Les couloirs étaient grands et bondés. Les gens se bousculaient et les groupes d'amis se regroupaient chacun dans leur coin à la sortie des cours. J'ignorais cette sensation désagréable de solitude qui s'était répandue en moi au fil du temps. À chaque fois que j'arrivais dans un milieu scolaire ou bondé, cette sensation m'envahissait. À Hydra ce n'était pas la même chose. Major m'y avait habitué depuis l'enfance alors il m'était facile de m'adapter aux mouvements de foule des bikers, car j'avais appris à connaître leur mode de fonctionnement au fil des années. L'école... c'était différent. Tout un système trop compliqué et stressant, malgré mes facilitées à parler au groupe de Curtis lorsqu'ils m'approchaient, qui m'encourageait à prendre l'excuse du gang pour ne pas venir en cours. Cette batterie rechargeable avait eu bien sûr ses conséquences, et elles me revinrent en tête lorsque j'ouvris cette porte qui se trouvait en face moi.
La porte se ferma d'elle-même derrière moi et j'avançais dans la salle de classe. Monsieur Holt, mon professeur d'Économie et Gestion, accompagné de mon professeur d'anglais, m'avaient convoqué à la fin des cours dans son bureau. J'avais même une idée de la raison. C'était tellement flagrant que j'aurais pu me passer de venir pour entendre un discours que je connaissais déjà. Je l'avais entendu assez de fois dans ma vie.
— Venez-vous asseoir mademoiselle Mahon, m'interpella en me voyant le professeur d'économie.
Je tirais une des chaises devant eux deux et les informais que Major serait probablement absent, car effectivement, ils l'avaient appelé. Ce n'était pas vraiment mes histoires d'école qui l'intéressait depuis que le gang lui prenait la plupart de son temps. Ils hochèrent la tête bien déçue de ne pas pouvoir voir qui était mon irresponsable de père et sortirent un petit tas de feuilles que je devinais être mon bulletin.
— Monsieur Brown et moi nous vous avons fait venir pour vous parler de vos résultats, il commença en me montrant un première feuille. Comme vous pouvez le constater, vos résultats se dégradent depuis votre arrivée et on ne compte plus vos absences en cours. Et lorsque vous nous faites l'honneur de votre présence, ce sont vos retards que nous devons inscrire. Vous comprenez peut-être où nous voulons en venir ?
Je tortillais entre mes mains le bout de mon gilet noir et fixais la table. Je n'avais pas envie d'écouter la partie qui allait suivre. Je n'étais pas assez bête pour croire qu'ils en resteraient là. Loin de là. Ce serait trop facile. Et je savais aussi qu'ils avaient une petite idée dans quoi je m'étais embarquée depuis mon retour ici rien qu'à mon nom de famille.
— Pouvez-vous nous donner une explication mademoiselle Mahon ?
— Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ? Soupirais-je lasse.
Je levais la tête et les regardais. Je ne voyais vraiment pas ce que je devrais leur dire dans cette situation. Oui, je séchais et je me relâchais ? Ou bien, non ce n'était pas ma faute, mais je n'ai aucune excuse à vous donner en contrepartie. C'était tout simplement ridicule et stupide et je n'avais plus qu'à attendre que le sort s'abatte sur moi. Le professeur d'anglais siffla, se frotta la nuque et prit le relais. Il me regarda dans les yeux et prit un air sérieux sans possibilité de contestation. Je serrais mes lèvres en une ligne droite. Il était facile de voir dans son regard que j'étais un cas perdu. Lorsque vous sortiez du système scolaire, ou juste le système, il n'était pas simple d'y revenir.
Bien que beaucoup ne veuille pas l'avouer, lorsque vous aviez de mauvaises notes, mais de vous descendiez d'une famille avec des activités légales, ce n'était plus juste des problèmes d'apprentissage, mais uniquement les conséquences de l'influence de vos parents. Ainsi, même si vous ne faisiez pas tant d'effort pour vous accrocher au mât du bateau, ou peut-être que vous le faisiez, les marins qui vous avaient pris comme mousse ne faisaient rien non plus pour leur part lorsqu'ils vous voyaient jeté par-dessus bord au milieu d'une tempête. On n'abandonne pas ses préjugés, on les cache ou on s'en sert pour tendre la main telle une âme charitable au plus démunis pour se sentir mieux. Personnellement, je n'étais plus à plaindre aujourd'hui, car je n'étais plus une victime. Je l'avais choisi cette vie-là, et c'était ma faute. Mais il y a quatre ans, l'autre Valentina ne l'avait pas choisi et aucun professeur ne l'a aidé.
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HYDRA - the torn souls
Mystery / ThrillerAu croisement de leurs âmes, là où leurs cœurs se sont égarés. « Étouffer. Noyer. Tuer. » C'est ainsi que pourrait décrire la relation auquel met fin Valentina Mahon. Et ce n'était pas elle la victime de la tragédie. Mais désormais il est tro...