(évocation de racisme intériorisé)
(ce chapitre est long, et le suivant, qui conclura juillet avec un peu de citron, le sera également)
Quand la musique s'arrête, nous sommes front contre front, et nous transpirons légèrement. Je suis essoufflé comme si je venais de courir un marathon. Mais je souris à m'en décrocher les dents. J'ai presque mal aux joues.
— Bon sang, chuchote-t-il.
— Ouais, suis-je uniquement capable de lui répondre.
— Depuis quand tu danses comme ça ?
— J'en sais rien. Je me laisse porter par la musique. Et par toi.
La dernière fois que j'ai fait un truc pareil, c'était à la Saint-Patrick. Parce que pour l'une des premières fois depuis bien longtemps, je me sentais heureux. Et il était dans mon champ de vision. Comme aujourd'hui.
— Je ne sais pas bouger. Ce n'est pas moi qui t'inspire tout ça.
Je pose une main sur sa joue, et il ne se dégage pas le moins du monde. Derrière nous, la musique a recommencé. On ne bouge pas d'un centimètre. Pire, on baisse presque la voix.
— Si. Tu es juste là, tu es juste toi, et ça suffit.
Ma seconde main vient retrouver la première, et il se rapproche encore plus. Il comprend. Il lit à travers moi comme à travers de ma danse.
— Ça suffit.
C'est lui qui fait le dernier pas pour m'embrasser, et je m'envole complètement. Mon ciel n'est pas tout bleu, ou même beau. Non. Il est gris, avec des nuages de toutes les couleurs. Prêt à déverser tout ce qu'ils contiennent. L'une des définitions d'un ciel d'hiver. Mais moi, il me convient. Mieux, il me suffit.
***
— Vous voilà enfin ! La vache, j'ai cru qu'il vous était arrivé un truc !
Coby nous saute à moitié dessus alors que nous nous dirigeons vers la table. Les autres retiennent leurs rires, surtout Sheridan. Je suis surpris de ne pas le voir accompagné. Et, en toute honnêteté, de le voir tout court.
— On dansait, répond Curtis. T'inquiète, les gens de South Coast sont plus civilisés que ceux de Clear Lake.
Je pourrais lui donner un coup de coude pour la forme, mais à la place, je pouffe. Il n'a pas tort.
— Sauf ceux qui mettent des pains en pleine face des déchets intergalactiques.
Curtis hausse les épaules, sans les moindres regrets ou remords. Il fixe Sheridan, qui boit un verre de punch.
— Il le méritait. Et c'était de la légitime défense. Il nous a insultés, je lui ai rendu la monnaie de sa pièce. Enfin, la toute petite monnaie de sa pièce. Je n'envoie pas les gens à l'hôpital, moi.
— De qui parlez-vous ? nous interrompt Kat, les bras croisés sur sa poitrine.
Je ne l'ai jamais proprement rencontrée, mais étant donné qu'il s'agit de la seule fille du groupe, j'ai rapidement fait la déduction. Je ne suis pas titulaire d'un A-Level en science pour rien.
— Du mec qui l'a frappé, ainsi que deux autres de ses camarades. Il est revenu nous chercher des noises à sa cérémonie de diplômes.
— Tu y étais ? Je croyais que tu n'irais pas, intervient Coby, apparemment pas au courant.
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Ciel d'hiver [BxB]
Ficção AdolescenteCurtis est un con depuis qu'il a dix ans. Trahissant son meilleur ami pour intégrer le groupe des enfants populaires (sans succès), il a tout fait pour rentrer dans les cases que lui impose la société, quitte à nier sa propre identité. Mais bien mal...