Chapitre 28

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Depuis que Bjorn avait affronté pour la seconde fois Major pour le titre de chef et avait perdu, nous avions cru que tout se calmerait, que les gens comprendraient que Major était l'unique et légitime chef de Hydra. Ça n'avait pas été le cas. Le gang malgré l'unité commune se divisait en son sein en trois parties : ceux qui soutenaient Bjorn pour une possible place de chef, ceux qui critiquaient le chef actuel et se croyaient mieux placés au titre, et enfin ceux qui soutenaient mon père. Nous n'étions pas une majorité, mais ce n'était pas encore intenable.

Dans quelques semaines, ou peut-être plusieurs moins, certains trouveraient le courage de s'attaquer à la position de Major. Beaucoup la convoitaient de plus en plus, et à jour. Tout ça depuis que Major avait été touché à l'abdomen. Son adversaire n'était pourtant pas le plus doué, mais il avait su surprendre tout le monde et se démarquer. À partir de la logique où il n'était pas le plus doué d'entre eux, certains membres se pensaient aujourd'hui capable de faire vaciller Major.

Ils ne l'avaient jamais vu affronter réellement un adversaire dans ce cas. Major n'avait même pas prit au sérieux son adversaire.

— Tu te crois au-dessus de tout le monde et tu regardes de haut tout le monde, Mahon ! Babilla Bjorn des paroles tout droit venu de son imaginaire. Je suis le premier à me sentir rejeté ! Ne disais-tu pas que nous étions chez nous ici ? Une famille ! J'ai l'impression de faire face à une dictature de ta part !

Les paroles qu'il venait de sortir étaient si fantasmagoriques que j'en avais oublié de cligner des yeux. Major lui-même après tout ce qu'on lui avait sorti ces derniers jours ne semblait plus savoir quoi dire.

— C'est drôle de la part de quelqu'un qui ne fait qu'attiser le conflit depuis son arrivée au gang. Tu es sûre que tu ne pensais pas à toi en parlant à l'instant ? Celui qui déprécie les autres, c'est toi, pour te sentir plus légitimement chef que n'importe qui d'autre, répondit-il. Je ne suis pas chef, car je suis plus fort qu'un autre, mais parce que c'est moi qui ai créé Hydra et parce qu'à chaque fois que tu m'as affronté : j'ai gagné.

La pièce était un amas de cris, mais aussi de silence, aussi bizarre, cela paraissait-il. Bjorn déglutit, mais ne perdit pas sa face. Il donnerait n'importe quoi pour faire une scène et gagner une certaine crédibilité.

— Tu sais que c'est faux ! Tu nous portes tous en mauvais œil ! Tu n'aurais pas dû me sauver si c'est pour ensuite me traiter ainsi !

Cette parole semblait avoir été celle de trop pour mon père dont les yeux traduisirent une colère pure et sans nom. Je ne savais pas ce qui l'avait autant énervé, mais ce n'était pas quelque chose de simple.

— Je t'ai sauvé, car ce sont les commandements, et jamais je ne transgresserais les lois que j'ai moi-même imposé ! En tant que chef je devais sauver un subordonné qui a, au passage, mit toute la bande en danger en se présentant ce jour-là ! Souviens-toi ! Tu n'as pas l'étoffe d'un chef ! La prochaine fois que tu voudras me décrédibiliser auprès des autres membres du gang, assure-toi d'avoir toi-même fais passer leur vie avant tes idéaux égoïstes !

Major avait tapé le torse de son interlocuteur de son indexe tout en parlant, surement en se retenant de le frapper. Il l'avait fait reculer et Bjorn s'était découragé. Son courage avait fuie la queue entre les jambes. Alors Major se tourna vers les autres et continua à hurler :

— Depuis certains jours je vois qu'on remet de plus en plus en cause ma position ! Je ne vais pas vous forcer à me voir en chef ou vous dire quoi penser, mais si vous voulez tant cette place venez la chercher !

Il avait ouvert les bras, les yeux flamboyant de fureur, et j'avais ressenti un frisson comme surement le reste de la pièce qui s'était tu. Il n'avait jamais craqué ainsi, et cette fois tout le monde avait compris avoir poussé le bouchon trop loin.

HYDRA - the torn soulsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant