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Pour Z. Basé sur tes mots. J'te dédie ces mots que tu m'as toi même dédié. J'espère que tu les reconnaitra

Le bourgeon éclôt sous les rayons bronzes du soleil rond-Saturne. Il éclate sous sa douce chaleur, réconfortante, comme les vagues du four. Ses pétales s'ouvrent doucement, pointant vers moi comme les doigts nacrés d'un ange. Son être entier semble supplier d'être en contact avec moi— comme si j'avais les mains vertes, comme si je savais m'occuper d'un petit être vivant, d'un petit être brûlant de vie.

Je traverse une fissure dans le temps, droit vers la lumière.

Sa peau est satinée, dorée, elle sent le chocolat blanc et le beurre fondu. Ses mains sont posées délicatement sur le creux de mon dos, là où il se creuse en deux vallons épurés. Je ressens une chaleur indescriptible, une fièvre légère et roupillante, je ne saurais poser des mots dessus, moi qui est censé maîtriser sur le bout des doigts la langue française.

" Hector?"

C'est une question qui ne mérite pas de réponse, c'est une promesse, c'est une supplication.

" Achille..."

Ses lèvres bruissent contre le pré incendié qu'est mon cou.

" Hector?"

Ma voix prend la tournure d'une lamentation.

" Ach'."

Ses dents effleurent ma peau et je sens un tsunami détruire ma cité intérieure.

" Hector..."

Mes tympans explosent, ma bouche pique, elle est emplie d'aiguilles rouges comme la mort, sa peau frotte contre la mienne. La lave coule entre mes jambes. Les mots qui sortent de sa bouche— mon nom, en boucle, comme une litanie infernale— sortent comme des bombes nucléaires. Mes poumons se serrent. Ils brûlent, ils irradient. Ils sont empoisonnés par les rayons radioactifs. La vie semble me frapper comme si je venais de naître. Il me fait vivre, il me fait respirer. A travers ses lèvres je goûte à nouveau à mon premier café, je lèche ma première sucette, je lis mon premier livre, je visionne mon premier film— mes sens sont en ébullition et je découvre ce que vivre signifie.

Ses cheveux sont aussi doux qu'une glace au caramel— et je suis une crème brûlée, croquante, glacée, marbrée. ( J'adore le caramel. Ça brille, c'est doux, lisse, sucré). ( Mais ça devient dur). ( Comme du verre. Ça coupe, ça craque, craquelle, ça se brise, ça enrobe, ça protège. C'est amèrement beau). Je brûle comme les flammes fraîches du mois de Janvier. Mes os sont glacés et ma peau est brulée, au troisième degré. Elle est rouge comme la mort et rose comme la neige qui tombe à flots.

" Demain, pitié, embrasse moi"

" Je suis déjà en train de t'embrasser, Achille."

" Ne t'arrêtes jamais, alors. Ne t'arrêtes jamais."

Ses lèvres mordent l'épine de mon rosier.

" A quoi tu penses, Ach'?"

" Je ne fais que penser à toi— ou je déprime."

" Tu sais que t'es vraiment magnifique, Achille? Et que tes lèvres sont hyper douces?"

Pour appuyer ses propos, il pose les siennes— un monde entier, un univers bruissant contre mes lèvres avec une douceur fantastique, fantaisiste— contre les miennes.

" Tu sens bon." je lui dis, comme s'il n'en était pas conscient. Comme s'il pouvait ne pas savoir qu'il sent le bonheur " tu sens le mec et le sucre de la pâte à madeleines."

" Tu sens le jus de pêche et l'espoir."

" N'importe quoi."

Il soupire contre mon oreille. Un souffle rauque, doux, doux comme la marmelade et la soupe, doux comme le printemps qui fait fondre les dernières glaces de mon coeur. Mon dos frotte contre les draps de son lit— ses mains essorent mon âme, elles glissent entre mes cuisses, et mes lèvres retrouvent les siennes, désespérées, suppliantes— il se recourbe, je suffoque, mes lèvres, l'air, il m'écarte en deux, je me délie sous ses mains, les perles de glace rencontre ses doigts chauds, caniculaires.

Je mourrai sous le soleil s'il s'en saisit— il y a des secrets qu'un homme ( avec un grand H) doit garder sous le lit.

Il me touche comme je n'avais plus l'habitude d'être touché— avec une douceur violente dans sa lenteur, agonisante douceur, agonisante torture, je veux plus, je veux qu'il me brutalise, je veux que son corps et le mien ne forment qu'un— il est doux et attentif et il pose des questions, tout le temps, il ne s'arrête pas de parler, de s'enquérir de mes émotions, de mon ressenti. Il est doux, infiniment doux, il se soucie de moi. Ses questions brûlent ma peau, ses mains me réchauffent, je fonds comme une bougie laissée au soleil en plein été.

" Touche moi encore."

" Achille..."

" Je t'en supplie, touche moi encore."

AchilleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant