𝐶𝘩𝑎𝑝𝑖𝑡𝑟𝑒 𝟸𝟻, 𝑚𝑎𝑟𝑖𝑎𝑔𝑒 𝑒́𝑡𝑒𝑟𝑛𝑒𝑙.

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Pour certaines personnes, lorsqu'elles se libèrent d'une relation difficile, cela leur procure un sentiment de légèreté et de bonheur. Ils ont comme l'impression de nager dans un nuage onctueux, où rien ne peut leur arriver. Surtout pour les personnes qui réussirent à se libérer d'une relation toxique, malsaine ou encore d'une relation qui ne leur donnait pas l'impression d'être elles-mêmes. Il n'y a rien de mieux que la liberté, n'est-ce pas ?

Tout le monde en rêve, certains y accèdent, d'autres rament, mais lorsqu'on y goûte, on ne peut pas s'en séparer.

Mais pour d'autres, cela leur fait tout drôle, et ce n'est pas de la légèreté qu'ils ressentent, mais un vide. En effet, il y a une grande différence entre la rupture d'une relation récente et celle d'un couple marié depuis des années.

Daniel était un jeune adulte de vingt-huit ans qui approchait bientôt la trentaine. Et comme je vous l'ai souvent dit, il avait une certaine image de la famille qu'il idolâtrait éperdument. C'était un homme traditionnel, qui avait grandi dans une famille traditionnelle. Le genre de famille avec une mère et un père mariés qui s'aimaient et trois enfants sous leur toit. Ayant grandi dans un milieu aisé et dans un environnement familial stable, il voulait absolument la même chose. Daniel voulait reproduire le même schéma que ses parents, et ça il en était sûr.

Il s'agissait sûrement de l'une des personnes les plus proche de sa famille, et il en était fière. Car après tout, pour lui, une famille parfaite c'était tout ce dont une personne avait besoin dans sa vie.

Mais comme le dit si bien le dicton, toute bonne chose a une fin. Et ça avait été le cas pour Daniel, qui avait dû quitter sa ville natale pour s'installer à New York pour ses études. Inutile de vous dire à quel point ça a été dur pour lui. Mais en rencontrant Rachel durant ses études supérieures à Columbia, il avait eu l'impression d'avoir trouvé une autre famille. Lorsqu'il était avec Rachel, il se sentait chez lui. Ils passaient tout leur temps ensemble. Ils mangeaient pendant leur pause midi, ils allaient secrètement chez le dortoir de l'un et de l'autre. Ils faisaient des tonnes d'activités ensemble, et révisaient ensemble, même s'il n'était pas dans la même filière.

Rachel était la femme de sa vie à ses yeux. Sa Rachel, la personne dont il avait besoin pour vivre le restant de ses jours. Il se voyait fonder une famille avec elle, et elle aussi. C'était la raison pour laquelle ils avaient acheté une grande maison familiale ensemble, adopté un petit chien mignon et acheté un monospace ensemble. Daniel pensait que son avenir était déjà tout tracé, et que rien ne pouvait les séparer, excepté la mort.

Puis il y a eu cette tromperie. La tromperie qui a mis fin à cette vision idyllique que Daniel avait de son mariage avec la femme qu'il considérait comme la femme de sa vie. Il était certainement loin de s'imaginer que son mariage allait prendre un tournant pareil. Le jeune homme s'était retrouvé complètement pris au dépourvu.

Seul.

Oui, seul, était le mot pour décrire ce que Daniel ressentait suite à cette libération. Lorsque le jeune homme rentrait chez lui, dans sa grande maison familiale qu'il aimait tant autrefois, personne n'était là pour l'accueillir. Aucun signe de vie dans les parages, aucun bruit, rien. Et au départ, cela lui procurait une sensation de paix intense, mais cela n'était que temporaire. Seulement deux jours après, il s'était rendu compte qu'en réalité, il détestait ça. Daniel détestait l'idée d'être un homme seul et sur le point de divorcer. Il n'était pas fait pour être célibataire, il s'était bien trop habitué à voir cette bague autour de son doigt et ne voulait pas l'enlever définitivement.

