Chapitre 21

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Quelque minutes à peine avoir quitté la pièce à tatouages, je suivis Major qui me guida jusqu'aux membres de la patrouille. Je pus très vite apprendre que celle à laquelle je participerais serait celle des taxes. Celles qui étaient imposées aux commerces de la partie de la ville que contrôlait le gang. Ce jour-là était le jour des récoltes.

Jamais jusqu'à aujourd'hui je n'avais pensé qu'il y avait des taxes. Je savais précisément que c'était parce que j'étais la fille de celui qui les demandait, mais aussi, car personne n'en parlait. Encore moins chez les jeunes. Ce n'était pas quelque chose dont on parlait, comme chacun avait peur d'affronter la colère de mon père si un mot de travers sortait.

Aussi, je ne sus pas si ce fut parce que je fus insensible, ou peut-être bien de ce que je devais en conclure mauvaise, mais cette idée ne me dérangea pas le moins du monde. Bien sûr, je savais qu'ils avaient du mal surement à remplir ces quotas et que la vie ne devait pas être facile par conséquent, mais aucune pitié ou empathie ne sortait de moi. Certainement étais-je bien la fille de mon père, pensais-je. Car je savais que cette idée aurait révolté ma mère si elle l'avait appris. Peut-être même qu'elle le savait déjà et que c'était un des nombreux sujets de leurs disputes. C'était fort probable.

— Tu ne viens pas Major ?

Major ouvrit la porte extérieur du bar et nous sortîmes.

— Non. J'ai des affaires à terminer, me répondit-il avant de sourire : Profite de ta première expérience, ce sera un avant-gout de la vie que tu vas mener hors conflit ces prochains jours. Tu ne seras pas que tatoueuse. Puisque tu es ma fille, tu vas assurer la relève.

La dernière phrase avait été formulée sur le ton de l'humour, mais tous deux savions que c'était réel. Je devrais un jour ou l'autre reprendre le flambeau. Asher n'était plus là et si je ne le faisais pas, le gang serait dirigé par un autre. S'il était dirigé par un autre, ceux qui avaient des rancœurs contre Major, s'il n'avait plus d'appuis au pouvoir, et Dieu sait que sauf moi il n'en avait pas de réel, il en payerait le prix. Je lui en voulais, mais je ne serais pas quelqu'un qui le laisserait payer de sa vie.

— Ça promet d'être intéressant. Qui nous accompagne ?

— HEY ! La Valentina elle vient ou elle continu à faire la désirée ? Cria une voix qui étouffa celle de Major.

Un soupir sorti de ce dernier et il répéta tout en pointant le groupe juste devant :

— Eux. Tu connais Griffin de ce que j'ai pu entendre. Il t'introduira aux autres. Si quelque chose de mal se passe parle-moi-en.

Je grimaçais et pensais à quel point ça me ferait passer pour une fille à papa. Si je m'étais fait accepté, il fallait encore que je prouve que j'étais à la hauteur de leurs attentes. Et ce serait long...

— Je m'en sortirai parfaitement seule.

— À tes désirs, sourit Major apparemment fier de sa réponse avant de la pousser par le dos : Allez ! Oust gamine !

Alors que Major s'en allait juste après, devant moi se tenait six motos. Ils étaient six hommes dont un seul que je connais : alias Griffin. J'inspirais et me demandais si j'allais m'intégrer comme il faudrait, avant de prendre ma moto un peu plus loin, que j'avais rangé avec les autres. Passant ma jambe de l'autre côté, je les saluais et les rejoins rapidement avant qu'ils ne décident en terminant leur conversation de commencer à s'en aller. Les salutations avaient été rapides et pas très joviales, mais j'imaginais bien que ce n'était pas contre moi. La taxation n'attendait seulement personne, voilà tout.

HYDRA - the torn soulsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant