Warck - Survivre

4.

— Athéna ?

J'entrai dans sa tente avec crainte, de peur de déranger ou d'assister à une quelconque scène peu agréable à justifier.

— Mmmh... ?

Seule sous un drap fin, les yeux peinant à s'ouvrir. Elle bâilla une longue fois puis me jeta un regard mou.

— C'est déjà l'heure de partir ?

Je lui souris amicalement, lui préparant un bol d'eau fraiche pour se rincer le visage.

Elle ne possédait pas beaucoup plus de possessions que moi, voire quelques bijoux en moins ; contrairement à moi, son humilité dépassait amplement un bureau, un haut meuble pour ses armes et vêtements. Elle appréciait la richesse et l'éclat qu'il en résultait.

Sa couche était plus épaisse, son coussin plus rembourré. Les robes de bals, les diadèmes. Si elle n'appréciait guère le système social, la vie des plus aisés que nous l'avait toujours attiré, aucun doute là-dessus.

— Laisse-moi quelques minutes, et je te suis !

Sa voix pâteuse ne joua pas en sa faveur, je la laissai pourtant se changer à son aise et sortis de sa tente pour l'attendre à la sortie.

J'avais enfilé toutes mes possessions, préférant ne rien laisser derrière moi ; allant jusqu'à replier l'entièreté de ma loge pour éviter de laisser trop de travail aux derniers gardes qui s'en iraient aujourd'hui.

Certains s'étaient déjà mis à la charge, mais la plupart, tout comme Athéna, dessaoulaient encore de la veille.

— Excuse-moi, je ne croyais pas dormir autant.

— Ne t'inquiète pas, lui répondis-je. Il n'est même pas encore sept heure, je suis simplement notre programme.

— Est-ce que... tu as vu Hémon ?

Je ne pus m'empêcher de sourire face à la teinte rosie de ses pommettes. Leur relation n'était un secret pour personne, sa réaction ne pouvait qu'être décuplée d'ironie.

— Je l'ai croisé ce matin, il avait l'air de vouloir nous dire au revoir en personne.

À peine eus-je le temps de terminer ma phrase que notre ancien roi se planta à nos côtés, dénué de toute arme ou cape qui insistait la plupart du temps sur la guerre qui nous entourait.

Car elle avait pris fin.

Le contrat entre les deux frères s'en était chargé.

— Et je tiens parole, rit-il en nous voyant nous retourner de surprise face à son arrivée silencieuse. Je vous souhaite bon voyage, les filles.

L'hésitation de garder cette distance respectable entre nous put se lire sur son visage. Une certaine envie adopta également ses traits, et je crus qu'il ne s'avancerait jamais.

Il nous prit dans ses bras chacune à notre tour, sans tarder plus chez l'une ou chez l'autre, par simple principe.

— Bon retour chez toi également, lui dis-je après m'être détachée de son étreinte.

M'entendre passer du statut de roi à celui d'ami l'apaisa un instant.

— Je te remercie, j'espère m'y habituer rapidement.

— Au château et aux lits moelleux ? s'exclama Athéna en faisant disparaître la dernière gêne qu'il lui restait. Crois-moi que cela ne devrait pas prendre trop de temps.

Il ria doucement à sa tentative humoristique, son addiction au luxe et au confort n'était un secret pour personne. Son besoin de liberté et du grand air passait pourtant bien avant ces goûts minutieux, c'était bien pour cela qu'elle n'avait toujours pas changé d'avis sur le compte de rester avec son amant.