement repassés reflétaient des tons rouges et dorés. Ses cheveux brun foncé étaient également parfaitement coiffés, tirés vers l'arrière pour adoucir leur volume. Ses yeux, également bruns, perçaient chaque visiteur de sa supériorité, ce qui me rappela à quel point je le détestais.

— Diane Warck, me dit-il, la dernière fois que je t'ai vue, tu avais plus d'une arme à la main et tu tuais un par un mes hommes les plus expérimentés à des dizaines de kilomètres de là.

Il avait en effet fait une petite visite surprise il y a un environ un an de cela où nous avions perdu un dixième entier de notre armée.

À peine fut-il devant nous qu'il se dressa de toute sa hauteur avant de vérifier que sa couronne était toujours bien en place sur sa tignasse brune.

— Mais maintenant. Tu te retrouves agenouillée devant un homme que tu haïs pour la mort de nombreux de tes amis. Sans armes et sans honneur.

Il baissa légèrement son regard vers moi, à un cheveu près d'en faire tomber sa couronne et je levai le mien vers lui.

— Et attachée comme une moins que rien, termina-t-il.

Je me tus. Sachant que la moindre parole pourrait accentuer sa joie de me voir ligoter à ses pieds.

— Odin a fait du bon boulot, il faut bien l'admettre. Et maintenant, j'imagine que tu penses que tu vas mourir atrocement dans les profondeurs de ce château que tu connais à peine.

Je baissai les yeux au sol, indignée par cette déclaration qui était vraie.

— Mais ton heure n'est pas encore venue, dit-il avec un sourire qui s'élargissait au fur et à mesure de son monologue. Tu es une combattante aguerrie, pleine de force et remplie d'une jeunesse précieuse. Ce serait une perte inutile de te tuer. Et ton ami aussi, vu ce que m'a rapporté Odin de votre combat.

Je gardai les yeux rivés au sol, attendant la suite de cette révélation.

— J'ai besoin de bien plus d'hommes si je veux pouvoir vaincre la puissance brute qu'est la ville du métal et devenir un grand seigneur. Et j'ai fortement l'impression que tous ces marchés avec les dieux ne sont qu'un petit bénéfice de quelque chose de bien plus grand.

Je compris enfin où il voulait en venir. Je connaissais assez bien les nombreuses coutumes qu'avait installées Phares dans son royaume, à force de les avoir étudiées avec Hémon et Athéna.

Hémon...

Je levai enfin la tête pour le regarder droit dans les yeux. J'aurais pu lui dire non immédiatement, sans en parler avec Nese, mais je devais encore réfléchir à sa proposition des plus généreuse. C'est pour cela que je lui posai tout de même la question :

Warck - SurvivreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant