𝐋𝐚 𝐫𝐞𝐢𝐧𝐞 𝐝𝐞𝐬 𝐠𝐥𝐚𝐜𝐞𝐬

𝐶ℎ𝑎𝑝𝑖𝑡𝑟𝑒 𝟼𝟺, 𝑙𝑒𝑠 𝑟𝑒̂𝑣𝑒𝑠 𝑏𝑟𝑖𝑠𝑒́𝑠.

Le jeune homme avait regardé son allure à travers le rétroviseur de sa voiture au moins pour la dixième fois, avant de passer une main à travers ses cheveux bien coiffés. Et pourtant, il fallait croire que ce n'était toujours pas assez, car alors qu'il s'apprêtait à ouvrir la portière, il s'était une nouvelle fois regardé à travers le rétroviseur.

Qu'est-ce qui le rendait si nerveux ? Le fait de revoir Laura depuis la discussion qu'ils avaient eue dans son bureau la dernière fois ? Le fait de devoir se justifier sur la raison pour laquelle il prenait autant de temps à divorcer avec la femme qui lui avait brisé le cœur ? Ou encore d'affronter une femme qui devait sûrement être folle de rage contre lui ?

Il ne savait pas à quoi s'attendre en entrant dans la maison de Laura. Il avait vu la lumière du salon allumée, mais seule sa voiture se trouvait devant l'entrée. Ce qui voulait dire que son cousin n'était sûrement pas là. Et il espérait de tout cœur que son cousin ne soit pas là car devoir faire face à Laura c'était quelque chose, mais devoir faire face à son cousin rendrait les choses bien plus compliqué.

Daniel n'avait pas réussi à dormir depuis qu'il lui avait dit ce qu'il lui avait dit. Et alors qu'il pensait que Laura allait s'énerver contre lui et lui dire ces quatre vérités, celle-ci était restée complètement bouche bée et muette. Après leur dispute, elle ne l'avait pas calculé de toute la journée, alors qu'il avait tout fait pour essayer d'avoir son attention. Et le soir même, elle n'avait même pas songé à lui envoyer le moindre message.

Autrement dit, Laura n'avait pas du tout réagi à ce qu'il s'était passé et avait fait comme si de rien était. Comme s'ils ne se connaissaient pas, comme si Daniel n'existait pas. Et cela l'inquiétait énormément, car Rachel avait l'habitude de dire ce qu'elle ressentait après une dispute avec son mari. Que ce soit par des cris, par le silence, par des pleurs, un baiser ou quoi que ce soit d'autre, elle trouvait toujours un moyen d'exprimer ce qu'elle ressentait. Mais Laura ne s'était pas juste contentée de l'ignorer, elle avait pris la décision de disparaître totalement de sa vie. Tout le reste de la semaine, il avait été impossible pour Daniel de rentrer directement en contact avec la jeune femme : il ne la voyait plus, ne l'entendait plus, et n'avait plus aucune nouvelle d'elle. La seule personne à qui il pouvait parler était Emma.

Laura était devenue un véritable fantôme et c'était une chose que Daniel redoutait énormément. Car se réconcilier avec quelqu'un que l'on a blessé était une chose compliquée, mais jamais impossible. En revanche, lorsqu'il s'agissait de Laura, il y avait très peu de seconde chance.

Mais le jeune homme savait que s'il n'agissait pas maintenant, cela allait être trop tard. Alors, sans plus attendre, il était sorti de sa voiture, avant de se diriger vers la porte d'entrée de sa conjointe. Et il s'était mis à sonner. Mais il avait vu la jeune femme à travers la fenêtre regarder sa voiture qui était garée sur le trottoir d'en face. Il savait qu'elle ne l'avait pas vue, et qu'elle pensait sûrement qu'il ne la voyait pas non plus. Cependant, il la voyait très bien. Il l'avait vue lever les yeux au ciel, avant d'éteindre la lumière de son salon, pour faire comme s'il n'y avait personne.

Perdant patience, Daniel avait sonné une nouvelle fois, avant de toquer trois fois sur la porte. Il était frustré, et il voulait absolument la voir. Tel un enfant qui n'avait pas parlé à son meilleur ami avec qui il s'était disputé.

Perdant elle aussi patience, Laura s'était vite dirigée vers la porte d'entrée avant d'ouvrir celle-ci et de voir Daniel. Sans surprise.

Elle l'avait laissé rentrer sans rien dire, le visage éteint. Il avait aperçu des cernes sous ses yeux, sûrement à cause de la surdose de travail. Il avait aussi remarqué le fait qu'elle portait son pyjama en soie noir qu'il aimait tant. Et alors qu'ils étaient encore debout, dans le hall d'entrée de la grande maison de la jeune femme, Daniel avait finalement fini par parler.