15.

209 19 26
                                    

Je me réveillai en sursaut, mes pensées brouillées par la mort des dizaines d'êtres qui me sont ou m'étaient chers.

Je m'essuyai le front du revers de la main droite et mis rapidement de la pommade sur la gauche. Je me levai ensuite et replaçai chaque arme à son emplacement initiale. Je fus légèrement curieuse de ne pas sentir la chaleur et l'adrénaline de mon cauchemar s'évaporer, mais cela ne m'inquiéta pas plus pour le moment.

Je jetai un coup d'œil vers Nese qui dormait encore avant de regarder le visage de mon amie, éclairé par les premières lueurs du soleil matinal.

Elle était paisible, sans crainte. Elle rêvait certainement et cela me réchauffa le cœur de voir cela. Il y eut malgré tout ce détail qui vous fait toujours froncer les sourcils. Si son expression me montrait qu'elle était en paix intérieurement pour le moment, une légère couche de sueur recouvrait son visage encore jeune. Presque imperceptible.

Elle me fit pourtant marquer un temps d'arrêt qui me glaça le sang.

Un doute. Infime, mais bien présent.

Je passai ma main sur mon propre front comme il y a quelques instants et ne fus pas étonnée de retrouver de nouvelles gouttes de sueur sur les bouts de mes doigts. Ma chaleur corporelle n'avait toujours pas baissé depuis mon réveil ; nous ne pouvions plus attendre.

Je réveillai le plus rapidement possible Athéna et me ruai vers le lit de Nese pour faire de même. Ils grognèrent chacun à leur tour en me demandant ce qu'il se passait, mais je ne me permis pas de leur offrir une explication qui était peut-être fausse et qui nous ferait perdre du temps inutilement.

Je sortis en trombe de la pièce et jetai des coups d'œil rapide autour de moi. Des cris étouffés me parvinrent plus clairement et le crépitement d'un feu me parvint également aux oreilles. La chaleur beaucoup plus écrasante que dans la chambre ne fit que confirmer mes soupçons et je n'eus pas besoin d'expliquer mes craintes à mes compagnons qui comprirent rapidement par eux-mêmes.

Je courus vers la première porte pour la défoncer d'un bon coup de pied et entrer sans gêne dans la chambre du voyageur qui s'y trouvait.

Ils se réveillèrent instantanément et je leur criai d'enfiler n'importe quoi au plus vite avant de courir vers la sortie.

D'autres bruits de portes qui s'ouvrent se firent entendre derrière moi et je compris que Athéna et Nese m'avaient suivie lorsque l'un des deux se mit à hurler dans les couloirs :

— Debout tout le monde ! Que chacun sorte de sa chambre et se dirige vers la sortie !

Elle ajouta même que ceci n'était pas un exercice et je ne pus m'empêcher de sourire en la revoyant dans son rôle de commandante en chef.

Ce fut bientôt le raffut total et tout le monde criait dans tous les sens en paniquant et en se ruant vers la sortie. J'essayai d'en calmer certains, mais compris rapidement que cela ne faisait que les ralentir et les empêcher de retrouver l'air frais du matin.

Je cherchais mes deux amis dans cette foule de voyageurs en folie lorsque je tombai nez à nez sur un homme qui m'observait en se demandant sûrement ce que je faisais là. Je l'observai également un instant et ne pus m'empêcher de remarquer ses manches retroussées d'une bonne dizaine de centimètres. C'est grâce à cela que je pus voir la marque des dieux sur son poignet gauche.

Marque qui m'indiqua également son groupe ; les Achidels. La foudre, la neige, le sable, la lumière et la transparence à travers ces matières. Aucun rapport avec les pouvoirs de Dieugo.

Je sortis doucement mes armes dans mon dos pour les placer devant moi, prête à n'importe quelle éventualité.

Ses yeux bruns cachés par une épaisse mèche de sa chevelure également brune me regardèrent un instant comme si mes gestes n'étaient que folies, mais il plaça rapidement ses puissantes mains devant lui en reculant également son corps face à mon geste.

Warck - SurvivreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant