Le Col sur lequel nous étions était en fait une grande plaine rocailleuse. S'il était près du ciel, il ne pouvait malgré tout pas en profiter, car les éclairs ne faisaient pas partie de ses nombreux pouvoirs.
On atteignit enfin le sommet. Le personnage imposant qu'était Dieugo nous observa un instant, à distance respectable. Son calme était effrayant ; son sourire narquois encore plus. Il jeta la cape qui lui recouvrait les épaules, nous laissant le temps d'observer ses précieux tatouages. La marque des dieux se trouvait par-dessus ceux-ci, sur les veines de son poignet.
Il nous laissa le dévisager et fit de même. Il n'avait pas changé : ses cheveux châtains presque blond cachant toujours son front. Ses yeux clairs toujours aussi ténébreux et mystérieux. Il ne portait qu'un simple pantalon léger, ample à certains aspects. Des chaussures simples d'apparence agréables emprisonnaient ses pieds.
Prévoyant, Nese tapa sa queue sur le sol d'où en sortit la flamme habituelle. Je m'abaissai donc derrière lui pour la frôler du bout des doigts, ne préférant pas sous-estimer l'ennemi. Mon corps entier prit feu et une nouvelle puissante magie monta en moi, familière. Elle prit possession de la moindre parcelle de votre corps et je m'habituai à son contact, comme de vieux amis.
Ce fut Dieugo qui se tenta aux complications de l'art de la parole.
— Je t'ai observée ; ces derniers temps plus que jamais.
Je sortis mes épées de leurs fourreaux, prenant son air joyeux comme réelle menace. Sa présence à lui-même était une réelle menace. Sa voix grave, charmeuse, mais surtout extrêmement apaisée ; il était serein, assuré.
— La façon dont tu as battu la Terreur, dans la ville de Méryme, c'était... impressionnant. Et très instructif. Que tu puisses me tuer m'a évidemment effleuré l'esprit de nombreuses fois à cause de ton image dans la vision de l'autre folle.
Qu'il parle de la sorte de la voyante me titilla. L'avait-il tuée une fois la vérité révélée ? Je ne pouvais imaginer la colère et la folie que mon adversaire avait dû ressentir lorsque celui-ci avait aperçu sa propre mort.
— J'ai dû alors prendre certaines précautions qui n'auraient pas dû être nécessaires si tu n'avais pas eu des parents aussi puissants.
Ses paroles m'atteignaient à peine : j'étais concentrée. À chaque muscle que Dieugo bougeait, mon corps se tendait dans son intégralité et ma poigne autour de mes lames se resserrait. Ma concentration était telle que s'il me lançait une attaque de grande ampleur dans les secondes à venir, j'étais capable de l'éviter. Et je pouvais vous assurer que ce n'était pas gagné avec un tel homme en face de vous.
Mais, il n'attaqua pas ; pas tout de suite en tout cas. Je voyais ses yeux bouger sur les moindres parties de mon corps, exactement comme je le faisais en ce moment même. Il n'avait pourtant aucune raison à avoir peur de moi. Ou peut-être était-ce pour une tout autre raison ?
Mon corps était immobile, en position de combat. Je patientai, cherchant le moment propice pour me mouver. Il était encore bien trop loin pour que je me jette sur lui ; patience. Il connaissait mes points faibles et mes points forts peut-être même mieux que moi-même.
— Sache que si tu n'attaques pas en première, je le ferai et crois-moi, je ne pense pas que tu apprécieras. Alors... prends ça comme une faveur d'un ami de longue date.
Je fronçai les sourcils. Depuis combien de temps m'espionnait-il ? Il m'avait déjà dit par le passé que je n'avais aucun secret pour lui. Devais-je en conclure que depuis ma plus tendre enfance, il était là ? Rôdant autour de ma famille comme un lion observant sa proie ? Non, il était présent avant même ma propre naissance. Il avait assisté à tout. Mes entraînements avec mon père, mon séjour à Méryme, mon rôle de général dans l'armée des Lions. C'était à se demander s'il ne connaissait pas mes sentiments en ce moment même. C'était effrayant, répugnant.
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Warck - Survivre
Paranormal~Tome 1~ Un début d'aventure... menaçant. J'aurais peut-être dû y être préparée, en tant qu'ancienne générale principale de l'armée des lions. Cependant, plus nous avançons sur la route vers Méryme, moins j'ai l'impression de comprendre ce qui nous...