Il voulait la remettre et il voulait aussi qu'elle la remette avec lui. Il voulait retrouver la vie qu'il avait avant. Il voulait retrouver Rachel ;

Ce n'était pas une personne introvertie, au contraire. Daniel était un homme extrêmement sociable qui puisait son énergie en parlant avec les autres. Il n'aimait pas vivre seul, et même si les tensions étaient présentes quand ils étaient encore sous le même toit, sa présence lui manquait.

Mais je vous le demande cher lecteur. Est-ce que vous pensez sincèrement qu'il voulait qu'elle revienne car il l'aimait ou bien car il n'aimait pas l'idée d'être seul ?

Je sais ce que vous devez vous dire, c'est triste. Mais après tout, il était comme ça, et rien ne semblait pouvoir le faire changer.

Et alors que Daniel marchait dans les couloirs de l'entreprise, perdu dans ses pensées, il avait eu la brillante idée de toquer dans le bureau de Laura.

"- Laura.

- Oh mon Dieu, Daniel, arrête de rentrer comme ça dans mon bureau.

Il ne s'était même pas attardé plus longtemps sur sa remarque, qu'il avait directement posé le dossier sur son bureau ;

- Tu as fait une erreur dans l'un des rapports que tu m'as donnés.

- Ce n'est pas possible, je ne fais jamais d'erreurs.

- Si, regarde, tu as inversé les informations entre les deux dossiers. Je ne peux même pas les analyser correctement, car ils sont tellement remplis d'erreurs que je m'en brûle les yeux.

- Tu ne crois pas que t'es un peu dramatique là ? Demanda la jeune femme blasée face au comportement de son collègue."

Est-ce que Laura ne faisait jamais d'erreurs ? Bien sûr que non, tout le monde fait des erreurs dans la vie et personne n'est parfait. Mais est-ce que Daniel était en train de dramatiser la chose ? Bien évidemment. Il savait que les "erreurs" que Laura avait faites dans ses rapports n'étaient que des petites erreurs de frappes insignifiantes. Toute personne serait capable de passer outre, surtout pour ce genre de dossier lambda. Mais Daniel ne semblait pas être de cet avis là.

En revanche, à cause de sa solitude, Daniel n'avait pas pu s'empêcher de scruter les moindres petits détails du travail de sa collègue, et ça juste pour pouvoir lui redonner du travail. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'il s'était rendu compte que Laura commençait à l'oublier après l'avoir "aidé" avec ses problèmes de couple. Et plus étrange que cela ne puisse paraître, il ne voulait pas que cela arrive. Oui, vous avez très bien lu, même si Laura était la femme la plus aigrie sur terre, il ne voulait pas qu'elle s'éloigne de lui, parce qu'au fond de lui, il la considérait comme son amie.

"- Très bien, je vais corriger ça demain, pas la peine d'en faire tout un cirque.

- Il me les faut dès ce soir.

- Tu te fous de moi ? La journée est déjà presque terminée, comment veut-tu que je relise plus de trente pages de dossier en quelques heures ?

- Monsieur Harris en a besoin dès demain.

- Oh Jay peut très bien attendre, tu n'as qu'à lui dire que c'est moi qui m'en charge. Je les lui donnerais demain, il comprendra.

- Laura. Dit-il sérieusement.

La jeune femme s'était mise à soupirer, commençant à perdre patience ;

- Quoi encore ? Demanda-t-elle agacée. C'est bon, ça va, je vais les faire, maintenant sort de mon bureau.

- Ce soir-

- Oui ce soir, j'ai compris. Je ne suis pas idiote. Mais je te préviens, c'est la dernière fois que tu me donnes un ordre compris ?

- Sinon quoi ?

La jeune femme l'avait regardé perplexe. Est-ce qu'il était en train de défier son autorité ?

- Sinon quoi ? Répéta-t-elle en le fixant droit dans les yeux.

Même si Daniel n'était pas de très bonne humeur, il n'avait pas non plus envie de s'attirer les foudres de sa supérieure.

- Je... Je vais y aller maintenant."

Le jeune homme n'avait pas eu besoin de se faire prier pour sortir du bureau de sa chère et tendre collègue, la laissant enfin seule et de mauvaise humeur.

𝐋𝐚 𝐫𝐞𝐢𝐧𝐞 𝐝𝐞𝐬 𝐠𝐥𝐚𝐜𝐞𝐬Où les histoires vivent. Découvrez maintenant