Les Orcs sont un peu les « hommes » à tout faire des méchants du Seigneur des Anneaux. Ils composent leur armée, leur main d'oeuvres et leur chair à canon. Ils sont verts, franchement stupides (et je trouve que c'est même une insulte pour la stupidité) et pensent souvent avec leur estomacs. Il leur arrive même de manger leurs congénères quand la nourriture vient à manquer. Par contre, ils font de très bon barbecue.
Je commence à faire demi-tour, même si ça brise la promesse que j'ai faite à Coby. Je ne peux pas rester là, avec le monstre qui me dévore le ventre et Daisy qui me fixe comme si j'étais un déchet vivant. Je suis capable d'accepter certaines choses, mais pas ça. C'est trop pour moi.
— Curtis ?
L'univers m'en veut toujours. Est-ce parce que j'essaie de m'aimer comme je suis ? Est-ce parce que je suis amoureux ? Est-ce parce que je compte pour quelqu'un qui m'a rencontré après que j'ai été un connard ? Pourquoi diable Daisy s'est-elle mis en tête de me retenir par le bras ? Elle est censée me détester parce que j'ai fait souffrir ses amis.
— Qu'est-ce que tu me veux, Daisy ? Si c'est pour m'insulter, ne perds pas ton temps. Je le fais très bien par moi-même. Je suis même plutôt doué.
Et là, elle me sort une phrase à laquelle je ne m'attendais pas. Son regard se transforme, et ses sourcils se relèvent.
— Est-ce que tout va bien ?
Je me souviens très bien de cette fille, il y a deux ans. Elle le niera sans doute, mais je l'ai considérée comme une amie lorsque je sortais avec Valentin. De toute manière, c'est extrêmement compliqué de ne pas apprécier Daisy. Elle veut tellement bien faire qu'elle s'oublie dans l'exercice. Elle m'a sans doute pris en grippe lorsque j'ai commencé à refuser les gestes affectueux de Valentin en public, et que nous nous disputions souvent. Je ne lui en veux pas. Moi-même, je m'étais pris en grippe.
— Non. Mais qu'est-ce que ça peut te faire ? Tu ne m'aimes pas.
— C'est vrai. Mais tu as l'air d'être sur le point de t'effondrer. Tu es tout blanc, enfin, façon de parler.
— J'ai mal dormi, c'est tout. Franchement, n'aie pas de compassion pour moi. Je ne la mérite pas.
Elle me sourit, et ça me fait mal. Parce que je pense soudainement à Samuel, et à sa volonté de tomber amoureux d'une fille. Daisy aurait été la candidate idéale. Je suis incapable d'étirer mes lèvres avec tant de douceur, tant de bienveillance. Je n'en suis pas assez pourvu, et ça n'a strictement rien à voir avec mon genre.
— Tout être humain mérite un peu de compassion. Et tout être humain a le droit au pardon. À une rédemption.
— Tu as discuté avec Sheridan ou quoi ? J'ai l'impression d'entendre le même genre de discours que ceux qui sortent de sa bouche.
— Non. J'ai parlé avec ta sœur.
Je me détends immédiatement. Dès qu'on évoque Sybil, toute ma colère s'en va, tout mon ressentiment me quitte. Parce qu'à défaut d'avoir une mère qui m'aime inconditionnellement, j'ai une sœur qui joue ce rôle-là. Sans elle, je ne serais vraiment plus qu'une loque. Peut-être même que je ne serais même plus là. Et puis, je me souviens. Le coup de téléphone, vendredi dernier. Sybil m'a bien indiqué qu'elle avait parlé avec Daisy. Je le savais déjà, mais j'ai bien envie de faire parler ma vis-à-vis. Pour voir si elle ose. Pour voir si elle ne me ment pas.
— Quand ? parvins-je uniquement à répondre.
— À la Saint-Patrick. Nous prenions l'air pendant que Sheridan « répondait à son addiction à la nicotine ».
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Ciel d'hiver [BxB]
Teen FictionCurtis est un con depuis qu'il a dix ans. Trahissant son meilleur ami pour intégrer le groupe des enfants populaires (sans succès), il a tout fait pour rentrer dans les cases que lui impose la société, quitte à nier sa propre identité. Mais bien mal...