— Bon.
Coby est debout devant la porte de mon appartement, son sac sur le dos. Il fixe chaque objet, sans s'arrêter sur moi. Si je ne le connaissais pas, je dirais simplement qu'il est gêné ou mal à l'aise. Mais comme il est comme un frère pour moi, je sais que ça dépasse tout ça. Il est en train de virilement ravaler ses larmes.
— Merci de m'avoir accueilli dans ton nouveau chez toi.
— Merci à toi de m'avoir aidé à déménager et d'avoir supporté mon stress quand on a déballé mes figurines.
Nos yeux se reportent vers la télévision, qui est désormais entourée de ma plus belle possession : une représentation de cinquante centimètres de Dark Vador, sur le point de faire un choc de Force. De l'autre côté, pour accentuer le contraste de ma personnalité, trône un X-Wing de la République Galactique. Les détails de ses ailes ont été particulièrement complexes à sortir du papier à bulles. Sans vouloir vexer Coby, ça a beau être un merveilleux ami, il manque cruellement de minutie.
— C'est normal. Ça m'a fait plaisir de venir ici. On avait visité trop vite quand on est venus avec les gars. Et puis, ça m'a permis de t'imaginer vivre et déambuler ici. Travailler nuit et jour sur tes programmes, ce genre de choses.
— Tu sais que tu peux venir quand tu veux, hein ? Faire des parties avec moi sur les consoles, ou te plaindre que l'école de vétérinaire, c'est super dur. Tu passes un petit coup de téléphone et c'est tout bon.
Ses yeux se plantent dans les miens, et je vois enfin ses larmes, bien retenues au fond de ses pupilles. Je peux presque deviner le mordillement de sa joue pour s'empêcher de craquer.
— Je ne voudrais pas te déranger. J'imagine que tout ton temps libre sera consacré à Samuel.
— Non.
Les iris brun chaud de Coby s'écarquillent. J'en profite pour glisser une main sur son épaule et lui sourire.
— Je ne compte pas laisser mes potes de côté pour mon mec. Encore moins le meilleur d'entre eux. J'ai pas envie de vivre ce cliché du gars qui a son diplôme et qui oublie son ancienne vie. Ouais, c'est ce que je voulais faire à la base, mais même dans ce scénario-là, tu étais présent, Coby. T'es un pilier de ma vie, et il est hors de question que j'arrête de te voir.
Une larme dégouline sur sa joue, et il l'efface rageusement. Il est de ces hommes qui détestent montrer leur fragilité aux autres, et qui estiment qu'ils ne doivent pas pleurer, malgré les émotions qui les traversent. La dernière fois que c'est arrivé, c'était à notre rencontre, quand il m'a raconté la perte de son premier amour, qui l'a largué comme un malpropre.
Malgré ses grognements, les larmes continuent de dévaler le visage de Coby. Sentant l'eau monter à son tour dans mes yeux, je m'empresse de le prendre dans mes bras.
— Tu vas horriblement me manquer, glissé-je, tout contre lui.
Avec sa grandeur de géant, je ne suis pas contre son épaule, mais sur son torse. Ça renforce mon sentiment de fraternité vis-à-vis de lui. Même si nous avons le même âge — il est de février — cette position me fait penser au grand frère, le rempart qui protège le plus petit.
— Dis pas ça. Je vais encore plus chialer.
— T'as le droit. T'as le droit d'être triste.
— Non. J'ai pas envie que tu culpabilises parce que t'es parti. T'en avais envie depuis des années et je suis personne pour te retenir ou te filer des remords. Donc j'ai pas le droit de pleurer.
Je le serre plus contre moi. Ça me déchire d'entendre ça, et de comprendre qu'il retient ses larmes au fond de ses yeux.
— Si. Parce que tout être humain est en droit d'exprimer ses sentiments. Si ton cœur te serre, si tu es en colère ou au fond du désespoir, tu peux ouvrir les vannes. Je ne culpabiliserais pas.
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Ciel d'hiver [BxB]
Teen FictionCurtis est un con depuis qu'il a dix ans. Trahissant son meilleur ami pour intégrer le groupe des enfants populaires (sans succès), il a tout fait pour rentrer dans les cases que lui impose la société, quitte à nier sa propre identité. Mais bien mal...