Avril - 2

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Smaug est un dragon. Dans l'imaginaire collectif, les dragons ne sont pas des gentilles choses. Ce sont des choses qui peuvent vous transformer en brochette surprise en une respiration. Smaug fait partie de cette catégorie. Outre qu'il soit doublé par le seul et unique Benedict dans la version originale du Hobbit, Smaug est également un grippe-sou. Il est assis sur un tas géant d'or, qu'il a piqué à des nains (des personnes qui font cent fois moins sa taille. Pas très fair-play le mec). Il discute un peu avec Bilbon (qui est joué par le poto de Benedict, Watson, euh pardon, Martin) avant d'aller griller une ville bien nommé Lacville. Vraiment pas sympa le mec (même si comme la plupart des personnages de Benedict, je l'aime beaucoup).

Je me lève donc, et je commence à marcher à la suite du chirurgien. Mes poings sont serrés, et mon cœur se soulève. Je me rends juste compte que je meurs de peur.

— Vous pouvez lui parler, mais dites-lui des choses positives. Il entend tout, déclare le chirurgien, alors que nous arrivons aux soins intensifs de cardiologie.

— Je ne vais pas lui annoncer de but en blanc que son poumon a été perforé, vous savez.

Le médecin rit, et je renifle. La peur s'est matérialisée sur mes joues, et j'ai recommencé à pleurer.

— C'est une bonne chose qu'il soit endormi, finalement. Je suis dans un sale état.

— C'est toujours compliqué de voir un membre de sa famille dans un lit d'hôpital. Vous n'êtes pas le premier à craquer, et sûrement pas le dernier. Je vous laisse le temps de vous calmer tranquillement. Dès que vous êtes prêt, vous pouvez entrer dans la pièce. Nous l'avons mis là pour veiller sur lui. Simple mesure de précaution. N'ayez pas peur. Je viendrais vous chercher quand votre quart d'heure sera passé.

Je hoche la tête et il m'ouvre la porte des soins intensifs. Ici, pas besoin de payer pour être dans une chambre seul. L'hôpital estime peut-être que les patients s'en sont suffisamment pris pour en rajouter une couche avec des frais supplémentaires, comme pour les autres chambres. De toute manière, s'ils viennent chercher des histoires à Heather ou à sa mère, je sortirais ma carte bancaire. Ça fait toujours son petit effet, la couleur dorée de ce bout de plastique. Mon père me verse une tonne d'argent parce que de toute manière, il en a trop. Autant bien l'utiliser.

Le chirurgien referme la porte derrière moi et ça me ramène dans la réalité. Les bips très bas des machines. Les médicaments antidouleur en intraveineuse. Et Samuel, étendu là, les bras écartés et la poitrine se soulevant à un rythme régulier. Je suis heureux qu'il n'ait pas besoin de respirateur. Je n'aurais pas supporté cette vue.

Je garde mon calme et ma contenance, mais je m'approche à petits pas. J'ai peur de le briser, plus qu'il ne l'est déjà. Il y a un siège à roulettes non loin de lui, sans doute utilisé par des médecins et infirmières pour lui faire ses soins. Je m'y laisse tomber et je roule vers lui avec mes pieds, qui grincent un peu sur le lino gris de l'hôpital. Devant sa main, je ne sais pas quoi faire. La prendre ? La caresser ? Enrouler mes doigts entre les siens ? J'ai peur d'être observé, d'être trop intime. Je n'ai aucune idée de comment l'hôpital me considère. J'ai dit que j'étais de la famille, et j'ai l'impression d'avoir menti. Je ne sais pas vraiment ce que je suis pour lui.

— Hey...

Ma voix est tout enrouée. Encore cette idée de ne pas le briser. Pourtant, ça ne serait pas dérangeant qu'il se réveille. Il a assez dormi comme ça.

— C'est moi. Je ne sais pas trop si tu es heureux de me voir, mais tant pis. Je suis là quand même. Il faut faire avec. Si tu veux me virer à coups de balai, il va falloir le faire toi-même.

J'essaie de rire, mais c'est complètement raté. Personne n'est dupe. Ni lui, ni moi, ni les murs, ni les appareils médicaux. J'avale bruyamment ma salive et je continue.

Ciel d'hiver [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant