Chapitre 35

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La musique sera passée pendant le mémorial et les discours, mais pas très forte et vous n'êtes pas obligés de la mettre :3

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         La nuit était tombée depuis un moment déjà.

Il faisait froid et le vent ne soufflait plus. Ni la pluie d'ailleurs.

La maison entière était plongée dans le noir complet et le silence car bien avant mon réveil, la pluie et la tempête qui avait violenté toute la soirée contre les fenêtres s'était endormie et apaisée. C'est ainsi que le silence ne fut qu'intensifier les ombres de la nuit qui se cachaient dans les ténèbres là où les bougies n'étaient plus allumées. Car l'électricité ne marchait plus la nuit dans beaucoup maison d'Ave Maria.

Je m'étais levé il y a quelques minutes une nausée terrible me nouant le ventre. Alors la bougie allumée au creux de son bougeoir, et sa flamme vacillante, je me rendis hors de ma chambre pour prendre l'air.

La maison ne laissait plus aucun murmure passer dans ses couloirs, pas même ceux des ténèbres ou des ombres glissantes. North, quant à lui, était reparti il y a un moment chez lui, et Major, je crûs qu'il n'était pas rentré. Car toujours, et depuis probablement le départ de ma mère, il ne s'endormait plus que dans le canapé. Jamais il n'était reparti au lit conjugal, car la dernière fois qu'il l'avait fait, dans mes souvenirs, il ne l'avait pas bien vécu.

Les grincements de mes pas sur le plancher ne me rassurèrent pas moi-même alors même que je savais qu'il n'y avait que ma présence.

Je me rendais là, vers la porte. Le désir de prendre l'air et attendre l'arrivée, le retour impossible de mon frère me prenait à la gorge. L'air frais me ferait du bien, mais le désir inatteignable m'étoufferait et me noierait une fois encore. Allait-il rentrer ? Jamais. Attendais-je ? Oui.

La porte de la maison ouverte, je la refermais derrière moi et contournais la maison après avoir descendue les trois marches devant la porte. Il y avait une chaise toujours présente près du sentier devant la maison, à quelques mètres des premiers murs de la bâtisse. Comme un fauteuil, j'attendais souvent enfant la bas ma famille lorsque personne ne revenait assez tôt. Ma mère lorsqu'elle travaillait, mon père qui ne rentrait presque jamais et dormait au motel, enfin mon frère qui nous évitait au plus. Et ce dernier, j'espérais entendre le grondement du moteur de sa moto. L'entendre et le voir sous la nuit noir enlever son casque et me demander nonchalamment pourquoi je ne dormais pas. Et que je ne devrais pas être là.

Cependant, les minutes passèrent comme des heures, et les quarts d'heures comme des siècles. Il ne reviendrait jamais, et il était idiot de ma part d'attendre en espérant voir sa moto gronder et ses bras venir m'entourer comme lorsque j'étais enfant. Il était mort et pour toujours.

Me levant de ma chaise, épuisée, je décidais de retraverser cette maison tout aussi sombre et déserte.

Des fois, j'avais l'impression d'entre à nouveau mon père et ma mère se gueuler dessus dans le salon ou la cuisine. Se dire à quel point ils se détestaient puis s'aimaient, se cracher dessus leurs pires défauts, les cicatrices du passé de chacun qui étaient légitimes et à quel point il aurait été mieux de ne pas se rencontrer. J'entendais encore Paige dire à Major à quel point elle souffrait de l'aimer, lui à quel point il prenait sur lui par rapport à elle, et Luis les observer le soir dans son coin du coin de l'oeil se persuadant que la musique qu'il écoutait était intéressante, et que tout ça ne lui faisait plus rien.

Ces incessantes disputes, ces pleurs, ces cris résonnaient comme un tambourin à mes oreilles. Je me demandais si de là où était Luis, il entendait encore ces bruits où s'il éprouvait de la paix. S'il était toujours aussi en colère contre le monde et la vie, où si à présent ces choses qu'il disait : avoir trouvé la paix, était devenus réels. Je l'espérais pour lui.

HYDRA - the torn soulsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant