Chapitre 26

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— Tu ne devrais pas t'entraîner dans de telles histoires aussi facilement. Tu pourrais te blesser. C'est déjà une chance que cette balle ne t'ait pas plus blessée. Un peu plus et tu devais aller à l'hôpital.

Je lui lançais un regard d'avertissement tandis que nous avions fini de nous installer dans son bureau. J'avais pris la trousse de secours et Major avait tenté tout le chemin de me dissuader de le soigner en disant que ce n'était rien et qu'il avait vécu pire. Peut-être avait-il en effet vécu pire. Mais tant que je serais là, il ne mourrait pas par inattention. C'était quelqu'un de véritablement inconscient, et sûrement, moi étais-je, trop dramatique à ce sujet. Seulement, le retrouver à l'hôpital n'était pas un objectif de vie ici bien plaisant.

Major appuya avec un chiffon que je lui avais donné plus tôt sur sa blessure afin d'exercer une pression en attendant que je le soigne. Je lui demandais aussi de serrer les dents, car la fièvre et la sueur ayant déjà imprégné son corps comme un feu forêt, il hurlerait surement lorsque je lui retirerai la balle. Juste après l'avoir allongé pour éviter qu'il ne fatigue trop, je procédais à une contre-ouverture pour rendre l'accès à la balle plus facile. J'utilisais ensuite un doigt indicateur assez fin pour repérer la position de la balle et tout en gardant mon calme je saisis les pinces que j'enduis d'huile au préalable. Les pinces étaient composées de deux branches longues de trente centimètres environs, croisées et articulées par leur partie moyenne, munie à l'une de leurs extrémités de cuillers qui se regardaient par leur concavité, et à l'autre d'anneaux qui serviraient à les saisir et à les mouvoir.

J'introduis ces dernières fermées et écartais leurs anneaux lorsque le choc métallique m'avertit de la présence de la balle. Concentrée, mais en sueur, j'ouvris aussi les cuillers et effectuais quelques mouvements permettant de la saisir. Je les retirais enfin peu à peu, l'instrument et le corps étranger, à l'aide de tractions directes, lentes et modérées. Et Dieu merci la balle n'était pas profonde. Major, lui, avait malgré tout hurlé.

— J'aurais pu la retirer moi-même, dit celui qui était mon père.

Tonterías ! (absurdités) On n'est pas dans un film d'action !

De nous deux j'étais surement la plus adulte à l'heure actuelle.

Dans le passé, pensant que ce serait une bonne idée en faveur de soigner Luis, Major ou de rejoindre le gang un jour si ma mère ne m'en empêchait pas, j'avais fait un stage en hôpital de la ville section urgence. Et j'en avais appris des choses. Ma mère ne m'avait laissé y aller que parce que j'avais utilisé l'excuse de vouloir devenir médecin. Résultat : je ne le deviendrais jamais, car je ne le souhaitais pas et elle devait surement me maudire encore.

Pouvant enfin souffler, je posais la balle sur le bureau, qui étala tout le sang qu'elle contenait sur le bois du bureau de Major. Ce n'était pas la première fois que je retirais une balle et quelque chose me faisait dire que ce ne serait pas la dernière fois.

— Si je ne l'avais pas fait, répondit enfin Major un air plus sérieux, mais aussi plus grave, nous n'aurions plus de gang.

Il venait de parler comme si le gang était toute sa vie, pensais-je.

— ....Ce gang, commençais-je une fois pensante.

— Oui ? Il avait relevé la tête.

— Pourquoi est-il si important pour toi ?

Pourquoi Hydra, qui l'avait abandonné, était si important pour lui... Alors oui, il l'avait fondé, mais quand même.

Je relevais les yeux sur Major qui ne répondit pas et détourna les yeux. Lui-même, j'en étais sûre pensait comme moi. Ils n'avaient rien à faire dans son cœur alors qu'encore à l'heure actuelle, ils se foutaient tous de Luis comme de leur dernière chemise. Enfin, Asher...

HYDRA - the torn soulsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant