The man on top of you is teaching you how to hate,
see you,
as a piece of real estate,
just another fallow field lying underneath him,
like a sacrifice.

He's turning your back into a table so he doesn't have to
Eat off the floor, so he can get confortable,
Pressing against you until e fits, until he's made a place for himself

Inside you

The clock ticks from five to six. Kissing degenerates into biting.

—Richard Siken

La crueldad y la ternura se desgarran mutuamente: la muerte esta presente en el erotismo y en él se libera la exuberancia de la vida.


Il est midi, on mange dans la cuisine, des restes du frigo— des pâtes, de la sauce faite la veille par Athena. On boit le reste d'une bouteille de champagne que Roman a dû ramené, directement dans la bouteille. Il fait chaud, la fenêtre est grande ouverte, on sue. Je suis fatigué, mon corps est meurtri, abimé, les mains de Thomas sont rougies par le toucher. La poésie vulgaire que nous sommes me parait grotesque.

Il extirpe de sa poche Crush, de Siken. Je pensais qu'il allait me citer un autre de ses poèmes, pour me narguer, mais il me le tend, muet. Je le récupère, le laisse sur le comptoir, les mains tremblantes.

" Comment elle va?"

Je parle évidemment de sa nouvelle lubie, celle que j'appelle la pouffiasse. Je ne veux pas savoir son prénom, je m'en fous, il va passer à autre chose bientôt.

" Elle est partie."

" Ah."

Je ne dis pas dommage, ou désolé, ou ah merde. Il s'en fout, il a probablement déjà trouvé mieux. Peut être qu'il se sert de moi pour rebondir. Je me rends compte alors que je m'en fous aussi. Que je l'utilise aussi, à ma façon.

Il n'ajoute rien sur la question. Comme tous.tes les autres qu'il a conquis, elle était éphémère. Elle n'a pas duré, pas une fois qu'il a dû commencé à être un réel copain et pas juste une aventure ensoleillée.

Il allume une clope. Je ne dis rien, même si l'odeur va rester collée aux meubles, même si la fenêtre ouverte ne suffira pas. Je n'en ai pas la force.

Hush my sweet. These tornadoes are for you.

Il me prend la main, je le laisse faire. Il m'embrasse, je l'embrasse. Ma cuisine s'embrase. Puis, je me décale, et je lui demande de partir. Il s'exécute. Le soleil est à son zénith, et je me hais.


Hector rentre vers quatorze heures. Il a pris son après-midi. Il est fatigué, il plisse son nez face à l'odeur de nicotine que je n'ai pu effacer. Je suis assis sur le balcon avec des clopes quand il arrive, je suis allé les acheter au tabac vers treize heures, je brûlais de faire cramer mes poumons pour oublier. Une bouteille de vodka git près de moi, cadavre. Elle est presque vide.

Il s'assoit près de moi, pose des questions sur mon état. Je lui révèle avoir arrêté d'aller au boulot, je lui dis que je vais en chercher un autre, il accepte sans rechigner. Il me parle de la cliente qui a acheté le rayon entier de salades. Il rit sans que le rire ne rejoigne ses yeux. Puis il va faire la sieste.

Je passe l'après-midi à rêvasser sur le balcon, perdu dans les vapes. Puis, vers six heures, je rejoins Hector au lit. Amour agressif. A ce moment là, mon amour devient fulgurant. Et lui m'aime avec intensité. Puis, en sueurs, on dort.

Le lendemain, il retourne travailler. J'envoie certains de mes poèmes à quelques revues, par mail, tentative du poète éreinté. Je vais chez Thomas. Il fait chaud, son appartement est climatisé. Et rangé, cette fois. Quand j'arrive, il est terne, il est froid. Il me laisse entrer dans son intimité, me pousse quand je m'immobilise, observant son domaine rangé. Il me crie dessus, il m'insulte, je le gifle, il me pousse contre le mur. Il hurle, je hurle. Je lui crie que je le hais, que c'est un connard. Il me repousse, je vois les larmes rouler sur ses joues de cadavre. Je lui crie qu'il est un bâtard, qu'il est un connard, un pathétique narcissique qui ne pense qu'à lui et qui manipule les gens. Il rit amèrement, me demande de foutre le camps. Je le gifle à nouveau, comme un adieu. Puis, il m'agrippe. Il m'embrasse, tremblant. Je le repousse. Il me lâche. Je tremble. J'ai envie de le gifler encore. Je suis immobile. Il se mord la lèvre. La colère pulse en moi. Il pleure. Ses larmes sont rondes. Je lève une main tremblante vers son visage. Ses doigts s'enroulent autour de mon poignet avec lenteur. J'attrape d'un doigt vibrant ses larmes. Il s'effondre contre moi, secoué par les larmes.

" Je pensais que tu ne reviendrais jamais, que je t'avais perdu, que tu ne voulais plus que je vienne... Puis t'es venu et... Je ne sais pas j'ai paniqué, je suis désolé, je suis désolé, je suis tellement désolé..."

Je l'embrasse, je ne fais plus attention à la rationalité, je suis tellement fou et ivre et défoncé et tellement fatigué. Mon cerveau est amolli, mon coeur en cendres, mon corps en feu. Il m'embrasse avec fougue, mes doigts se mêlent à ses cheveux avec brutalité, il me pousse contre le bureau— notre bureau— il m'allonge, j'enroule mes jambes autour de lui, notre haine, notre colère fond, nos baisers sont si brûlants que je deviens malade.

He wants in, he wants out, he wants the antidote

Je brûle, je crame, je m'enflamme. Je suis torche humaine. Je me demande si Icare était amoureux du soleil. Ou s'il l'aimait comme on aime Dieu. Si Icare admirait le soleil, où s'il le détestait. S'il le haïssait de s'être caché si longtemps. Je me demande si Icare savait, en réalité, au fond, qu'il allait brûler. Si l'idée ne l'avait pas séduit, au fond. Si l'idée de brûler n'avait pas été envoutante, délicieusement séduisante. Si courtiser le soleil n'avait pas été pour lui l'objectif parfait.

AchilleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant