Warck - Survivre

45.

37.

Une vingtaine de minutes plus tard, les trois compagnons de route nous rejoignirent dans le noir de la nuit sur des chevaux différents. Je ne pris pas la peine de demander où ils les avaient trouvés.

— J'espère que le temps ne vous a pas paru trop long, nous dit Tiral. Nous nous sommes permis un petit détour aux écuries.

Je souris à celui-ci sous le froncement de sourcil de Nese.

— Et regarde ce que j'ai trouvé !

Il me lança une boite en forme de cylindre attaché d'une lanière ainsi qu'un carquois noir possédant de nombreuses flèches à pointes de métal.

Je fronçai les sourcils face à cette trouvaille.

— Comment as-tu trouvé cela ?

C'étaient mes affaires. J'en étais certaine. Le D et le W luisaient aux rayons de lune. Elles étaient pourtant censées se trouver sous les nombreux décombres qu'avait produits l'effondrement de la montagne. Elles n'avaient donc rien à faire ici.

— C'était accroché à la selle de l'étalon noir sur lequel je me trouve. Il appartient à un voyageur qui a utilisé sa monture ce jour même. Je sais très bien que cette arme t'est précieuse, je ne pouvais pas la laisser là.

Je le remerciai d'un hochement de tête.

— Bien, allons-y.

— La question est plutôt où, maintenant que nous avons toute une armée sur le dos ? me demanda-t-il.

Une seule armée ? C'était fort discriminatoire pour notre situation.

— Vers les plats plateaux d'Épandra. C'est un endroit qui m'est familier où j'ai passé de longues heures d'entraînement dans mon enfance, rajoutais-je face à leurs mines interrogatrices.

— Oui, je connais cet endroit, se souvint Line. Un gigantesque champ entouré de montagnes touchant le ciel.

— En effet, c'est là que se jouera notre dernier combat.

— Contre les escadrons de Phares et l'armée de Zirra ?

— Ainsi que mon ancienne armée... rajouta Nese avec ce sourire au coin.

On se mit en marche. Je vis Tiral déglutir à mes côtés, mais je savais très bien que c'était le dernier à avoir peur d'une telle situation. Il était plutôt du genre à en rigoler et à ignorer une position aussi délicate. On quitta cette ville si significative pour notre groupe, non sans vérifier les alentours avec attention.

— J'ai envoyé une lettre à l'armée de la terre des Lions, leur expliquais-je. Elle nous rejoindra dès que possible. Il n'y a plus qu'à espérer qu'elle soit là à temps. La deuxième possibilité est la haine profonde entre Zirra et Phares. Il est encore beaucoup trop tôt pour savoir si ces deux-là feront alliance.

— Nous n'avons de toute façon pas d'autre solution pour le moment, répondit Tiral. Il va falloir espionner les différents camps avant que le combat ne commence sinon la ruse deviendra leur meilleure alliée et cela sera très mal vu pour mon honneur.

La conversation s'allégea en se déplaçant vers celui-ci et le groupe lui posa un tas de questions sur son ancienne vie. Les regards que lançait Nese vers cet homme si gentil ne me plaisaient guère. Il sentait que notre passé commun avait largement dépassé le stade « amitié » et il n'avait pas l'air d'apprécier cela. Le seul problème était qu'il pouvait en avoir peur, car Tiral faisait partie des rares personnes où la séparation avait été des plus douloureuses.

J'ai quitté Méryme et sa personne par la même occasion alors qu'il avait choisi de porter allégeance à la reine Zirra. Nos chemins différents avaient forcé la rupture et je sais que cela nous avait tous deux blessés.