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Arrivés face aux longues et lourdes portes de la demeure royale, les gardes ne nous jetèrent qu'un faible coup d'œil avant de nous laisser entrer sans davantage de paroles. Cette attitude de leur part me fit penser que notre arrivée dans la ville avait déjà été annoncée à Sa Majesté.

Six gardes nous suivirent pour nous escorter à travers plusieurs longs couloirs spacieux. Des statues et des tableaux, des peintures, gravures, ainsi que de nombreux objets surprenants dont je ne serais même pas dans la capacité de citer.

Je souris face à ces murs familiers et observai attentivement notre parcours pour comprendre notre destination. Ce ne fut qu'une fois à l'extrémité des cachots que je réussis à me détendre et à reconsidérer les intentions de notre hôte.

Nous nous arrêtâmes quelques instants plus tard devant une porte qui se trouvait être presque de la même taille que celle à l'entrée. Ses détails exagérés et ses couleurs royales me firent ricaner, mais je ne commentai pas l'allusion des gardes pour leur obligation d'admirer la richesse du palais. Nous n'étions pas de simple visiteur ; ils le savaient sûrement déjà. Mes quelques passages avaient marqué nombre d'entre eux ; ceux-ci s'obstinaient néanmoins de nous faire comprendre la puissance unique de cette ville. Un garde supplémentaire qui travaillait paisiblement à l'arrivée de l'entrée s'étendit pour attraper la poignée de la porte et nous l'ouvrir. Il se replaça ensuite au garde-à-vous sans oser nous jeter l'once d'un regard supplémentaire.

On avança à pas sûrs dans la salle du trône où la reine nous attendait patiemment, assise royalement le dos droit sur son trône d'or et de velours. Sa Majesté était habillée d'une longue robe bleu clair lisse et rayonnante, excepté son léger col de dentelle d'une couleur plus sombre. Une lourde cape de ce même bleu se posait parfaitement sur ses épaules pour se placer à sa gauche jusqu'à ses chaussures vernies virant au blanc. Une couronne d'or se tenait parfaitement sur sa coiffure sombre sans le moindre épi sans pour autant l'abîmer. Resplendissante, comme toujours.

La fille du renommé Xémur se leva tandis que nous approchions à pas lents de son trône royal. Ce choix et son regard surpris n'échappèrent pas à mes nouveaux yeux de félins. Une once de crainte passa furtivement dans son regard habituellement calme, et je ne pus m'empêcher de froncer les sourcils face à cette émotion inhabituelle de sa part.

— Je suis étonnée de voir que tu as encore le culot de te présenter ici, dans mon humble demeure, dans mon humble ville, dit-elle alors que nous nous mettions tous les quatre à genoux les uns à côté des autres en une ligne parfaite de révérences. Mais tu es là, avec trois de tes amis, malgré tes précédents refus pour mon offre et malgré cette nouvelle apparence.

Son regard se fit davantage supérieur, plus ténébreux.

— Ma reine, dis-je sans relever la tête. Ma présence ici est plus que nécessaire pour cette ville comme pour moi et mes amis.

— Pour toi, je peux l'imaginer. Tu dois certainement avoir des légions entières à tes trousses après la découverte de ton nouveau corps. Mais pour ma ville ? s'exclama-t-elle calmement avec un sourire narquois. Cela, je ne peux le croire.

— J'ai des renseignements sur Phares qui vous seront nécessaires pour votre combat contre lui, insistais-je.

Je sentis Nese se crisper à côté de moi. Je ne lui avais pas parlé de ma stratégie pour convaincre la reine de nous faire confiance.

— Cette crapule ! s'exclama-t-elle en se mettant à faire les cent pas devant nous. Il a toujours eu le don pour me mettre de mauvaise humeur dans des jours qui commençaient si bien...

Elle soupira presque d'un faux désespoir face à sa colère instantanée.

— Mais soit, si tes informations s'avèrent être utiles, j'assouvirais tes demandes si cela ne me cause pas de trop grandes pertes.

Warck - SurvivreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant