Projet 7 : Abolition T1

▫️𝑪𝒂𝒑𝒊𝒕𝒖𝒍𝒖𝒎 𝑰▪️

--------○●○●--------

La boule d'uréthane roule rapidement sur le sol brillant. Le score s'est affiché sur le grand écran, il comptabilise sept quilles tombées pour le moment. Je vais pour reprendre une nouvelle sphère, mais un domestique se pointe devant moi.

Il s'incline, tandis que je le catalogue de la tête au pied.

- Que me voulez-vous ?

- Votre père vous demande, monsieur Park.

L'homme, grand et fin, affublé d'un costume noir est un commis de mon père. Ses cheveux grisonnent, et ses traits de visages sont fortement marqués par la vieillesse.

Je repose la boule de couleur verte sur le présentoir, et m'avance vers les sièges un peu plus loin.
Le Velcro de mes chaussures résonne dans la pièce, et je les troque par mes talonnettes beaucoup plus confortables.

Je me relève, le domestique est toujours présent, il me regarde, comme si mettre mes chaussures est le plus beau spectacle qu'il est vu jusqu'à maintenant.

J'enclenche de nouveau le pas vers lui et arrivé à ses côtés je place ma main droite sur son épaule droite.

- Vous pouvez disposer, monsieur. Je l'informe.

Il relève brusquement la tête, de manière à penser qu'il n'était plus présent mentalement il y a quelques secondes.
L'homme se dégage de ma prise, s'inclinant une nouvelle fois face à moi.

Mais je ne m'y attarde pas plus que ça et monte les escaliers métalliques.
Le couloir sombre se fait très vite montrer et je me rends compte que cette partie-là de la maison jure beaucoup trop avec le reste. Comme si, chaque fois que je gravis ou descends ses marches, j'atterris dans un autre monde.

Mes pas retentissent maintenant sur le parquet du long couloir, au passage j'en discerne quelques miroirs.
Je regarde à travers, survolant mon visage et mes mèches brunes qui se soulèvent à chaque pas que j'exécute.
C'est de cette façon que je me suis mis à penser à moi, à mettre quelques mots sur ma personne en fixant un point invisible à l'horizon.

Je m'appelle Park Jimin et je suis âgé de vingt-sept ans. J'ai étudié pendant cinq années aux États-Unis, ça fait donc deux ans que je suis revenu en Corée du Sud. La seule chose dont j'ai conscience depuis mon retour est que mon prochain devoir réside à porter le poids des affaires de mon père sur les épaules.

Et il est lourd ce poids, infiniment.

Je suis parvenu devant la porte en chêne massive du bureau. Je toque et entre directement, j'y trouve mon géniteur pendu sur de nombreux papiers, en fait la surface de son bureau en est remplie.

- Eh bien fils, je ne m'attendais à ce que tu obéisses si vite.

Son ton demeure ironique, je regrette déjà d'avoir passé la porte.
Pas que sa présence en elle-même me dérange, c'est plutôt son caractère que je veux blâmer. Il a cette manie de toujours être sarcastique, je déteste ses allusions faussement bienveillantes.

- Je ne voudrais pas vous décevoir, père, l'avenir de cette structure m'appartiendra dans quelque temps. J'ajoute avec la même pointe de sarcasme que mon géniteur en a fait preuve.

J'ai également fait en sorte d'accentuer le fait que cette demeure deviendra mienne et que moi aussi, je deviendrai le plus haut placé de cette famille.

- Bien, je ne t'ai pas convoqué dans mon bureau pour parler de ça... en fait, c'est un peu plus délicat.

La fin de sa phrase a été perçue hésitante par mon ouïe.