Chapitre 22

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         Les larmes nouaient et brûlaient ma gorge. Mon cœur lui montait jusque dans celle-ci et descendit si pieds sous terre en même temps. Et si j'avais réussi à passer quelques jours sans penser au tragique destin de mon frère, aujourd'hui, il m'était impossible de continuer. J'en étais malade.

Juste après être passée chez le chérif, je n'avais plus dit un mot. Sans adresser un regard aux cinq hommes qui m'avaient accompagné une partie de la journée durant, j'avais regagné ma moto. Major. C'était l'homme à qui je devais à présent parler dans l'espoir de lui demander des explications et relâcher les larmes que je retenais jusque-là.

L'idée que Luis ait été tué intentionnellement m'avait traversé l'esprit, mais je n'avais jamais osé développer l'idée. Pour moi, il avait pris une balle au hasard dans la rencontre avec le gang qu'ils affrontaient ce jour-là, car c'était ce que tout le monde pensait. Ma mère n'avait pas voulu savoir, et c'était pour ça qu'à l'époque, elle avait laissé le corps à la morgue avant de partir. Je n'ai pas le cœur à lui faire un enterrement, avait-elle dit. Elle disait que ce serait signer sa mort définitivement.

Hoffman m'avait également dit lorsque j'avais tenté de réfuté ces arguments, que l'autopsie plus poussée montrait bien à l'angle, aux conditions de ce jour-là, et par où la balle était passée, que ça ne pouvait être qu'un acte intentionnel. Je ne m'y connaissais pas en autopsie et tout ce qui était dans la section criminelle policière, mais s'il l'avait prétendu, je ne pouvais que le croire... J'avais bien tenté de nier les faits, mais Hoffman m'avait assuré que l'autopsie avait été vérifiée plusieurs fois. Par conséquent, c'était tout ce que je ne voulais pas savoir...

Mais que dirait Major lorsque je le mettrai au courant. Saurais-je même comment le lui dire. Sur le chemin du retour, je savais pertinemment que la tâche serait plus difficile que de dire un simple : « Hey Major, tu sais l'enquête que tu as ouverte derrière mon dos, et bien l'autopsie dit que son fils est mort d'un meurtre. » Il s'était déjà effondré à sa mort, et j'espérais cette fois qu'il ne cède pas encore une fois, comme je le faisais, à ses émotions. La colère et la tristesse. Et que dirait ma mère ? Elle qui était si loin, j'espérais qu'elle ne serait pas mise au courant. L'était-elle déjà ? Avaient-ils tenté de l'appeler et avait-elle gardé le même numéro ou bien, l' avait-elle, changé. Elle devait surement l'avoir changé, pour que Major ne l'appel plus. Oui.

Après avoir fait tout le chemin du retour, je m'arrêtais et garais ma moto avec toutes les autres dans la rangée. Puis, j'entrais dans le bar, retenant mes larmes. Le bar à cette heure-là, car nous étions presque le soir, était déjà bien animé entre les clients, les motards et les sweeties holes. Et si je n'avais pas le cœur à prononcer le moindre mot ou rire, je ne pouvais pas me permettre de gâcher l'ambiance en lâchant les larmes d'une pleureuse. Alors même que je venais à peine d'intégrer le gang. Déjà, que j'avais laissé tomber mon professionnalisme lorsque j'ai quitté le groupe avant la fin de la tournée.

Entrée au bar, je fixais le fond de la pièce et l'avant-dernière porte à gauche ou se trouvait le bureau de Major. Traçant une ligne droite sans m'arrêter dire bonjour à quiconque, ni à Esme, je rencontrais quand même North sur le chemin...

— Tu es rentrée bien tôt ! Vous n'étiez pas censé revenir avant ce soir.

Il s'était tourné vers moi à son humeur habituelle. Je n'avais pourtant pas le cœur à le voir. Il était hors de question, qu'il me voit dans un état pareil. Ce n'était pas ce que je voulais.

— Valentina ? M'appelait-il alors que je continuais mon chemin sans le regarder ni m'arrêter, mes lèvres serrées.

Cependant, ça ne lui sembla pas suffire, car il me suivit. Je retins un soupir et ignorais sa présence lorsque j'entrais dans le bureau de Major afin de le mettre au courant. Malheureusement, le bureau était vide. Il n'y avait personne. Comme par hasard. Je me mordis la joue aussi fort que je pus et ressortis dans l'espoir de le trouver, car le chercher dans toute la base n'était pas quelque chose que j'avais envie ou que je ferais de toute façon.

HYDRA - the torn soulsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant