Aliénation

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Daryl :

Assis sur le péron de ma maison, je fais le point sur ce que nous venons de traverser.
Dwight... Ce fils de pute ! Il s'est bien foutu de notre gueule.
Je regrette de ne pas avoir écouté Enid. J'aurai dû buter ce crevard.

Il faut se préparer à une nouvelle attaque. Negan ne va pas en rester là. J'espère que la Colline et le Royaume seront toujours à nos côtés.
À présent, on doit se débarrasser des Sauveurs, mais aussi de la décharge et de Jadis.

Je sais plus où j'en suis... Je veux aller au Sanctuaire. Pourquoi j'ai toujours repoussé ? Ada...

Si Dwight nous a manipulé pour leur venue, il a forcément menti pour Ada.

Je veux pas y croire. Je veux pas y penser. Je veux pas accepter le fait que ma belle blonde ne fasse plus partie de ce monde, de mon monde.
Je peux pas me dire que j'ai perdu la seule femme qui m'a fait me sentir vivant. Ada est la seule qui soit parvenue à combler ce vide qui régnait en moi, depuis si longtemps.. Celle qui a accepté celui que je suis, sans jugement.
Ada est celle qui a vu plus loin que le connard cabossé, que je suis.
Les longues heures qu'elle a passé à me regarder avec douceur m'ont parfois fait oublier toute la merde qui m'a entourée depuis ma naissance.

Putain... J'arrive pas à croire que je suis en train de penser ça...

Carol s'avance près de moi, mais ne dit rien.
Elle s'assoit à son tour et me regarde.
C'est moi qui décide de rompre ce silence.
Vous êtes venus finalement ?

Ouais... Pourquoi tu m'as caché la vérité ? S'empresse de demander la mère de famille.

Je secoue la tête. Pourquoi ? Parce que je ne voulais pas non plus perdre Carol, comme j'ai perdu les autres.
Je voulais la distancier de tout ça et lui donner une chance d'échapper à toute cette merde.
Je voulais pas que tu te sentes obligée d'intervenir. Je confie maladroitement à mon amie.

Tu m'as menti, Daryl ! Les amis, la famille ne se mentent pas. Rétorque Carol.

C'était... Je voulais pas que tu te mettes en danger. Je savais que tu hésiterais pas à venir nous aider... Je lui avoue.

Carol se rapproche et pose doucement sa tête sur mon épaule.
Elle sait que c'est trop tôt pour moi de parler de tout ça à cœur ouvert.
À la place, elle reprend ses vieilles habitudes.
T'as une clope pour moi ? Demande t'elle avec son petit sourire sournois, qui en d'autres circonstances m'aurait arraché un sourire.

Machinalement, je plonge ma main dans la poche intérieur de ma veste.
Évidemment, il n'y a plus de tabac...
Mais, je sens un papier se heurter à ma main.
Je suis presque heureux, en touchant la photo de mon ptit piaf, qui est toujours à l'intérieur.
Bêtement, j'attrape le papier pour regarder son visage. Me raccrocher à elle, à son souvenir, pour oublier que le pire est peut être déjà arrivé.
Je déplie le papier et me sens pris de vertiges et de nausées sous l'œil médusé de Carol.

J'echappe le papier et tout autour de moi tourne au ralenti.
J'entends Carol, plutôt, je distingue le son de sa voix.
Je la vois se dresser devant moi, me secouant par les épaules et hurlant quelque chose. Peut être mon prénom ?
Je vacille, je me noie. Je crois que c'est ce qu'on appelle un état de choc.

À la place du cliché de ma blonde en vie et rayonnante, se trouve un cliché de ma femme, étendue au sol, éteinte et sans l'ombre d'une âme qui vive en elle.

Je t'ai retrouvé (Tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant