Warck - Survivre

17.

Suite aux ordres de Diane, nous nous séparâmes en deux groupes distincts ; d'un côté elle ainsi qu'Athan, et de l'autre, Athéna ainsi que moi.

Je maudissais Diane de m'avoir refilé le moulin à parole. J'avais toujours préféré le calme et la tranquillité à beaucoup d'autre chose, mais je ne pouvais plus me permettre d'apprécier une telle chose avec les temps qui couraient.

J'aurais évidemment préféré aller avec elle, mais ça, elle n'avait pas besoin de le savoir.

À peine nous fûmes partis qu'Athéna me parla de certaines robes qu'elle voudrait acheter. Je l'écoutai d'une oreille peu attentive en continuant d'avancer et vérifiant que personne ne nous suivant. Les gens n'avaient plus l'air de faire attention à nous comme au dernier village et cela me fit plaisir de ne plus être au centre de l'attention de tous ces villageois.

On tourna à droite, puis à gauche, tout en longeant les murs — légèrement crasseux par tous les passages des gens —, nous nous enfonçâmes dans une énième petite ruelle.

Athéna, comprenant que je ne l'écoutais pas, se tut. Ce n'était évidemment pas pour me déplaire, mais empêcher une femme de parler avait toujours des conséquences plutôt rudes à endurer.

Juste avant d'arriver sur la grande place du village, certaines voix plus distinctes parvinrent à nos oreilles. Des voix que j'aurais certainement bien voulu totalement oublier. Je collai Athéna contre le mur juste à côté de nous, mon avant-bras sur son ventre. Je mis mon index sur ma bouche pour lui inciter le silence. Elle ne chercha pas à comprendre pourquoi, simplement étonnée de voir ma main appuyée sur son ventre pour appuyer son corps sur le mur à côté de nous et se tut.

Je remerciais Diane intérieurement, pour lui avoir appris à se taire quand il le fallait.

Je regardai discrètement d'où venaient les voix et je ne fus pas surpris de découvrir neuf tigres blancs en train de partir chacun de leur côté et d'effrayer les passants qui couraient sur la grande place à la recherche d'un quelconque refuge.

Ce que ceux-ci ne savaient évidemment pas, c'est qu'ils n'avaient rien à craindre de ces redoutables prédateurs... tout le contraire de moi.

Lorsque je compris qu'un tigre se dirigeait vers nous assez rapidement, mon cerveau réagit aussi vite que possible pour trouver une solution à ce problème

— Rentre dans mon jeu, dis-je clairement à Athéna sans que le tigre familier ne puisse m'entendre.

Elle leva les sourcils, ne comprenant pas où je voulais en venir. Mais je ne lui laissai pas le temps de poser des questions qui nous trahiraient.

Je posai une main dans sa nuque et une main sur ses hanches avant de ne plus hésiter un seul instant pour poser mes lèvres sur les siennes.

Je n'avais pas embrassé beaucoup de filles durant ma vie, mais ce n'était pas vraiment à cela que je pensais en ce moment... et la peur ne put s'empêcher de monter lorsque le tigre des montagnes atteint notre hauteur.

Mais c'est seulement lorsqu'elle remarqua qu'il y avait un tigre à côté de nous qu'elle rentra parfaitement dans mon jeu.

Elle se dégagea légèrement de mon étreinte et me dit :

— Oh, Nes', tu ne veux vraiment pas me ramener chez moi ? Je n'aime pas rentrer toute seule...

— Mais chérie, on est l'après-midi, rien ne va t'arriver ! plaisantais-je en lui offrant mon sourire le plus charmant.

— Et qu'est-ce que tu en sais, toi ? dit-elle avant de faire mine de bouder en gonflant ses joues.

Elle jouait parfaitement son rôle de petite fille parfaite qui obtient toujours ce qu'elle veut, c'était presque à douter de sa vraie nature.