HYDRA - the torn souls

Chapitre 4

        Juste avant de sortir, je jetai un dernier regard dans le rétroviseur, toutes fenêtres ouvertes. J'avais l'impression de voir en moi une personne que j'ai enfouie depuis maintenant trop longtemps. Je détournai le regard et débloquais le verrou de la voiture après avoir freiné. Je sortis à l'arrière pour prendre mon sac de sport qui me sert de valise. Finalement, j'étais parti sans adresser un mot à ce sujet à mes amis. Ils m'en voudraient certainement, atrocement. Et Samy encore plus en sachant ça.

Je jetai la bandoulière de mon sac par-dessus mon sac et me dirigeais vers l'aéroport.

Hush.Ashes

Chaque été de ma vie, à l'aube du jour le plus chaud du mois d'août, Luis et moi allions à la rivière de WaterFalls. Il prenait son scooter noir et nous allions nous balader dans la forêt qui cernait la ville avant d'aller sur la rivière.

Je me souvenais que sur le chemin, alors que ma tête penchait avec le reste de mon corps en arrière, j'observais toujours ces grands arbres dont on ne voyait le bout, laisser passer ces fils de lumières à l'aube. Le vent caressait mon visage à ses grès, mes vêtements tapaient contre mon corps, plus encore lors du passage sur le pont. Il me gueulait toujours dessus pour ne pas faire attention et honnêtement, je m'en fichais. C'était notre petit rituel qui nous réunissait malgré nos différents près de la rivière sous le soleil du mois d'août, et sérieusement, c'était kiffant.

Je me demandais ce que cela ferait à Luis s'il savait que cette année-là, je m'étais rendu sans lui à WaterFalls, un mois de janvier, que j'avais recommencé cette tradition qu'il avait abandonnée. Si je revenais, si j'essayais à nouveau, si je faisais tout comme il fallait cette fois, est-ce qu'enfin j'aurais pu tourner la page ? Aurais-je pu le revoir un jour que ce soit dans mes rêves ou autre part, sans me dire que nous avions tout gâché ? Il me manquait. Je ne voulais pas me retourner et savoir que je n'avais rien fait pour que ça s'arrange. J'avais l'impression d'étouffer. Les fêlures étaient trop profondes. J'avais l'impression que je ne réussirais pas, que j'allais fuir encore et me dire que rien n'est récupérable. Que tout est foutu avant même d'avoir essayé.

Allongée sur la pelouse près de la rivière et j'observais le ciel. Il était sans nuages, éclairé d'un soleil ardent comme si rien de tout cela n'était arrivée. Comme si son absence était futile, sans conséquences. Je levais mon bras face au soleil et observais un tatouage sur mon poignet. C'était son prénom. S'il était plus simple que les autres, il me suffisait à me rappeler l'existence d'un frère que j'avais eu avant lorsqu'il me prenait l'envie d'oublier.

J'enlevais mes vêtements et plongeais dans le lac en sous-vêtements. L'eau était glacée, mais bonne par un temps pareil. Ça faisait un bien fou. La dernière fois que je m'étais baignée dans ce lac, j'avais quatorze ans, il y avait déjà six ans.

Je plongeais ma tête dans l'eau et ressurgissais en passant mes mains sur mes cheveux avant de me laisser porter, dos au lac.

— Valentina fait attention putain !

— Ça va aller, j'te dis ! Chantonnais-je.

— Si tu tombes et que tu rayes ma bécane, je te bute !

— Tu as peur Luis ? Je ricanais.

Je me penchais un peu plus en arrière, ma chevelure touchait presque le béton du sol tandis que mes yeux fixaient le pont que nous venions de quitter. Il était à l'envers. Je me redressais et passais mes bras sur ses épaules jusqu'à ce que nous arrivions à destination. Je ne voulais pas qu'il me jette par-dessus bord.

Habituellement, on ne se fréquentait ni ne riait ensembles. Nous devenions deux inconnus un peu plus chaque année, comme deux personnes qui ne peuvent pas être compatible, comme l'huile et l'eau, le feu et la glace. Pourtant, ce jour-là, à l'époque, nous étions le vingt-quatre août, le jour le plus chaud de l'année, ce jour où nous allions au lac de WaterFalls. J'avais tenu à ce que nous continuions au moins cette sortie chaque année.