Chapitre 23

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Durand plusieurs heures après notre rencontre avec Donna Vargas, Major et moi étions restés silencieux. Mon père avait prévu que nous rentrions juste ensuite considérant que nous n'étions plus en état pour faire quoi que ce soit a posteriori ces révélations chocs, mais je lui avais dit de rentrer à la maison toute seule, car j'avais moi-même des choses à faire.

Mes entrailles se retournaient tandis qu'une horrible sensation de vide plus intense que jamais, que je n'avais pas connu depuis trop longtemps pour me souvenir correctement du mal qu'il m'avait fait, s'imprégnait en moi sous ma peau... et dans mes os. Aucune larmes n'étaient montées aux coins de mes yeux et aucun mot de ma part n'était sorti par la suite, mais je demeurais dans un état léthargique qui n'avait disparu que lorsque j'étais arrivée à destination.

Pour la première fois en quatre ans, ou probablement la première fois depuis le commencement, je m'étais rendue me recueillir auprès de mon frère. Comme la ville avait décidé de l'enterrer, comme il l'avait mérité, c'était au cimetière que je m'étais rendue.

J'avançais dans les ruelles et parmi les tombes qui m'entouraient. Aujourd'hui, il n'y avait presque personne et c'était mieux comme ça... Je continuais à avancer un bouquet de fleurs d'Olivier pour la paix et la réconciliation, et des Chèvrefeuilles pour l'amour fraternel éternel que je lui avais porté et que je porterais toujours à son égard. C'était mon frère, le premier homme qui serait dans mon cœur à jamais.

« Ni toi sans moi, ni moi sans toi. »

J'avais le cœur battant comme jamais il n'avait pu battre un jour. Je stressais comme jamais je n'ai stressé J'avais peur et je ne savais pas pourquoi. L'idée même de me rendre à sa tombe, lui déposer des fleurs, confirmerait et marquerait probablement à jamais la confirmation qu'il est bien mort et que son corps est enterré sous terre dans un cercueil.

Mais malgré l'amour indéfectible que je portais à mon frère, il restait en moi cette rancune injuste de ma part que je lui portais malgré tout. Celle de m'avoir délaissée toutes ces années, celle de ne pas avoir tenu ses promesses et celle d'être mort sans m'avoir dit au revoir malgré tout mes avertissements, quand bien même ce ne serait pas sa faute. Alors, rendue à sa tombe, je m'étais résolue à ne pas pleurer pour lui. Je ne voulais que lui passer le bonjour et faire face à mes sentiments en contradiction alors même que j'avais apprise pour son meurtre. J'avais tellement laissé de larmes couler pour lui et il n'en avait jamais rien eu à foutre après mes dix ans, me considérant presque en étrangère. À présent, je désirais lui montrer que j'étais forte, et autant que je l'aimais, que je ne me morfondrais pas pour lui, espérant qu'il n'ait pas vu l'état pathétique de lamentation dans lequel j'étais toutes ces années.

Muette comme une tombe, je n'avais pas dit un mot. J'avais laissé tombé mon portable au sol avant de le ramasser, car ma main tremblait bien trop pour pouvoir le soutenir. Je m'essoufflais et une main demeurant tremblante, je saisis une cigarette du paquet dans la poche arrière de mon jean. J'appuyais une fois sur le briquet, puis deux. Le bruit incessant du briquet raisonna tout autant que la pluie qui à nouveau par ce froid c'était abattu dans le cimetière. Je portais alors enfin la cigarette allumée entre mes lippes, puis laissais échapper une masse importante de fumée avant de lever la tête en direction du ciel grisâtre.

De l'eau coulait sur mon visage. De l'eau froide et solitaire. Je me convaincs que ce n'était que la pluie qui venait dépeindre tout de noir mon maquillage sur mon visage.

Alors, je portais un regard sur les mots gravés sur la pierre tombale et ma gorge se noua à nouveau. Les mots étaient écris en doré comme s'ils avaient été gravés puis remplis à l'or. Je passais ma main sur ceux-ci et sentis ma poitrine s'encombrer, comme si je n'arrivais plus à respirer. Comme si je me noyais.

HYDRA - the torn soulsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant