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Je n'avais pas réussi à m'endormir cette nuit, l'étant retournée et retournée dans mon lit, sans succès. Alors j'avais décidé de descendre et prendre l'air. À peine étais-je arrivée en bas que j'aperçus Nese, assis, seul à une table, les coudes sur la table et le menton posé sur ses mains qui ne formaient plus qu'un même poing. Il réfléchissait paisiblement, et j'étais gênée de le déranger en pleine méditation. Mais dès qu'il m'aperçut, il releva le menton et un sourire éclaira son beau visage.

— Pour quelle raison une belle jeune femme se promène-t-elle seule en plein milieu de la nuit ?

— Pour la même raison qu'un beau jeune homme se retrouve tout seul accoudé à une table d'auberge, alors qu'il n'y a plus personne... à une heure du matin.

— Insomnie ?

— Insomnie, acquiesçais-je.

Deux sourires naquirent similairement de chaque côté.

— Ça te dirait de prendre l'air ? Je m'ennuie à mourir, seul dans cette auberge.

Il se leva sans attendre ma réponse, bien déterminé à faire autre chose que voyager dans son subconscient.

On sortit de cette maison où Athan et Athéna dormaient encore paisiblement et on se balada côte à côte dans les rues de ce petit village, seulement éclairé de la faible lueur de la lune.

Alors qu'on descendait une ruelle assez étroite, il me demanda :

— Pourquoi tu ne dormais pas ? C'est à propos d'Athan ?

Je fis la moue.

— En effet. Mais s'il te plaît, j'ai assez parlé de cela aujourd'hui. Tout ce que je veux c'est me changer les idées.

Il hocha la tête pour me faire comprendre qu'il avait compris, et on s'engagea dans une ruelle un peu plus éclairée.

— Si tu évites ce sujet-là, on peut reprendre le sujet précédent là où on l'avait laissé...

Je repensai une nouvelle fois à tout ce qui s'était passé dans l'arène au château de Phares.

— C'est la deuxième raison de mon insomnie.

— Toutes ces questions auxquelles on ne peut pas répondre, hein ?

Je soupirai de désespoir.

— C'est assez frustrant. Mais comme tu l'as dit, qui sait ? Peut-être que pendant la suite de cette aventure nous trouverons les réponses à toutes ces questions.

J'avais fini par accepter la sagesse de ses mots, même si la patience n'est pas mon point fort.

— Donc pas ce sujet-là non plus à ce que je vois, dit-il pour blaguer.

Je rigolai.

— Non, si possible.

— Alors je vais te poser la question pour ne pas me torturer davantage. De quoi veux-tu qu'on parle ?

Je réfléchis un instant à cette question toute simple qui allait faire notre soirée.

— Le futur.

Il acquiesça.

C'était un sujet plutôt vague duquel nous n'arrêtions pas de parler.

— Depuis que nous avons rencontré Dieugo, depuis que nous savons que l'armée des tigres — et l'armée de Phares maintenant — nous poursuit, aller à Méryme est devenu indispensable, commença-t-il. Nous sommes trop à couvert en traversant le royaume entier sans but précis à part survivre et trouver des alliés...

Warck - SurvivreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant