Il faisait sombre dans le salon. Nos corps s'emmêlaient sur le canapé, ses mains glissant le long de mes cuisses, s'arrêtant sur ma taille. Ses mains étaient calleuses. Mes poumons s'embrasèrent.
Je fermais les yeux, laissant sa bouche glisser le long de ma peau en flammes.
J'entendis la clé dans la serrure et je le repoussais. Ses cheveux étaient un nuage d'orange qui fleurissait autour de sa peau blanche comme neige. Il se leva avec rapidité, afin d'accueillir le nouvel arrivant, et je partis en courant me cacher dans ma chambre.
Hector et moi avions décidé d'en parler à personne.
Nos mains, nos corps, nos bouches, seulement de nuit.
Personne ne devait savoir, personne ne pouvait savoir ce qu'il se passait quand la lumière s'éteignait. Parce que j'étais un monstre et qu'il était mon docteur, parce que les flammes au creux de moi étaient noires comme celles des Enfers.J'attendais toujours qu'il revienne. Mon Patrocle, mon irrésistible, mon âme, mon coeur, mon sang. Celui qui me faisait vibrer jusqu'au plus profond de mon être. Mais je n'avais pas le droit d'être capricieux, je n'avais pas le droit de désirer, désirer quoi que se soit d'autre que ce qu'on m'offrait. Hector me donnait quelque chose que je n'avais pas le loisir de trouver ailleurs. De la tendresse, de l'affection, un logement.
Thomas avait vendu l'appartement, pendant son absence. Il m'avait prévenu d'un texto.
La fatigue m'éprit.
Mon histoire n'avait pas de fil conducteur, mon coeur aucune protection.
Hector me rejoignit dans la chambre, le visage long et blanc. Il avait des cernes violettes sous ses beaux yeux gris.
" Athena voulait déposer un exemplaire de ton dernier livre. Elle l'a acheté ce matin. Elle a dit que c'était encore plus glauque que d'habitude."
" C'est une bonne chose?"
" Je crois qu'on s'inquiète tous toujours pour toi, Achille."
Je fermais les yeux. Comme tous les jours. J'étais l'ombre de moi même, encore plus qu'avant. Je ne faisais que ça. Etre une éclipse de moi même, un humain atténué, un moins-qu'humain, une ombre, une hécatombe.
" Achille..."
Ses mains étaient déjà posées sur ma taille, son genou entre mes jambes, ses lèvres contre ma peau, sa respiration chaude qui résonnait contre les parois de mon coeur. Mes mains passèrent sous son t-shirt, mes doigts glissant sur sa peau brûlante.
Mon dos collé contre le mur. Ses mains. Ses lèvres. Du feu. Du feu. Des flammes. De l'or.
" Hector..."
Mon coeur. Gros. Gros comme les nuages, comme les fleurs qui éclosent. Un obus. Des flammes. Du feu. Des cendres. Phoenix. Renouveau.
" Achille..."
Flammes. Feu. Enfer.
" Achille.."
Sa bouche. Ses cheveux. Bronze. Arc. Flèches. Char. Mort. Mort. Mort.
Je lui mordis la lèvre. Mes mains arrachant son t-shirt. Je l'entendis jurer. Ses mains agrippèrent mes hanches. Feu, flammes, mort. Je le sentis contre moi, son corps enflammé, son corps de brasier. J'me laissai fondre, fondre, fondre. Bougie. Cire dorée.
Je n'étais rien qu'une flamme lancinante, dansant dans le noir d'une âme effacée. J'errais entre les osselets.
Atemporelle vérité, jeu des temps, tension assidue qui vibre entre les mots: le temps n'est qu'un leurre, le temps n'est q'un mensonge, seule ma bouche existe, ma bouche contre sa peau.
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Achille
RomanceIcare brûle, Icare s'enflamme, mais le soleil l'acclame. Icare aime le soleil d'un amour éternel